2009-04-30
laid photes
2009-04-28
l'anomie
C'est Julie H. qui m'a invité là... Hey oui, elle a décidé de prendre un peu de temps pour aller voir ça même si elle doit remettre son mémoire qu'elle doit remettre dans 15 jours qui n'est pas commencé à rédiger, qu'elle ne pourra terminer à temps parce que la bibliothèque de musique, qui a été fermée toute l'année pour des raisons diverses (rénos, grèves, vacances, absentéisme, etc.) a finalement perdu la partition qui est l'objet du mémoire de Julie H. Vive la France...Ha oui, et il lui reste aussi 8 examens pour son option médiation et une quinzaine de concerts à donner... Finalement, maudit que je me pogne le cul moi en France... Mais bon, elle est sorti pour un soir, le sourire aux lèvres...
Le spectacle était un spécial "everything to kill Jérome" et "tout pour rendre jalouse Dorothée". Premièrement, on a pas pu avoir des billets pour la première partie (vous avez bien lu), partie qui se déroulait dans une autre salle... Ouff... Mais tant mieux, car finalement, ils ont fait entrer ceux qui avaient des billets pour uniquement la deuxième partie avant ceux qui étaient dans l'autre salle (ce qui est absurde, car on a payé nos billets deux fois moins chers), si bien qu'on a eu les meilleures places et eux... les miettes... enfin, pour ceux qui ont eu des places. Vive la France !
Pierre Henry a joué "l'intégrale des Musiques concrètes (répertoire et inédits de 1950 à 2008)" qu'il a créé pour Maurice Béjart, un danseur moderne qui se voulait belge (malgré sa nationalité française). Musique concrète, pour les non-initiés comme je l'étais, c'est une manière savante de dire du "bruit"... (Vous pourrez dire entre vos dents "Cette surabondance de musique concrète m'indispose !" et vous ferez un malheur dans un salon...) En fait, c'est tout l'ancêtre du scratching et du mixing... c'est cool... Et bon, l'artiste l'a fait comme dans le bon vieux temps, mais encore plus technologic... avec 36 hauts-parleurs sur scène et un peu partout dans la salle... Il changeait de pièces à chaque soir, nous, on a eu droit à Variance I, Duo et Messe pour le temps présent (dans laquelle il y a une section de Psyché rock ! Hou hou !)... Et c'est étrange, car il n'y a que ça sur scène (j'aurais voulu que mon chum voit ça, juste pour le voir), Pierre, qui se déplace difficilement du haut de ces 65 ans, est assis du même sens que nous. C'est comme si on vénérait ces hauts-parleurs, ce bruit, la technologie... Très dada... Mais en même temps, ils ferment les lumières... mais pas tout le temps...
C'est bizarre cette musique, ça vous amène dans des sections insoupçonnées de votre cerveau... Le bruit, parce que la première pièce n'est que ça, sans cohérence, ça fait spinner le petit hamster. Il y a nécessité de trouver un sens à tout ça et très tôt, ça enivre. Je pensais à des trucs bizarres... Mais bon, mes rêves sont bizarres ces temps-ci. Rien pour aider quoi. Il y avait encore une question de guerre civile... Mais c'est normal, c'est une musique hantée... On finit par halluciner des ombres et se sentir en danger, comme s'il y avait des Hongrois (parce qu'il y avait des bruits d'hommes qui parlaient une langue étrange et malheureusement pas Mélissa pour tenter d'établir un dialogue) qui tentaient de pénétrer dans une intimité pour la détruire. Mais j'ai, je pense, compris pourquoi on cherchait à assassiner Claude Lévi-Strauss... Enfin, je me comprends...
Mais quand arrive Messe pour le temps présent, le son de carillon m'a vraiment fait prendre un orgasme auditif. J'ai senti mes jambes ramollir (on m'a retrouvé dans l'escalier... calciné... one... two... one two très fort)... Sentiment surréel : je croyais au futur. J'ai vraiment eu une éruption d'enthousiasme.
C'est cool cette anomie... Contrairement au "no future" du mouvement punk, les artistes comme Pierre Henry comprennent que s'ils foutent en l'air la règle, pour pouvoir exprimer en toute liberté leur créativité, c'est seulement pour jeter les bases d'une nouvelle structure dans laquelle il serait bien. Il y a la quête du dôme, la quête d'appartenance. Quand on prête l'oreille attentive, on comprend ce que c'est, le génie des marginaux. Je ne comprends pas leur univers de technique, mais ce que je sais, c'est que cette musique me ressemble ou enfin, je m'y suis gravement reconnu. Puis je riais doucement, sachant mon chum à l'autre extrémité, dans son Baroque perché qui tient en son bec un fromage... C'est ça, l'amour qui nous permet de nous composer, elle est dans ce rapport dialectique... (là, je ne peux plus écrire "dialectique" sans penser à Patrick qui traie une vache imaginaire et du mauvais côté)
Pierre Henry nous a joué gratuitement sa pièce préférée (enfin, je crois) le Voile d'Orphée, inspirante... Et il nous a fait en rappel une autre pièce dont j'ai oublié le nom, mais qui m'a fait tombé de très, mais très haut... J'ai reconnu les bruits... C'était ceux du jeu Sonic sur le Sega Genesis. Je suis sûr qu'il s'agit de ces sons, j'ai suffisamment joué à ce jeu et jouer à tout faire jouer ces sons dans les options... Déception... J'ai vécu un sentiment (rare chez moi) d'être complètement terre-à-terre, de refuser de décoller, et de trouver toutes ces rêveries un peu ridicules et improductives...
Et c'est dommage, car ça m'a cassé le mood pour la troisième partie (hey oui, Vive la France !), il y avait le Ballet de l'Opéra national du (delta du) Rhin qui improvisaient sur l'oeuvre de Pierre Henry "Variations pour une porte et un soupir"... Le titre est génial et franchement inspirant. Extraordinaires références aux portes que l'on ouvre et que l'on ferme au quotidien et dans le cycle de vie... Et les soupirs... Poétique... mais la magie ne s'est pas opérée... J'ai juste chialé dans ma tête contre l'amateurisme des danseurs (sauf la #5), l'anomie qui régnait sans fierté, la vulgarité d'un des danseurs en bobettes (quoiqu'il y a des vulgarités agréables...), l'impossibilité de créer des tableaux et de "composer" en équipe. Bref, improvisation ratée. Ils n'étaient selon moi pas assez bons pour se lancer sans cordes, sans chorégraphie. Ils se sont heurtés la face dans la porte.
L'anomie, c'est génial pour la créativité, mais la créativité pour la créativité, ça produit souvent qqc dépourvu de structure... un amas de chair sans squelette, une purée de "quelque chose" peu inspirant...
Avec tout ça, je prends du retard pour mon travail... Soupir... Et porte qui se ferme.
2009-04-24
le Café Étienne-Marcel
Leur repère est davantage à la Gare Saint-Lazare, voire dans tout le 8e vue qu'il comprend aussi les Champs-Élysée... et l'Ambassade canadienne ! Il y a de l'espoir pour le Parisien...
2009-04-23
les yeux magiques
Moi, quand j'étais jeune, je me frottais les yeux (je le fais toujours d'ailleurs) et dès lors, je voyais (et je les vois toujours d'ailleurs) à la hauteur de mes tempes, des yeux de couleur magnifique. Je disais (à qui, vous ne le saurez jamais) que c'était ma deuxième paire d'yeux... celle (et je me trouvais d'une logique implacable) qui voyait dans le noir de ma tête les films qui y étaient projetés. C'était mes yeux magiques. Et je ne les ai jamais remis en question... J'ai toujours eu un peu de difficulté à dissocier mes rêves de la réalité... Je dormais sans doute trop. À l'inverse de mon chum (et c'est pour ça qu'on se complète si bien), j'ai toujours eu trop d'images dans ma tête. J'assiste constamment, comme halluciné, à des spectacles grandioses de mon imaginaire. C'est un party de superposition de sens. Ma vie est dès lors un peu surréelle, car disposer d'une paire d'yeux supplémentaires, c'est comme avoir constamment des doubles foyers (imaginez si je portais en plus des lunettes à double foyer !)
Mes rêves ces jours-ci me font plutôt peur... Ça fait deux jours que mes yeux magiques se ferment d'effroi... En plus, j'ai peur que ça fasse comme ma guerre civile, qui s'est poursuivit de nuits en nuits, jusqu'à ce que j'en refuse de dormir. Là, mon rêve est moins "violent", mais mes yeux magiques vivent un stress digne des grands thrillers américains (genre ceux avec John Cusack "Identity", "Chambre 1408", ou "dans la peau de John Malkovich" même si c'est pas un thriller...). Je sais que je suis dans ma tête et je regarde, et c'est un jeu de mot douteux, par un oeil magique qui me laisse découvrir une petite chambre. Il s'agit d'une cellule, à l'image de celle dans laquelle je m'étends jours et nuits. Et je suis là dans cette chambre, à savoir que je me fais observer par moi-même. Il y a un jeu d'échelles inquiétant, comme les maquettes de la tueuse en série de la dernière série de CSI... Dehors, je sais que c'est la guerre civile, mais elle n'est heureusement là qu'en spectre... Je sais que je suis en sécurité et je ne suis pas inquiet de savoir que je m'observe. Ça me rassure. Or, et c'est là où débute la confusion, "je" (miniature) ne sais pas quel "je" au juste m'a enfermé là : lui-même, celui qui l'observe (comme si j'étais un scientifique fou qui fais une expérience), un autre je absent... Mais bon, j'ai décidé de lui faire confiance et d'être là, dans cet espace clos, noir (je me vois éclairé en tons de verts, comme une image de guerre, comme une caméra qui voit dans le noir), déformé par la vue de l'oeil magique... Il y a des graffitix sur les murs (fait comme une sorte de chair durcie) que je ne peux pas lire, mais toucher avec mes doigts... Je suis là dans le noir à me faire confiance, à me savoir protégé de la guerre dehors...
Mais mon enfer a commencé quand je me suis entendu offrir l'hospitalité, dans ma même cellule, à un étranger, fuyant lui aussi la guerre. Il y a un étranger dans ma tête. Mais qu'on se comprenne... Il est dans ma cellule, mais je ne suis pas avec lui. Nous occupons le même espace (en l'occurrence, ma tête), mais nous n'entrons jamais en contact, ni visuel, ni physique, ni rien. Il est seulement là, dans ma tête, à ne pas parler, à attendre comme moi le retour de la paix, dans un froid silencieux, dans une absence inquiétante. Il n'est pas là physiquement, mais nous partageons l'espace. Comme le locataire qui restait dans ma chambre 110 en 2007-2008 (et qui m'a laissé une enveloppe de condom déchirée dans une craque de ma base de lit). Sauf que cette fois nous partageons aussi le même temps, mais dissocié... Il est là, mais ailleurs, comme seul un étranger peut l'être. Je suis inquiet.
Je ne peux pas le voir et je doute qu'il peut m'observer. J'ai demandé à mon "je" qui l'a laissé entrer de me le décrire, mais à part me dire que c'est un homme dans la quarantaine, pas moche ni amoché, terrorisé de ce qu'il a vu à l'extérieur, froid et frigorifié, absent. J'engueule un peu ma tête folle... On réalise ensemble qu'il est là, dans ma tête, et que même s'il n'a pas de mobilier, sinon un matelas, une table de chevet (avec une Bible dedans !) et un poignard (!), il peut me faire le plus grand mal.
Là, ma tête folle ne sait pas comment il est entré là et ne sait donc pas comment le faire sortir... (C'est sans issus.) Et moi je suis là, inquiet. Puis-je lui faire confiance ? Pourquoi est-il là ? Que me veut-il ? Comme il s'agit d'un étranger, je ne peux pas entrer en contact avec lui. J'essaie de lui écrire des graffitix ("qui es-tu ?" "d'où viens-tu ?" "qu'attends-tu ?"), mais je l'imagine - et le jeu d'échelle me donne le vertige car je me regarde en train de penser regarder quelqu'un dans ma petite tête - assis, le regard absent...
Il y a un vide dans ma tête...
Moi qui a la phobie du vide, je capote. Je me pète des cartoons les plus sanglants les uns que les autres, en m'imaginant le même homme, toujours différents, se réveiller de sa stupeur avec un regard de murène, et me torturer l'âme, la chair de mes murs, désormais siens. D'autres fois, il cherche à se tailler une sortie à même mon crâne... Le tout prend des allures morbides du film "Saw". Le scénario se termine à chaque fois que mes yeux magiques, épouvantés, se ferment. Dès lors, je reviens dans ma cellule, et me revois, sur mon lit. Un peu fou, comme un homme qu'on aurait placé dans une petite pièce sans ouverture et sans possibilité de mesurer le temps... Finalement, ca ressemble BEAUCOUP au scénario du film chambre 1408, mais avec moins d'effets spéciaux...
Ça fait deux jours que je revis ce rêve, encore et encore...
Ce matin, je me suis surpris à me réveiller crispé comme si on avait essayé de me plonger dans l'huile chaude et affolé par un bruit de l'étranger que je sentais s'approcher et se rapprocher de moi. C'était la maid. Je suis en train de devenir fou.
Il est 2h40 du mat, je suis tombé endormi deux fois sur mon ordi aujourd'hui (je n'ai heureusement pas rêver à ça)... Je ne veux pas aller dormir.
Cette maudite guerre civile se déclenche à chacune de mes fins de sessions qui m'inquiètent. Je ne fais pas de l'angoisse de performance, je fais des performances angoissantes. Et dans ces occasions, je voudrais crever ces yeux magiques, comme dans la tragédie OEdipe-roi... En ce moment, je voudrais tant être dans les rêves de mon chum, et écouter cette douce musique qu'il pianote parfois sur mon bras, et qu'il souffle à mon oreille, celle même qui rappelle que l'on peut coexister amoureusement avec un étranger à soi, même dans notre tête, même à l'étranger. Mais je suis pris dans cette ville qui ne me ressemble pas, seul avec moi-même et avec le défi de rédiger sur un sujet qui n'est pas le mien, dans ma chambre réduite, et avec ou sans ces yeux magiques, virés contre moi, je dois lire des trucs sur la psychanalyse, le parricide et l'enterrement de vivants, sous l'éclairage d'une lampe hall(ucin)ogène. Je peux bien devenir fou.
2009-04-15
Le coconut
2009-04-14
Les pépins
2009-04-09
les ujs
À Budapest, tout est "uj". C'est écrit partout... Comme on ne comprend rien du hongrois (langue qui ressemble à un mélange de mandarin avec un accent allemand...), et que, honte à nous, nous n'avions pas de dictionnaire franco-hongrois (Mélissa n'avait même pas amené son petit lexique...), nous avons déduit, par une logique implacable que uj signifiait "citron"... Nous l'avons compris à force de goûter à tout et n'importe quoi de "uj" qui goûtait invariablement le citron...
À l'aéroport, la sécurité est uj. On la traverse sans ne croiser ne serait-ce qu'un garde. Mais nous y avons rencontré, et à notre grande surprise, Rémy et sa copine (un gars qui dirige comme moi et Mélissa un numéro de CM) qui faisaient (comme nous ?) un week-end en amoureux. Je tiens à souligner ici que Rémy portait en fier Français un manteau d'hiver et un foulard de laine : il a fait autour de 24 tout le séjour... Mais bon... Revenons aux ujs... Nous avons été surpris de constater que les guichets automatiques étaient aussi ujs... Il y en avait pour retirer des forints et d'autres en euros... Mais tellement ujs qu'ils refusaient nos cartes de débit canadiennes... comme nos cartes de débits étaient sans NIP, nous ne pouvions retirer de l'argent avec elles non plus... Là, la Hongrie nous est parue plutôt surette... Nous étions là, pauvres et bêtes, analphabètes et muets, plein de sous virtuels. La tension montait. Mais bon, il nous restait quelques euros (40) et on se plaisait à croire que quelques hôtels et restaurants daigneraient accepter nos Visa et Mastercard canadiennes... Non, mais on comprends mieux le sens des sloggans de ces compagnies confrontés au uj radical... Nous avons acheté quatre billets de train et sommes partis nous trouver un hôtel.
Mélissa m'a fait essayer pour la vraie première fois de ma vie une auberge jeunesse... Très peu cher (25$ par personne par jour !), très bien située, il faut cependant se rappeler que... ça fait toujours mal la première fois... Je me suis tellement assommé sur le plafond trop bas ! (Bon, juste une fois, mais quelle fois !) Nos lits étaient dans une "chambre" "décorée" avec une "ambiance" "indienne", mais avec une petite odeur de citron, parce qu'on est en Hongrie. C'était une sorte de dortoir que l'on partageait avec de purs étrangers en provenance des quatre coins du globe... Il fallait donc chuchoter, marcher le moins possible, fermer rapidement notre lampe, barrer nos valises, éviter de japper en dormant. La salle de bain était aussi commune, nous obligeant à prendre notre douche dans un espèce de pseudo intimité... La préposée (Heidi) ressemblait étrangement à ma soeur Johanne... J'ai vu dans la cuisine, une musulmane jouer aux cartes avec une traînée qui riait trop fort et un roux. L'auberge n'acceptait pas la carte de crédit, mais on a trouvé plein de guichets prêts à nous donner des dizaines de milliers de forints. L'auberge n'avait pas de restrictions sur les heures de rentrées, car il y avait un gardien de nuit... et justement, ce gardien, un charmant américain du nom de Scott, nous a gentiment réveillé pour ne pas qu'on manque notre avion le lundi matin... Ça peut être sympa voyager en pauvrasses ! Je suis somme toute satisfait de l'expérience...
Nous n'avons pas pris les déjeuners d'un euro cinquante... Nous avons préféré les charmes locaux de l'épicerie... Où on a essayé plein de choses... toutes goûtaient un petit quelque chose de différent, un goût de citron... Du fromage l'ours qui rit, du salami hongrois mou, du turu rudi (une barre de fromage acide enrobée de chocolat, les Hongrois capotent là-dessus), du jus de cerise pas sûr, du kéfir, des croissants lourds, des biscuits au caramel qui goûtaient le citron, etc. Les pique-nique urbains nous ont permis de découvrir certaines moeurs locales, comme le flattage de banc...
D'autres ujs... L'eau minérale peut être plate (et accompagné de citrons) ce que j'ai adoré ! La limonade est faite avec du tonic water... et on met du paprika dans tout le reste... Mais la bouffe était extraordinaire ! Nous avons mangé des soupes... des soupes... et d'autres soupes... Mais tous meilleures (et plus étranges) les unes aux autres. Il y en a une en particulier que Mélissa et moi prévoyons faire aux enfants (NoDoCath)... J'avais rarement été aussi surpris par une soupe ! (quoique la soupe tonki ne cessera jamais de nous surprendre... d'ailleurs, on est allé mangé ça en revenant à Paris...)
La ville comme telle manque cependant peut-être un peu de citron : il y a des tags partout, mais partout, il faut constamment emprunter des tunnels pour traverser n'importe quelle intersection, les voitures sont bruyantes, les édifices sont pour plusieurs peu entretenus... Mais on s'en fout, l'ambiance qui y règne est magique. Notre voyage s'est transformée en une sorte de flânerie onirique, où l'art de la pause est devenu le coeur de nos quêtes. Nous nous déplacions non pas pour atteindre un but, mais seulement pour mieux mériter une pause. Et quand on la méritait, c'était la joie. On fêtait avec des limonades caféinées et des cafés citronés... On vivait au rythme de la ville : lentement, détaché, simplement, comme un citronnier.
Budapest, c'est la nouvelle capitale du flâneur... le nouveau Paris, là où il fait encore bon désespérer... Budapest, c'est une ville où l'histoire et l'ethnologie se rencontrent pacifiquement, où le pain et l'eau sont bons et abondants. Budapest, c'est une ville jeune, où l'on quête peu et donne beaucoup à voir, à manger, à entendre. Budapest, c'est une ville reconstruite et qui se reconstruit sans cesse, comme une incarnation de la postmodernité elle-même, qui jongle et fait toutes sorte d'acrobaties. Budapest, c'est une ville remplie de poésie inapparente, comme portée par une langue qui ignore tout des autres, comme si elle réinventait le quotidien lui-même en lui saupoudrant simplement dessus un peu de paprika et un zeste de citron.
2009-04-02
les limites
En fait, avec la période de questions, j'ai compris que je ne le connaissais peut-être pas suffisament bien. En ce sens, ce fut très bien que je fasse une heure de transport pour le constater. (quoique j'aurais pu me rendre jusqu'à Strasbourg, où il donne ses cours pour aller l'écouter) Je sais pas, il a commencé à discrédité les pratiques à faible risque... En disant que c'était finalement que des jeux sans incidence... J'étais comme : ishh... Bravo de tomber dans le piège de "fuck la banalité"... On fait vraiment une science qui fétichise le fait saillant. "Pour une anthropologie des limites" ouais... tu parles... Il y a encore une conception bourdieusienne des limites inférieures comme "moindre Etre"... J'étais bien insulté... Les extrêmes, c'est pas un pôle absolu, c'est relatif à l'individu. Pourtant, je savais qu'il pensait ça... c'est marqué noir sur blanc dans son livre... Mais le constater en personne, ça confirme que tous les auteurs ont leur "limites"...
Le comble, une femme lui parle de la difficulté de la contemporanéité et la menace d'uniformisation qui oblige à tricher de nouvelles limites... Bien il se met à faire une tirade sur l'homogénéisation de la culture... Je croyais qu'il allait me chanter "Monopoliiiiiiis.... Il n'y aura plus d'étrangeeeeeeers... On sera tous des étrangeeeeers..." Pis là j'étais pas content... J'étais comme : Woua... problème de sens dude... T'es un des auteurs qui décrit sans doute le mieux la ritualisation de l'intime, de l'individualité, pis tu comprends pas que c'est rendu ça le tissu social ! Voyons, l'individualisation nie pas le tissu social ! Au contraire ! La nouvelle génération doit apprendre à être des individus, précaires il est vrai, mais des individus à part entière, qui vivent libres de choisir leur idéologie, libre de choisir... C'est l'apothéose du capitalisme... Met à distance ce système capitalisant (je sais pas si ca se dit, mais c'est cute), et parles-moi pas de la menace (une autre putain de menace identitaire !!!!) d'homogénéisation dans un système qui justement fétichise la diversité... des individus... Parle-moi de l'aporie de l'impossibilité de s'exclure définitivement de ce système et surtout, surtout, du problème majeur de ce système : comment aider les individus qui éprouvent des difficultés permanentes ou passagères à intégrer ce système... comment la ritualisation est finalement complice de cette intégration... et comment la notion de sacrifice pas juste de soi, mais des autres, va devenir de plus en plus importante (et alarmante) dans notre société...
J'étais décu...
Mais je l'aime bien comme auteur... C'est le fun l'exploration des limites...