2009-02-17

les invités

C'est ma femme de ménage qui n'en croira pas ses yeux ! J'ai fait mon ménage de chambre... (invités obligent) C'était un vrai bordel. Bon, ceux qui me connaissent VRAIMENT savent de quoi je parle quand je dis que ma chambre était un vrai bordel. Ca reste d'un ordre approximatif, mais ce n'est pas de ma faute, il y a trop d'objets par pouces carrés... Et ce n'est pas que j'ai trop d'objets... D'ailleurs, je ne sais pas où je vais placer Mélissa... Au pire, je mettrai le matelas sur le bureau et on rira de cette histoire pendant des années... (Au pire de pire, je vais demander à Sagui s'ils voudraient pas accepter héberger une historienne sportive qui porte des pichous de randonnées...) Et j'ai un concept pour vous raconter notre périple : c'est Mélissa qui va rédiger le (ou les !) post... si elle ne l'écrit jamais, vous ne saurez jamais ce qui s'est passé... Ça sera la même chose avec le reste de mes invités (Jérôme la semaine prochaine, Dorothée, Aurélie, Mathieu et Corinne...) Je pense que c'est une bonne chose pour leur faire partager mon expérience parisienne... d'avoir toujours derrière la tête cette préoccupation pour un lectorat anonyme (et plutôt discret ces derniers temps), comme si on devenait le narrateur de notre propre existence... Et qui sait, je sèmerai peut-être chez eux l'envie folle de devenir blogueur... 
Allez, je dois aller m'occuper de mes invités...

2009-02-14

ma lettre d'amour

J'aurais eu envie de t'écrire une lettre d'amour, ici, sur mon blog, maintenant, en cette journée de la Saint-Valentin, pour nous réconcilier avec cette célébration, parce que c'est aussi la nôtre. 

J'aurais eu envie de t'écrire, parce qu'une étendue d'eau nous sépare en deux continents, parce qu'une étendue de temps nous sépare en un an, parce que tout simplement, je m'ennuie de toi.

J'aurais eu envie, mais pas ici (mon blog n'est pas un lieu pour me déclarer, pour me commettre, pour m'engager), pas maintenant. Tu arrives bientôt... Je te dirai tout ça, au creux de ton épaule, sur l'oreiller... 

Ce sont ces femmes qui seront déçus ; ces femmes qui versent une larme (de procuration, de romantisme, de féminité) dès que je te dis "je t'aime". Je ne sais pas ce qu'elles admirent tant : l'exceptionnelle simplicité de notre relation, sa profonde sincérité, son audace de s'accepter, à la face du social, vraie ou encore sa théâtralité... Sur ce dernier point, j'entends de mon coin du globe tes soupirs, et ta moue malbéenne, qui pestent en un souffle la mise en spectacle d'une intimité, la nôtre. 

Mais tu me laisseras leur en décrocher une, comme si elles versaient le surplus d'amour que j'ai pour toi, car je refuse, par besoin, par nécessité, de ponctuer cette non-lettre sans te le dire :
je t'aime.

2009-02-12

mon oreille

J'ai terminé Mad Men... la première saison... Et comme le voulait la logique, l'intrigue reste totale jusqu'à la fin... en fait, il n'y a pas de dénouement... On reste dans l'aporie la plus totale... On ne sait pas ce qui advient des personnages... Il n'y a pas eu d'escalade dramatique, c'est comme ça... Le plus grand drame, c'est que ça finisse... Comme la vie arrête parfois sans qu'on aille vu la fin... La fin de quoi, on ne sait pas, mais la fin... Je veux écouter la deuxième saison. Maintenant.

Merci Garde et Dorothée (et par extension Noémi) de me plaindre, vous êtes de grandes dames. Et permettez moi de me (faire) plaindre davantage, car aujourd'hui je me suis réveillé sourd d'une oreille. En fait, je la soupçonne d'avoir eu peur et de s'être bouché, car elle savait que j'étais censé aller me faire couper les cheveux... Elle s'est dit, les oreilles basses : la dernière fois, c'était la droite, là, c'est à mon tour ! Alors quand fut le temps de se lever, elle a fit la sourde oreille et est restée au lit. 

Mais je dois dire qu'au début, c'est plutôt agréable ce sentiment de solitude... C'est un silence réconfortant... La vie n'est pas tout à fait la même quand on ne lui tend qu'une oreille... Dire qu'hier même, Noémi et moi souhaitions fort un silence à la cuisine... Le souhait a été exaucé. 
Vous comprendrez que je commence dans mon cours de magie... Mon savoir-faire n'est pas tout à fait à point...

Bon, je n'étais pas complètement sourd, alors j'ai pu quand même assister à la conférence qui était sur mon programme de la journée, mais d'une seule oreille... Mais je l'ai écouté d'une oreille attentive... C'était le journaliste Jean-François Li.sée qui parlait de la souveraineté du Québec. Je me suis dit : ouvre grand ton oreille, car c'est sans doute aujourd'hui que tu choisis ton clan !

Bon, la conférence n'avait pas pour but de nous convaincre du bien fondée du mouvement souverainiste (ca s'adressait plutôt à un public convaincu) mais de nous apprendre (hou hou) qu'il est loin d'être mort... Bon, j'aurais dû arriver sur les lieux avec un petit ghetto blaster sur l'oreille qui crache : Toujours vivant de Gerry Boulet (hey ! joue dont qqc qu'on connait ! Tu chantes tu ça toi du Gerry Boulet ? Aweye joue donc un d'ses succès ! Ben voyons, tu connais pas ça, Gerry Boulet ?) Désolé, c'est mon ver d'oreille que j'ai pogné en regardant la conférence... (Heille man, toé tu l'as ! Toé là, tu connais ça... T'as l'air d'un criss de bon gars, en tk, toé tu l'as...) Je ne sais pas pourquoi... (!) En fait, je me suis bouché l'oreille dès les premières minutes de l'exposé... 

Fermeture. Zip. En fait, je trouve indigeste les arguments motivés par la menace identitaire. Vous savez, les mêmes qui justifient la xénophobie, le sexisme, l'homophobie, le snobisme (Lewis, je voudrais une table... loin des pauvres), etc. Genre (a prononcé la bouche ouverte) les Canadiens ils nous veulent du mal pis ils veulent nous enlever le droit de parler français, pis ils veulent nous assimiler tsé... Bon, les arguments présentés avaient au moins la prétention d'avoir un peu plus de classe et de contenu, mais ils restaient motivés par cette crainte, par cette peur, qui oblige un repli, un isolement, une rupture de dialogue, question de préserver une identité, une langue, une histoire. Je trouve excessivement dangereux ce type de discours, qui cache derrière une fierté saine, une haine de la différence. 

Je ne suis pas né avec ou de cette peur... Moi, mon identité, je ne la sens pas menacée, car je sais qui je suis et même devant une armée d'autres. Et je trouve plus sain de travailler un être ensemble plutôt que de luter contre autre que l'on refuse à soi. Moi, je suis pour l'identité inclusive, qui bâti un projet qui ne se bute pas à ses frontières, et contre l'identité exclusive, que l'on transmet par liens de sang, à coup de taux de fécondité et de Saint-Jean-arrosé, que l'on mousse par en rhétorique, en politique administrative, que l'on bâtit en une seule nuit, malgré ses longs couteaux...

Ce que j'ai entendu ne m'a guère plu. On est loin du projet d'André Boisclair. En fait, on est loin d'un projet. Et en ce sens, la conférence a eu le mérite de bien illustrer le mouvement souverainiste : c'est une marée. Causé par des forces d'attraction contradictoire, le mouvement va et vient, comme s'il ne savait pas où il va, noyant en son passage quelques pauvres perdus qui voulaient scruter le bleu de l'horizon, et laissant découvrir en son retrait cadavres, mollusques et autres déchets qu'elle couvrait. Son contenu demeure liquide, se fracasse sur la grève et est nourri par les grains qu'elle décroche, à force d'érosion, à la terre ferme.  

Avoir l'oreille bouchée, ça l'avantage de nous faire entendre le son de la mer, un son qui nous berce par sa houle légère, et qui guette en son ventre encore des milliers de secrets. 

les hommes

Je suis en faiblesse ; j'ai un bon rhume d'homme, et en tant au'homme, j'en profite pour me plaindre comme il se doit. Je redeviens un petit garçon, je pleurniche, je renifle, je veux pas prendre de pilules, je veux pas aller à l'école, je mange du nougat et des cakes aux fruits et je reste à chochoter dans mon lit... Bon, mon chum refuse de me plaindre (protestation!), mais je peux compter sur toute la douceur de Noémi, qui m'a jusqu'à mijoté un p'tit plat Réconfort.
Je trouve aussi réconfort dans la télé que j'avais, il faut dire, un peu négligé...

J'écoute intensivement la série Mad Men (qui a aussi le sens de Mad pour Madison et pour "Ad")qu'Alexandre m'a prêté quand je suis allé à Berlin... Je vous le recommande... Ca revoit historiquement la construction de l'American Dream en nous situant dans une agence de pub en 1960... Le propos est grandiose et cette perspective historique éclaire tellement bien nos préoccupations actuelles (et même des préoccupations en anthropologie, en psychologie, en économie, etc.). L'histoire tourne autour de Don Draper, étoile montante de la pub, sa famille, sa secrétaire, ses amantes, les jeunes loups qui veulent prendre sa place... Et le plus étrange, c'est qu'aucun de ces personnages ne sont attachants. En revanche, ils sont très denses... Ils possèdent tous leur jardin-secret, ils veillent tous sur un jardin secret... (je sais, c'est le nouveau mot d'ordre des séries américaines, mais celui-ci va un peu plus loin...)

En fait, la série va dans le contresens de toutes les dramatiques que j'ai vu à ce jour... C'est fou... Et c'est super rude... Le synopsis n'a rien de linéaire... En fait, tout est tourné comme si on se foutait de l'intrigue et du spectateur (donc, vise un public de spectateurs émancipés qui cherchent dans l'oeuvre ce qu'ils veulent bien trouver.) Ca part dans toutes les directions, ils exploitent des thématiques qui ne se finissent pas, ils ouvrent des portes sur des univers qu'ils n'explorent jamais (genre, tiens, une secretaire qui pleure dans un coin de corridor), ils ne donnent pas tous les indices au spectateur pour comprendre ce qui se passe... C'est là qu'on réalise, finalement, que l'intrigue ne sert qu'à rendre prisonnier les personnages et les spectateurs... Et pourtant, je suis bien accroc à cette espace de mises en portrait d'une réalité...

C'est clair que c'est inspiré du style littéraire de John Irving (que j'adore), il y a même un des personnages qui écrit une nouvelle avec un ours qui parle... Mais c'est un peu moins tordu que John Irving... (Quand même...) C'est plus... reality bites... C'est comme "Personne n'aime vraiment leur vie et leur tentative pour l'améliorer est impossible ou vaine" Devant l'indifférence du monde, il reste la pub, qui comble un certain vide existentiel en créant des besoins. Il y a une aporie accablante. Ca atteint un niveau de cynisme rarement égalé. Et n'en déplaise à Patrick, le cynisme, ca évite une sclérose idéologique !

Alors je suis accroc à cette série, et je me mouche... C'est ma vie... 

2009-02-07

les oiseaux

(sur un ton aigre-doux)

Premier cours sur la rue d'Ulm aujourd'hui, rue mythique, gardienne du savoir du tout Paris intellectuel. En fait, c'est la rue des deux pavillons principaux de l'École normale sup, une école de personnes qu'on dit grandes. En fait, je ne comprends pas trop c'est quoi cette institution... Mais à l'intérieur, on semble s'y trouver bien hot... (Hot, ben ben hot) Tellement hot, que l'on met des barrières pour pas laisser les gens entrer, et ça prend une carte pour y circuler... Dans l'annexe 46 (nouvelle partie, moins hot, mais normalienne quand même), qqn c'était trompé et les portes étaient accessibles aux pauvres (intellectuels). Et comme c'était ouvert, honte à moi, j'y suis entré, car j'avais cours à l'intérieur ! 

L'ambiance à l'intérieur est plutôt étrange. Premièrement, en entrant, on nous invite à gravir une première série de marche en marbre. On dirait que ça fait un pont entre l'extérieur pitoyable et l'intérieur plus élevé... Puis, il y a une deuxième série de marches (parce qu'il faut être supérieur parmi les supérieurs) Et le plus absurde, dans cette deuxième série, il y avait une rampe temporaire pour handicapés (et comment ils font pour la première série de marche ?) Comme c'est samedi (et oui, un cours le samedi), je n'ai pas vraiment pu sentir l'ambiance...

J'attendais l'ouverture de la salle de conférences en écoutant "Voodoo People" de The Prodigy (question de me mettre dans l'ambiance d'un cours sur la magie) quand un gardin nous apostropha, moi et les deux autres filles qui attendaient avec moi. Il semblait horrifié que trois personnes sans carte de l'ENS circule librement dans l'établissement. Il nous fit passer un interrogatoire sur le cours que nous allions suivre. Il voulait qu'on sorte dehors, puis qu'on entre à nouveau, mais par la porte des gens de l'extérieur. On ne comprenait rien alors il nous a laissé pénétrer dans la salle par la grande porte en nous disant de prendre l'autre porte, la prochaine fois. Il a par la suite été barrer les grandes portes de l'ENS.  

À l'intérieur du local, nous avons compris la requête du gardien : il y avait une autre porte qui donnait accès à la salle de conférence, mais cette porte donnait à l'extérieur. En fait, la salle de conférence est un entre-lieu, un passage, un lieu liminaire, un boudoir, entre l'extérieur (pitoyable) et l'intérieur (surélevé) de l'ENS. C'est une salle qui est utilisée pour les conférences et séminaires "généraux", "ouverts" et (malheureusement) reconnus dans d'autres écoles comme l'EHESS. En fait, c'est une salle de relation publique et on comprend par sa facture qui diffère du reste du décor de l'école tout le prestige que cette activité représente. Toujours est-il que la plèbe qui ose entrer à l'École ne peut le faire par la même porte. Au moins, la plèbe a aussi son escalier (en vieux béton craqué) pour se surélever, mais à l'extérieur. 

Donc j'entre par la porte des Grands ; j'ai un immense 5 minutes d'avance sur 10 heures, donc un 20 minutes à tuer avant le début du cours. Le 15 minutes académiques, en France, ce n'est pas une convention, c'est une règle. Mais en plus, à l'ENS, il faut y ajouter un 15 minutes "fashion", donc le cours commence à 10h30... Mais certains étudiants revendiquent en plus leur 15 minutes de gloire en entrant à 10h45 par la Grande porte. Les retardataires qui arrivent par la porte de l'extérieur sont simplement en retard et dérange le cours.  

Durant mon attente, j'ai eu la chance de voir arriver, dans un mouvement de grâce et de prestige, deux Normaliens (un petit, frêle et faible, trop blanc et trop chevelu, avec une moustache trop naissante et trop pointue, qui porte un foulard trop mince et se promène avec un cartable de cuir qui doit dater des années du XIXe siècle et une fille, en redingote grise sous laquelle se cache un tailleur noir et une jupe trop large, qui cadre mal avec son foulard trop "world trendy", surmonté de lunettes sans histoire et d'un chignon trop serré). Ils ont daigné s'assoir juste à côté de moi. Il faut dire que j'étais bien déguisé : je portais mon cachemire bleu poudre laissant voir un collet d'une chemise blance, avec mes cords beige... Avec le manteau de faux cuir qui a l'air vrai et mes souliers pointus, un foulard de pharmacien à la mode, je passe pour un vrai ! Je les entend discuter :
" T'as pris ce séminaire ?
- Ouais, le samedi c'est plutôt libre et j'avais le goût d'un cours plus général pour me divertir. Et toi ?
- Bien tu sais, Pa.païs, c'est mon directeur, du coup je dois assister à ses enseignements. Mais quoi, ce n'est pas vraiment ce qui va m'aider à mes recherches. Et toi, t'es sur quoi ?
- Ha bien, j'explore une possibilité sur la poésie d'Apollinaire et sa collaboration au théâtre surréaliste des années 1930.
- Tu devrais plutôt dire coopération, le terme collaboration est trop souvent associé à la complicité, donc à une idée de crime et je ne pense pas que le surréalisme est un crime ha ha ha
- C'est vrai, merci, je modifierai et toi qu'est-ce que tu prépares ?
- Bien moi je termine mon M2 et je cherche avec quel directeur j'ai envie de débuter ma thèse. Je vais sans doute devoir la bûcher à l'EHESS.
- À l'EHESS ?
- Bah, je sais, je sais, mais il y a ce directeur, ses écrits sont quand même biens. 
 Ouffff... Je payerais cher pour ne jamais à avoir leur vie !

Finalement, le prof arrive, et provoque un commentaire disgracieux mais discret du Normalien fragile, car il passe par la porte de l'extérieur. Pa.païs ressemble étrangement à André Sauvé, du moins, il a le même regard mi-folie mi-savant, des lunettes rondes, une barbe de deux jours, des cheveux bruns semi-bouclés en bataille contre la vie, un gilet vert bouteille que je veux absolument ajouter à ma garde-robe mais qu'il a fait matché (ou plutôt, qu,il n'a pas fait matcher) avec son veston gris et son pantalon d'un gris plus pâle auquels sont attachés son trousseau de clef (à la manière d'un gardien de sécurité, ou d'un handicapé léger). Il monte sur son piédestal (car le bureau du prof est surélevé par rapport au reste de la salle... car c'est le supérieur parmi les supérieurs).

J'avais déjà entendu Papa.ïs dans une conférence à Québec sur les objets fétiches et fantômes (des allumettes qui servent à combler un manque de nicotine par exemple), donc je connaissais déjà ses 32 de ses 88 tics nerveux : se forcer pour tousser quand il ne s'est pas quoi dire, se toucher le visage, se lever et marcher, rire seul, prendre un air de dédain pour aucune raison, lever le sourcil gauche, sortir ses gros yeux, danser la macaréna, se retrouver avec un pied sur une chaise, se gratter le derrière de la tête frénétiquement, rire encore seul mais en faisant cette fois peur aux enfants, enlever ses lunettes et se frotter la tempe comme un chat, arrêter de parler soudainement et repartir sur un autre sujet, écrire qqc de totalement stupide au tableau, interrompre son cours pour interroger un passant dans la rue (par la porte extérieure) qui semblait un peu perdu, taper sur son bureau à chaque fois qu'il dit "ici", vouloir avoir l'air cool, mais avec une face de chien battu, vouloir avoir l'air sévère en se penchant la tête et levant son bras droit, etc. (Bon, il y en a un de faux...) Le cours est en soi un spectacle divertissant. Mais comme je suis seul, que j'avais "Voodoo People" dans la tête et que je relevais de brosse légère, je n'ai pas eu de fou rire. (Et je demeurerai silencieux sur ma vavite contrôlée par l'immosel...)

Le contenu était vraiment intéressant, surtout pour ma thèse qui prendra désormais un détour magique... (jouer, c'est entretenir sa pensée magique, c'est chercher à avoir une emprise sur sa propre vie). Bon, j'ai beaucoup ri quand il s'est mis à parler de Chicoutimi (car l'UQAC sont en train de constituer une bibliothèque électroniques, gratuite et disponible en ligne sur les classiques de sciences sociales qui pâme tout Paris) comme une contrée lointaine dans l'arctique où on a peine à avoir des documents, et où on s'ennuie, donc on scanne des livres pour se désemmerder et aider la communauté... Ha ha ha ! 

Mais j'ai eu beaucoup de mal à me laisser embarquer par le contenu du cours... En fait, le cours a très mal commencé... Le prof commence par dire que la philo s'est peu intéressée à la magie, sinon pour la dénigrer carrément, que tout l'argumentation de Platon était anti-magique et le discours sur la raison s'opposait aux mages perses (enfin, je dis ça de mémoire, alors ça vaut ce que ça vaut)... Mais là, il commence à dire : "nous devrons nous rabattre sur des textes anthropologiques qui ne sont aucunement intéressants du point de vue de l'élaboration de la pensée, mais qui ont au moins l'avantage de considérer la magie pour ce qu'elle est au lieu de la voir pour ce qu'elle n'est pas, c'est-à-dire un objet de raison." Gros discours sur la supériorité de la philo pour comprendre les phénomènes... Je me sentais VRAIMENT attaqué dans mon identité disciplinaire. Je sentais monté en moi une frustration qui m'aurait convaincu de me lever de mon siège et de maudire le prof, les Normaliens, les portes, le gardien, tout ! "Bande de cannibales ! Vous êtes des chacals ! Des chacals ! Maudits câliss de philosophes de mes deux... Maudits soit votre connaissance fondée sur une absence de contenu et des extrapolations éhontées ! Moi, votre Sophia, je l'encule ! Avec des nains de jardin ! 

Pis là, j'ai eu une idée magique "Les philosophes sont des oiseaux" et je me suis calmé... Les philosophes veulent juste apprendre à voler pour voir de plus haut, pour viser plus haut, pour chier sur la tête du monde, pour les énerver, pour annoncer la paix et le malheur, pour aller dans le Sud quand il fait trop froid, pour sortir de leur oeufs et briser cette coquille qui les obsèdent... Et aussi pour agacer les non-volants, pour les obliger à espérer plus haut. Il y a des oiseaux magnifiques, des exotiques, des banals comme la pluie, ceux qui ne volent pas haut, ceux qui ne volent jamais, ceux qui ont une cervelle d'oiseau, ceux qui tombent du nid, ceux qui se laissent gaver, ceux qui vivent en groupe, ceux qui volent le nid des autres, ceux qui se plantent dans les vitres des institutions, ceux à qui on lance du pain dans les parcs publics. Les philosophes sont des drôles d'oiseaux qui ne veulent seulement jamais vivre en cage. Et j'ai arrêté de vouloir m'en farcir un pour dîner...  
 
L'ENS, c'est finalement une grosse cage d'oiseaux. Ça picosse, ça chie, ça pond des oeufs, ça gave des bébés qui veulent tout cuit dans l'bec, ça perd ses plumes, ca joue de ses plumes, ça répète ce qu'on dit, ça des beaux souliers (de perroquet)... Pas besoin de brasser la cage, juste besoin de fermer le rideau... 

Mais il faut le dire, c'est si beau le chant des oiseaux. Même d'un si drôle d'oiseau !

les allumettes

(sur le ton d'une ostination entre Patrick, Jocelyn et une empiriste que nous nommerons Claire)

Patrick : Si je comprends bien, tu me dis que t'as rechuté deux fois, donc une rechute d'une rechute, dans ce rapport complexe entre ta dépendance et ton interdépendance à ton objet de dépendance.  
Claire : C'est pas vrai. Ce qu'on a vu, c'est deux tapons dans un studio loué par Alexandre, l'ami de Noémi, qui, en attendant de se faire servir un repas nocturne qu'ils ont jugés si on se fit aux commentaires qu'ils ont émis durant le souper entre 19h30 et 2h00 (c'est-à-dire "Humm, c'est trop bon" et "C'est vraiment bon" dans une occurrence de 8 fois chacune, "Wow, c'est bon" dans une occurrence de 5 fois, "J'aime ça" dans une occurrence de 4 fois, mais 10 fois si on prend en considération les adverbes "vraiment" et "tellement" qui agissaient en qualité de qualification de l'adjectif "bon", les autres propos qui n'ont été dits que 3 fois et moins n'ont pas été pris en considération), faisaient semblant de fumer avec des allumettes.
Patrick : Des allumettes ? Qu'est-ce que c'est ?
Jocelyn : Des allumettes, c'est un objet mi-noirceur, mi-clarté, qui s'enflamme même sous la pauvreté, d'une petite fille qui ne devrait pourtant pas les prendre pour jouer. Des allumettes, c'est un objet surréaliste qui combine les notions de friction (sociale), de chaleur (culturelle) et de destruction (physique et idéologique). Des allumettes, c'est une perdrix, un jour de printemps. Accessoirement, ça peut servir de cigarette aussi.
Claire : Non, ce ne sont pas des cigarettes. Des allumettes, ça sert à allumer des cigarettes.
Patrick : Oh ! Je constate qu'il y a crise de la représentation, faut alors définir les règles pour bien définir les contours de la définition (ou plutôt de la définition de la définition) desdites allumettes. 
Jocelyn : Je pense que le définitionnel, ça sert à rien, anyway, ça se perd dans un imbroglio de réinterprétations individuelles et collectives qui finissent de toute façon par éclater cette forme de catégorisation logocentrique...
Claire et Patrick : Non Non ! Définir c'est à la base du travail intellectuel !
Jocelyn : Mettez-ça dans votre pipe Magritte ! Julie P. et moi on a fumé, on a fumé des allumettes pas allumées !   

2009-02-05

le rideau de douche

(sur le ton journalistique)

La MEC a refusé catégoriquement de se plier aux revendications de JG concernant l'obtention d'un nouveau rideau de douche. JG accusait ledit rideau de "Ben dégueulasse" et avait statuer sur sa non présentabilité à sa future visite. Après quelques vaines négociations, JG avait décidé de menacer l'harmonie rideaudouchienne de la MEC en s'achetant au bazar un nouveau rideau plus coloré, rideau qui s'est finalement avéré trop mince et trop court. La MEC resta sur sa position et au lieu d'ouvrir à la discussion, elle invita plutôt le plaignant à penser à mettre son rideau de douche dans la laveuse. Cet argument jeta par terre toute l'argumentaire du parti adverse qui avait oublié qu'un rideau de douche se lavait. JG s'est défendu de n'être qu'un idiot en tenant ces propos :
"Ben ca fait comme un an que j'étais habitué à une douche de verre, pis tsé avant ça, ben on achetait des rideaux au dollo qu'on faisait juste foutre aux vidanges après queque temps. Tsé" 

2009-02-04

mes deux versions

(sur le ton du bon fils)

Hier, je me suis fait inviter à dîner chez M. Au.zas. J'avais cours jusqu'à 17 heures et en attendant une heure convenable pour arriver chez mon hôte, j'ai arrêté au Nicolas. L'étiquette refuse de nous voir arriver les mains vides, et la bouteille est un cadeau toujours de mise. Or, j'étais bien embarrassé, car je savais mon hôte fin connaisseur en matière de vin, et fin connaisseur je ne suis point. Qui plus est, comme le veut la coutume française, je ne savais pas la nature du repas auquel j'étais convié. J'étais donc bien embêté. Je regardais les Bourgognes, les blancs, les rouges... les Bordeaux du Haut-Médoc, que j'apprécie particulièrement... J'hésitais. Mes possibles, tous orientés par les prix (inexpérience oblige), me semblaient d'équivalent intérêt, si bien qu'ils paraissaient impertinents. Puis, une idée folle me traversa l'esprit : Et pourquoi pas du champagne ? Je suis à Paris, le prix est raisonnaible (quelques 3 euros de plus que ce que j'avais prévu), l'occasion est inexistante, mais l'envie justifiait en elle seule son achat. C'est ainsi que le vent de la frivolité l'emporta sur la raison. Après tout, la vie serait si ennuyeuse si on ne se permettait pas d'écarts de conduite... Les mardis aussi ont droit à leur heure de gloire... Et de toute façon, nous ne sommes pas censé apporter une bouteille dans l'espoir de la boire durant la soirée.

M. Au.zas habite à l'extrémité nord de Paris (à la porte de La Chapelle), ce qui implique que je traverse entièrement la ville, moi qui habite à l'extrémité sud... Mais le trajet ne m'a pas semblé long grâce à mon iPod, cadeau brillamment offert par mon conjoint de fait. Arrivé sur les lieux, mon hôte se plia à une coutume québécoise : le tour du propriétaire. M. Au.zas connaissait cette pratique exotique étant donné qu'il a séjourné en mon pays pendant un an. Il m'a fait touché à un exemplaire de la première édition des Lettres Persanes de Montesquieu ainsi qu'à des titres datant du IXe siècle.

Peu après moi, Frédéric-A. est arrivé. Nous avons discuté, échangé plusieurs idées et nous avons mangé un succulent plat d'inspiration franchouillaise (pour reprendre l'expression de mon amie Dorothée) : des spaghettis aux abbats de canard flambés au whisky. Délicieux. Notre soirée allait si bon train, que Frédéric-A. et moi avons raté le dernier. Pour nous inviter à la poursuivre, et nous éviter de payer une jolie fortune en taxi, M. Au.zas nous invita à rester pour la nuit. Étant donné que notre hôte nous avait déjà soufflé un mot dans son invitation sur cette possibilité, nous avons accepté sa sincère invitation. Nous avons rejoint nos quartier le lendemain.

(Maintenant, sur le ton du mauvais fils)

Dude, j'ai tellement eu une grosse veillée hier ! Taba... Un mardi ! Tellement drôle comme... Vince nous invite chez eux, c'est comme à l'autre bout du monde. Pas un gros party, juste lui, moi pis Fred. Pis pas vraiment un party, plus un souper, mais genre souper arrosé... D'ailleurs son souper était arrosé de whisky, c'était fuck'n bon ! On n'a bu itoo à part avant... Mais bon, mais moi j'savais pas quoi j'allais amené, sutout à un vra frança ! J'tais fourré... E'l'commis était pogné ak une vieille alcolo qui voulait s'faire livrer du fort chez elle, pis l'mettre su un compte pour payer plus tard (vieille folle), fa que j'tais là su Nic à pas savoir où me garocher... Pis là j'ai eu une idée fuck'n laugh : des bulles crisss... Bien oui ! Du champagne en pleine semaine ! Ca m'a trop mis dans la tête la toune de Discobitch (j'ai écouté ça non-stop en m'en v'nant... "C'est pour la petite bourgeoisie qui boit du champagne...")... Non, mais cé cool de faire comme la bourgeoisie ! Je me trouvais trop drôle fa que je l'ai acheté... Pis pour fiter avec, j'ai trouvé des fraises... Mais des fraises Haribo ! Des kind de grosses fraises fuck'n grosse 'en meringue' qu'a ma dit l'autre vendeuse, mais c'est comme du mashmollow dur...
Pis pour être sûr de pas manquer de carburant, j'ai grabbé dans ma réserve une bouteille cheap... J'ai pogné mon linge pour le lendemain, en me disant que si j'restais pas couché, c'est bien juste parce que ça aurait été plate. Mais, Holy F*ck que ce l'était pas ! Dude, c'tait fuck'n laugh, le r'pas était fuck'n genre bon (chez pas trop c'tait quoi, mais y'avait du spagghat, avec du bacon, pis d'la viande, Vince dit que c'tait du canard)
Mais on a bu... On a TELLEMENT bu ! J'étais ben chaud ! Du champagne ca fesse en taba... Non, mais écoute ça : on a bu du whisky, du vin blanc, du rouge (deux bouteilles), du champagne, pis tout ca genre pas gros de temps.... C'tait comme : Wa ! Fred a pas gros bu (donc Vince pis moi on s'est laché lousse) mais moi, putain que j'tais chaud... Dude... Mais ca allait bien, jusqu'a temps que Vince me fasse goûter un alcool chinois. C'était pas hyper genre yark, mais tsé, j'en ai pas pris une grosse grosse gorgée pis j'en aurais pas pris une deuxième. Mais tsé, après ça, je me disais genre : dude, t'as fuck'n trop bu. J'ai pris de l'eau, mais j'avais vraiment l'estomac qui m'aimait pas, genre. Anyway, j'ai pas caré de d'ça...
On est allé s'couché, y'était ben dépassé 3h30... Vince m'a mis dans chambre des parents... Dude... C'pas cool... J'était tellement été malade... Chez pas, ca allait ben, pis couché, le mal de coeur m'a pris... j'ai mis l'pied à terre... ça marchait pas... Pis ca finit par partir... Mais c'était pas un mal de coeur de j'ai trop bu... C'était comme, tsé quand t'as pris qqc de pas cool pis ton estomac est pas sur d'aimer ca... Un m'ment donné, je me dis : Oh Shit ! Fa que j'm'assis, essaye d'ouvrir la lampe... Ca marche pas... J'ai cherché le putain de bouton pendant genre 1 minute ! Pis j.m'suis dit : fuck off... Fa que je me lève, m'assome partout, pis je trouve pas la poignée... Pis la ca m'monte ! Dude, c'était de l'art... La fuck'n honte ! Une chance qu'il y en avait juste sua porte, j'ai été chanceux... Fa que je suis allé me rincer (j'en avait full le gilet et les cheveux... Dude, c'était explosif)... Mais je feelais full ben... Vraiment strange... Chu sur c'est l'affaire chinois...
Mais tsé, Vince se réveille, naturally, mais la honte, y'a tout ramassé... Non, mais j'pouvais pas être plus honteux ! (Bon, j'batterai jamais Franky) Tu peux pas savoir comment je feelais cheap... pis con... Dude, j'm'excuse... Respect !
On s'est r'couché. Ca pris deux minutes, j'dormais... C'est sur que j'ai ronflé comme un défoncé... La honte... On a filer les trois jusqu'a midi... J'avais un cours a 3 heures, mais d'la marde ! J'fox le cours... (cours de littérature fucked up pas rapport) Mais j'feelais top shape... Vince était censé travailler, mais bon... Vive les horaires flexibles ! En partant, on a été faire ce qui faut faire quand on vire une bonne brosse : on a mangé du McDo. Ça ca te r'place un estomac.
Méchant mardi !