2009-07-03

la mort

C'est mon retour et donc la mort de mon blog, après une longue agonie, mais une vie bien remplie. Je suis maintenant dans le nouveau-monde, dans mon coin de paradis, en compagnie de mes deux amours, heureux de l'être autant... C'est plutôt surréel, car j'ai passé un an à les regarder en fond d'écran et en ayant traversé l'Atlantique, c'est comme si j'avais passé de l'autre côté de l'écran, dans la vie réelle, pour les retrouver. Écrire ne serait-ce que ce post ne me tente plus. Un blog de voyage n'a plus la même saveur chez soi. C'est (j'ai hésité à écrire c'était...) un blog de séparation, qui comble une absence, un vide, littéraire et affectif. Je dirais même plus, car j'étais incapable de composer ce post sur mon ordinateur fixe, comme si je ne pouvais vous écrire que sur Boas (ordinateur portable), comme si je vous aurais trahis en laissant valser mes doigts sur d'autres touches... Boas, c'est un peu ce qui me reste de mon voyage... Je ne l'ai d'ailleurs pas encore défait de sa valise... comme s'il me restait une part là-bas... Je n'ai pas encore transféré les photos, comme si c'était encore trop lourd... Même si j'ai frotté une à une les touches de mon nouveau (ancien) clavier, pour me les réaccaparer, les mots qui me viennent ont le son et la texture métallique des touches de Boas. Composer, ici, n'a pas la même odeur. Je me parfume désormais chaque matin de mon confort que je cherchais, et que je savais que j'allais retrouver. Le silence que je devais créer dans ma tête pour m'inspirer me vient ici si aisément, et l'exercice me paraît dès lors d'une facilité lassante. Je ne suis pas devenu un autre, je ne me suis que retrouvé, chez moi, dans mon intimité. J'ai retrouvé l'équilibre et perdu toute précarité. Je suis bien, bien mort, et enterré.

Je me suis en effet enterré, avant de partir. Je devais, vous me connaissez, accomplir un acte symbolique pour marquer la rupture. Alors le vendredi j'ai pris mon nain de jardin voyageur, qui m'a observé à tous les jours... Pour mon dernier repas, j'ai choisi une soupe tonkinoise, du pho 14, que j'ai partagé avec ma disciple, Sabrina (il y avait aussi un homme d'affaire propret et un chinois étrange aussi, mais on leur parlait pas). J'ai pris l'oignon, le basilic, les fèves germer et j'ai dis à ma soupe : Tenez ! et mangez en tous, ceci sont des légumes livrés pour vous. Puis, j'ai pris la sauce rouge et ai fait une belle spirale en disant (en silence) : Tenez ! et buvez en tous, ceci est mon bouillon livré pour vous. Vous ferez cela en mémoire de moi. Puis j'ai pris une bouchée en me fermant les yeux... (Bon, ma photo facebook est comme une reprise de ce moment de grâce, mais ça reste la même soupe, mangée pour vous...) Après la communion, bon habituellement, j'aurais dû me faire endurer un calvaire, mais j'ai préféré filer tout droit vers le cimetière. J'ai choisi nulle autre que le Père Lachaise...

J'avais un but : enterrer mon nain de jardin. J'ai regardé sur le plan la manière de me rendre à l'endroit précis où je voulais qu'il repose en paix. C'était simple : marcher tout droit jusqu'à la chapelle, tourner à droite sur la rue du dragon... Et bien j'ai marché tout droit, j'ai vu la chapelle, et je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai dévié de ma trajectoire. Je ne sais pas où j'allais, mais je marchais, et je gagnais un chemin que je savais pourtant ne pas être celui du dragon. Tout me semblait normal. Puis je rencontrai la première tombe bien décorée. J'ai lu le nom et ça m'a comme réveillé d'un coup : Gilbert Bécaud. J'ai eu un mouvement paradoxal dans mon corps : mes jambes sont devenues molles et un sourire a éclairé mon visage... C'est sur un air de Gilbert Bécaud, "c'est la rose l'important" que nous avons enterrés ma grand-mère paternelle. J'étais à la fois stupéfait et rassuré... Rassuré de quoi ? Je pense qu'on le sait tous... Je suis resté là à attendre, comme on attend quelqu'un en train de parler à quelqu'un d'autre. J'avais la très nette impression de permettre à ma grand-mère de rencontrer son idole. Puis, après cinq minutes, je me suis dit que ça suffisait, je suis reparti, puis l'idée que je n'avais pas pris de photos commença à m'obséder... Je suis retourné... et j'ai pris les photos... cinq... de la tombe de Gilbert Bécaud. Je me suis surpris à lui dire merci en quittant.

Paris me sembla radieux. Tout était paisible, comme dans un cimetière. Celui-ci s'est alors révélé dans toute sa sinistre beauté. Mais je devais enterré mon voyage... Après plusieurs errances, je trouvai enfin la 28e division... Et j'ai trouvé la tombe sur laquelle poser mon nain. J'ai prononcé : "Les sciences sociales, c'est un combat."



J'ai posé mon nain de jardin sur la tombe de Pierre Bourdieu, ou sur la pierre de Tombe Bourdieu... Quand il a touché le roc, j'ai pensé "t'es mort"... Polysémique... Et comme un enfant, mais comme un enfant, j'ai ri... J'avais (tré)passé... Et je riais... Je prenais des photos du résultat, et je cachais mon fou rire. Heureusement, j'étais seul. En le quittant, je lui ai dit un aurevoir silencieux comme à un défunt. Et je quittais, en souriant bêtement. J'avais enterré mon voyage à Paris...

Je me suis dirigé vers la lumière, et je me suis assis à un café pour prendre un coca... Je prends toujours un coca quand je me sens en voyage... (parlez-en à Mélissa, encore scandalisée du nombre de coca que j'ai bu à Budapest...) Je venais de commencer mon voyage vers l'autre monde... Le soir même, j'ai dit aurevoir à mes amis dans le cadre d'un party où personne n'avait le coeur à boire, en prenant bien soin de m'assurer qu'ils allaient savoir comment trouver la paix... Je suis entré dans ma chambre plutôt tard... Le lendemain, je me suis terré dans ma chambre, comme le samedi des lumières (bon, j'ai sorti pour une commission, mais pour l'exercice de style... disons que je suis resté dans ma chambre, le rideau de fer fermé comme un tombeau...) J'ai fait ma valise tranquillement... Le dimanche, je suis parti. Une gitane m'a chanté des chansons avec son haut-parleur jusqu'à ma station, pour me narguer... et j'ai quitté ce monde.

Adieu, blog cruel...

2009-06-13

le bilan

Je pars dans quelques heures. Un bilan de mon voyage (17 septembre au 14 juin) à Paris s'impose. (attention, ça reste un bilan surréaliste... ou non)

- J'ai assisté à près de 200 heures de cours (j'exclue les heures de séminaires et de conférences), j'ai donc presque doublé le nombre d'heures recommandées pour la scolarité doctorale française, en une seule année (ils demandes 120 heures dans tout le doctorat). J'ai été (et je serai) absent quelques fois en raison de mes absences au pays.
- J'ai presque publié un livre (en cours... en cours...)
- Je codirige deux numéros de revue (en cours... en cours...)
- J'ai rédigé un article et demi (en cours... en cours...)
- J'ai organisé deux colloques.
- J'ai donné deux conférences (bon, je sais, c'est un peu looser mon affaire, comme si je ne pouvais pas présenter dans un colloque que je n'ai pas organisé... Mais on a eu tellement de financements dans les deux projets, que je me dis que c'est bien... quand même...)
- J'ai un compte-rendu de lecture en branle...
- J'ai maintenu en vie (moins vers la fin, mais quand même) un blog assez visité (du moins, je crois) en composant 141 posts (pas tous publiés et pas tous composé par moi) de longueurs variables (aucun mot à 10 pages), sans compter ceux supprimés et ceux que j'ai composé dans ma tête sans les accoucher.
- J'ai reçu je ne sais pas combien de commentaires, mais j'en ai reçu beaucoup... (en fait, j'aurais voulu faire le décompte des commentaires et évaluer qui en a écrit combien... mais je trouvais la job trop dolanienne pour simplement montrer que Patrick en a écrit plus, notamment car il signait sur un nouveau message, que Catherine m'avait envoyer le plus de becs et que Mathieu m'avait le plus envoyé chier)...
- Je me suis fait plusieurs contacts professionnels, 64 nouveaux amis Facebook et des amis sincères
- J'ai reçu beaucoup d'invités, mais si je compare ma productivité en heures investies en hospitalité à celle de Sabrina et Guillaume, j'ai tellement l'air minable...
- Je suis resté stable en poids, ce qui est décevant étant donné ma progression dans le premier trimestre.
- Je ne suis pas totalement ruiné et il m'est resté quelques sous pour m'acheter deux bouteilles de Champagne (Mumm et Ruinart, quand même) une pelle à tarte Pylones et du chocolat aux amandes caramélisées à la pointe de sel...
- J'ai visité (et plusieurs fois les principales attractions de Paris. Lors d'une visite ultérieure, je devrai essayer pour un voyage total : les buttes Chaumont, le château de Versailles, la Conciergerie, la Sainte-Chapelle, et... enfin. Sinon, j'aurai aussi visité Berlin, Budapest, Cheverny, Chambord et Lyon.
- J'ai dû boire autour de 100 litres d'alcool, dont une proportion étonnante de Bordeaux Chateau Lataste et de Gin-7up...
- J'ai mangé autour de 24 grandes soupes tonkinoises au boeuf saignant (avec ou sans supplément de viandes) au Pho 14.
- J'ai été voir 4 films au cinéma et écouté quelques séries, mais je n'ai pas encore écouté Jesus Camp et n'ai donc pas atteint mon seul objectif... Pour compenser, j'ai pleuré comme un con devant une usine islandaise désaffectée dans le docu-spectacle sur la tournée de Sigur Ros.
- J'ai poké 211 fois Mathilde et commenté davantage de statuts de mes amis Facebook.
- J'ai chiqué 814 menthos et perdu une dent.
- J'ai fumé autour de 25 allumettes.
- J'ai vu Noémi faire 19 arabesques et chanter 48 fois "Y'a trop d'beaux gars".
- J'ai dit "Toot" à Julie P. 29 fois.
- J'ai mangé 78 fois des pâtes avec une canne de sauce à la cuisine du 3 et davantage de Bounty sur le chemin de l'école.
- J'ai pilé 5 fois sur de la merde de chien et vomit qu'une seule fois dans la chambre des parents de Vincent Auzas.
- J'ai parlé à mon chum à presque tous les jours.
- J'ai sacré après 8 gitanes, mais espère avoir conjuré le mauvais sort en donnant 2 euros à l'une d'elle aujourd'hui même.
- J'ai passé 2 boîtes de lessive et 7 pots de miel, mais je n'ai pas passé au travers de mes pots de ketchup, de mayonnaise et de confiture au figue.
- J'ai eu envie de crier "Salope !" de nombreuses fois et pas toujours de manière justifiée.
- Je n'ai pas travaillé concrètement sur ma thèse, mais j'ai pris autour de 350 pages de notes pour m'aider à le faire.
- J'ai volé un stylo, un livre (à Vincent) et du poivre noir, mais me suis fait voler 2 ouvres-bouteilles (dont un Laguiole), 2 verres de Nutella, 4 fourchettes, 2 couteaux, un bol-assiette, du poivre 4 couleurs, deux éponges, une bouteille de savon à vaisselle et sans doute plusieurs autres trucs. Pourtant, je persiste à me sentir coupable pour les vols que j'ai commis.
- Je n'ai jamais réussi à retirer l'enveloppe usagée de condom de la craque de mon lit. J'ai cependant ajouté à l'inventaire pour le prochain résident : un stylo (celui que j'ai volé), un paquet de gomme, un bouchon de bouteille de vin et une boîte vide de Mikado (celle là, je suis sûr que je peux l'atteindre, mais je trouve que ca fait de la bonne pub pour cette collation exceptionnelle.) Sémiotiquement, ces reliques résument étrangement bien mon séjour... (En ce qui a trait le condom, je tiens à spécifier que je le prends dans le sens "vide" et non pas "usagé"...)

Il faut cependant spécifier que le réel succès de mon bilan réside dans une valeur profondément qualitative. Je remercie Julie P. pour cette conclusion : ce sont mes épreuves de mises à distance qui m'ont réellement fait grandir. Comme quoi, flâner, c'est s'émanciper.

2009-06-10

Les mensonges de Jocelyn

Voici le post de Mathieu, cousu d'odieux mensonges, qui confirment l'adage "donne du tartare de boeuf à ton cochon et il va aller chier dans le WTC"... :

Comme à chaque fois que quelqu’un le visite, Jocelyn exige un post pour son blog. Voici le mien. J’ai décidé de dénombrer et d’expliquer les plus grands mensonges et exagérations de Jocelyn lors de notre escapade à Paris. Les voici :
1. Les Parisiens sont chiants :
Après plusieurs jours à côtoyer les fameux Parisiens, nous n’avons pas pu utiliser la moue que nous avions tellement pratiquée. Effectivement, Jocelyn nous explique maintenant depuis un an que la moue est essentielle afin de survivre à Paris. Que Nenni! Des préposés à l’information du métro aux serveurs dans les restaurants, tous ont été aidant, compréhensif et je dirais même… aimable!

Vous voulez voir des employés absolument écœurés de fréquenter des touristes, je vous conseille une visite au mont St-Michel. C’est abominable.

2. Il n’y a pas de joggeurs à Paris :
Lors de notre première journée de visite, Jocelyn affirme : «À Paris, il n’y a pas de joggeurs. Le jogging est une activité qui ne se pratique pas dans la ville, même que ceux qui osent faire du jogging font rire d’eux ». Calomnie! Après cette affirmation, Corinne et moi nous sommes amusés à compter le nombre de joggeurs que nous rencontrions : après une centaine, on s’est un peu tanné.

Jocelyn vous dira que la plupart des joggeurs sont autour de la cité universitaire, où sont logés une grande partie des étrangers. Faux! Quand tu vois des joggeurs à Châtelets-les-Halles, tu commences à être passablement éloigné de la cité u!

3. La station de métro Châtelets-les-Halles est surpeuplée et impossible à comprendre :
En parlant de la station Châtelets-les-Halles, Jocelyn, toujours à notre première journée de visite, nous affirme que cet endroit est horriblement occupé et qu’il est souvent difficile de s’y retrouver, surtout quand une foule gigantesque t’empêche de bien regarder les indications.

Nous arrivons à la station en question : pas un chat! Vide! On pouvait circuler sans problèmes, prendre tout le temps pour s’orienter. Jocelyn nous dit : «Vous êtes vraiment chanceux, à l’heure de pointe, c’est mongol!». Quelques jours plus tard, à l’heure de pointe, nous nous dirigeons vers Châtelets. Jocelyn, avec un brin de panique dans les yeux, nous regarde en disant «maintenant, faite attention et suivez-moi bien, il va y avoir du monde!».
Les portes ouvrent et quelle surprise, quelques personnes attendent paisiblement le métro, aucune bousculade, ce n’est à peine si je frôle quelques passants. Jocelyn Gad.bois, vous êtes un sacré menteur!

4. L’institut du monde arabe est magnifique le soir :
Un soir, Jocelyn nous guide vers l’Institut du monde arabe qui, selon lui, est un bijou de l’architecture et est particulièrement beau le soir.

Nous arrivons pour découvrir que les lumières sont éteintes. Ce que nous voyons est un édifice de verre bien normal. Je commence à croire qu’il n’y avait même pas de lumière le soir, que le tout est un incroyable subterfuge.

5. La bouffe à Paris est immonde :
Pendant l’ensemble de notre séjour à Paris, Jocelyn nous martelait sans cesse que la nourriture de Paris est infecte, qu’il faut aller à Lyon pour découvrir la vraie cuisine française.

Nous avons déjeuné, dîner et souper au resto pendant l’ensemble de notre séjour et tous les repas fut délicieux. Du «Cochon à l’oreille» à «l’Arôme» sans oublier «le Tambour», le «Clou de Paris», le «Pho 14» et «Paul», chaque repas fut exquis, des exemples parfaits du niveau exemplaire de l’art gastronomique typiquement français.

Il reste que l’ensemble des restos fut des suggestions de Jocelyn qui nous guida afin d’éviter les établissements de moins bon goût.

Tout de même, FABULATIONS! Nous n’avons pas eu de mauvaise expérience culinaire à Paris, donc nous pouvons affirmer sans exagération que Jocelyn est l’incarnation du mensonge, je l’affirme haut et fort, les restaurants de Paris sont excellents.

6. Il y a tellement de monde au Pho 14 le midi qu’il est impossible d’avoir une place assise :
À notre dernière journée de visite, Jocelyn nous apporte à la soupe Tonki. Il nous avertit : «Habituellement à cette heure, il y a une ligne d’attente qui se rend jusqu’au coin de la rue ». Vous pouvez deviner la suite : aucune ligne, le resto est presque vide (à l’exception de la terrasse) et la nourriture fut excellente (voir mensonge précédent).

En plus, le Pho 14 a, selon Jocelyn, la fâcheuse réputation d’accueillir des enfants laids. Tout le contraire, pendant notre repas une famille avec un petit bébé tout joufflu sont venu s’assoir près de nous. Comme disait si bien Gerry Boulet, Jocelyn nous a monté un beau grand bateau!

7. Jocelyn a de la classe :
Finalement, avec ces grandes études universitaires, ses colloques et ses nains de jardins, Jocelyn prétend avoir de la classe. Quelques heures avant de prendre notre avion, nous nous retrouvons à une fête de la MEC. Nous arrivons vers 22h30, soit après le souper. Jocelyn a pris quelques verres, il est jovial.
Plus la soirée avance, plus les inhibitions de Jocelyn se relâchent. À un certain moment, il se retrouve avec deux superbes femmes sur ses genoux, assez pour faire crier de jalousie ses amis hétérosexuels.
Quelques heures plus tard et après plusieurs rhum and coke, Jocelyn nous interpelle :
- «J’ai foncé dans la porte patio avec mon drink en pensant qu’elle était ouverte!»
Je lui demande, «est-ce que quelqu’un t’as vu?»
- «Non!»
Je lui rétorque «ben ta gueule, dis-le pas à personne, c’est mieux comme ça!»
- «C’est pas grave, ch’ui chaud pis on s’en câlisse!»

Bravo Monsieur Gad.bois, je m’efforcerai à vous rappeler cette histoire gênante, et ce, pour le reste de votre vie.

Il est aussi intéressant de mentionner que pendant la fête, Jocelyn s’est étendu de tout son long sur la piste de danse. Ce n’était pas intentionnel. Je n’ai malheureusement pas été un témoin visuel de la scène (j’ai un faible penchant humoristique pour les gens qui tombent!), c’est Jocelyn qui me l’a répété 3 fois en quinze minutes.

La touche finale, lorsque Corinne et moi étions sur notre départ à 3h du matin pour prendre notre avion, Jocelyn m’a dit qu’il m’aimait bien et que j’étais un «ben bon gars». Jocelyn était officiellement saoul mort.

À regret, je n’étais pas là pour voir la fin du party. Le post de Jo sur la mort de son adolescence me donne une bonne idée du reste de la nuit.

Malgré ses mensonges odieux, notre voyage à Paris n’aurait pas été le même sans l’aide de Jocelyn. Grâce à lui, nous sommes restés éveillés pendant 33 heures lors de notre arrivée à force de déambuler dans la ville, ce qui nous a permis de définitivement briser notre décalage horaire.
Merci de nous avoir suivis partout et de nous avoir fait découvrir ta vision de Paris.

Malgré tes mensonges, tu avais bien raison pour un truc, les gitanes sont réellement haïssables!

2009-06-04

la prophétie

Je viens de terminer mon cours sur le paradigme des derniers (cours de mon directeur)... Il ne me reste que deux cours de magie à faire, une conférence à donner et une entrevue à mener.
Je vous le dis, la fin approche.
En"fin", je ne finirai pas le cours, car je rate, ironiquement, le dernier... C'est génial, car en ne finissant pas le cours, je laisse la fin planer... comme si elle n'existait pas, et le sujet du séminaire me hantera... Mon cours de magie aussi... Donc je reviendrai avec de nouvelles hantises scientifiques : je chercherai, dans mes travaux, à clore en vain le cours...
Mais cette fin coïncide aussi avec la fin de mon voyage et par conséquent la fin de mon blog. Me voilà depuis quelques semaines à ne rien faire d'autres que travailler et je n'ai rien à dire (quoique Mathieu, Corinne, Dorothée et Émilie sont en dettes d'un post chacun... je rejette donc le blâme sur eux).
Ce sera la fin du surréalisme et le retour à la réalité.
Ce sera la fin de mon blog, avec mes salutations distinguées.
Ce sera la fin d'un monde que l'on scellera avec un ruban doré...
L'histoire se repliera sur elle-même et s'achèvera, dramatiquement ou non.
Contrairement aux blogs de maman, ce projet aura une fin, et mourra avant moi. C'est lui qui se sera prolongé en moi et non l'inverse.
Ça sera une fin heureuse, pour moi.
Je vous l'annonce, la fin est proche et elle vous amènera avec moi. Ça sera aussi, du moins, je l'espère par pure prétention, votre fin.
Et je vous convierai, pas tous ensemble (je déteste mélanger des univers... ce sont les (al)chimistes qui s'amusent à faire ça), à de joyeuses funérailles.
La fin du blog approche, sans messes ni messies... Ca sera la fin, la fin d'un monde, heureux d'avoir existé, qui s'effacera sans traces. Il s'évapora d'avoir toucher à ses ambitions : n'avoir relaté que des moments de flâneries, et ses autres kétaineries...

2009-05-24

Avis de décès

À Paris, le 24 mai 2009, est décédée mon adolescence, fille de moi-même et de mon ça, en réaction contre mon surmoi. Née le 27 juin 1997, à Gatineau, d'un accouchement plutôt difficile et retardée de quelques jours en raison d'une mère pressentant le pot-au-rose, elle laisse dans le deuil moi-même, mon ça, mon surmoi, plusieurs autres personnes réelles et/ou virtuelles comme des amis d'enfance, Murielle, des ivrognes passagers, des photographes amateurs, feu enfance heureuse et bien sûr Mar.tin Robi.doux. Quelques proches, comme Mathieu, Corinne, Vincent, Antoine, Julie P., Noémi et autres ont pu offrir leur condoléances et dernières prières à la Maison des étudiants canadiens, 31 bd Jourdan, 75014 Paris. Les proches n'accueilleront pas parents et amis afin de ne pas vivre complètement leur deuil et ainsi espérer la voir me hanter parfois, en des occasions de grandes réjouissances. Les funérailles, qui ont commencé vers 22h le 23 mai, m'ont permis d'enterrer sous plusieurs Gin-7up solennellement préparé par Julie H. une adolescence ravagée par le rationalisme et qui se sentait très faible au crépuscule de sa onzième année. Elles se sont terminées à 5h dans les toilettes de la chambre 110, où en à peine trois heures, elle a rendu son dernier souffle et disparu, avec un peu de dignité, dans les égouts publics. Là, elle repose en paix. Elle me laisse en héritage un sens des responsabilités et de la fête, une mise à distance des relations et des jeux sociaux, une manière de décrypter l'environnement culturel, une volonté d'accéder à un stade supérieur de conscience et un corps plutôt ingrat. Je tiens à remercier spécialement le comité des résidents de la MEC qui a rendu possible de telles funérailles. Je tiens aussi à remercier Carole Verner, que je ne connais pas, mais qui n'a pas nuit à mon émancipation.

2009-05-20

les parfaits

Ça m'énerve ! Vous, les parfaits, vous ne nous laisser jamais nous croire supérieurs !
Vivement le retour de Mathieu à Paris !
Non, mais c'est tannant ! J'ai un chum plus-que-parfait, qui sait parfaitement qu'il est parfait il est vrai, mais n'empêche qu'il est parfait, et des quelques fois qu'il ne l'est pas, bien il réussit à nous faire croire qu'il l'est quand même, alors on ne s'en sort pas ! J'ai un chien parfait (quoique mon chum parfait lui a inculqué full de défauts, ça va au moins m'occuper à mon retour) dans un condo de gens parfaits (même si je ne lui suis pas)... J'ai une famille et une belle-famille parfaite. Mes amis sont pour la plupart des gens parfaits, qui répandent autour d'eux la perfection... Je suis à Paris, dans une ville qui se pense ô combien parfaite dans son monde où les banlieues n'existent pas... Je lis des blogs sur des familles parfaites (bon, Henri est malade, Ellie semble enfin se décider à commencer à avoir des défauts et Ophélie, ça reste à prouver, car on ne peut pas s'autoproclamer parfaite). Je sors d'un meeting parfait avec le sociologue des JHA, qui m'a aussi parfaitement remis à ma place sur une de mes positions...
Mais bon, je n'étais pas le seul qui défendait cette position...
Nous, les imparfaits, quand on est pas "tout seul", on s'en caliss. On ne peut pas vraiment être humilié, en groupe. Peut-être un peu au hockey, je ne suis pas ça... (Oh ! phrase polysémique) C'est pour ça qu'une société, ce n'est jamais parfait. Pis c'est pour ça aussi qu'elle s'en câlisse de ses imperfections. En groupe, on ne cherche pas à se dépasser... On se suffit. C'est le but du groupe. Se suffire. C'est le but du couple aussi. (C'est pas très sexy dire "Mon chum me suffit", mais c'est plutôt polysémique)...
En passant, Nouvelle : Patrick et Catherine sont officiellement en couple, pas ensemble, mais séparément, chacun avec des gens parfaits. Soupir.
Là, je suis tanné d'être entouré de gens parfaits. J'ai l'impression d'être constamment un boulet. En groupe, je me sens "tout seul" d'imparfait.
J'ai envie de boire. Samedi, c'est le bal. Ça va être une autre estie de soirée parfaite, avec plein de gens parfaits (et Mathieu), habillés parfaitement. Je vais tellement m'en câlisser de cette perfection... Oh yeah ! Champagne !

2009-05-15

l'avant-goût

Je crois que Mathieu et Corinne apprécient leur voyage de noces... En tout cas, ils vous partageront, les deux, leur expérience parisienne ici même sur ce blog dans quelques semaines. Mais je peux vous dire, je viens de recevoir un appel d'eux live from Amsterdam. Mathieu, d'un naturel aussi jovial qu'une Ukrainienne maniaco-dépressive, avait une voix de gamin en m'apprenant qu'ils revenaient du zoo, que Corinne avait acheté "quelque chose" au Red Light et qu'ils attendaient de raccrocher pour fumer leur joint dans les rues. Hey oui, je parle bien du couple de jeunes professionnels d'Aylmer qui s'est acheté récemment une maison et qui ont un chat obèse. Leur voyage va leur avoir fait du bien je crois. Corinne s'est aussi acheté à Paris une paire de bas à 40 euros...
Julie P. s'est noyée hier dans un verre d'alcool. Aujourd'hui, elle repose en paix.

2009-05-13

la fête

Hey, c'est ma fête, leave a message. Beep !

2009-05-05

Cortés et les hommes en or

Hernan Cortés est sans doute, avec le regard que l'on peut lui porter aujourd'hui, un des plus grands criminels de l'humanité. Il a ni plus ni moins pillé le Nouveau-Monde et détruit des cultures précolombiennes riches, dans tous les sens du terme. Certains Aztèques le prendront pour un émissaire de Quetzalcoatl (homme d'or), et les Espagnols seront accueillis en dieux dans la capitale aztèque. Assoiffé d'or et de pouvoir, il manipulera, mentira, torturera, tuera pour ramasser le maximum de capital. De retour en Espagne, il se fera accueillir comme un héros. Comment un homme qui enrichit le royaume pourrait-il être considéré autrement que comme un héros qui a servi sa nation et sa religion ? (La très scientifique entrée de Wikipédia le décrit d'ailleurs toujours comme un héros) Pourquoi je dis ça ? Seulement parce que l'histoire nous apprend que l'humanité est loin de réussir à se dépasser.

Aujourd'hui, j'ai perdu la moitié de ma journée à la 3e rencontre parlementaire sur les jeux intitulé "Jeux d'argent, Internet et droit communautaire : comment adopter (oups, adapter, désolé) le modèle français ?" Le colloque visait à "débattre" de la réforme des jeux qui va ouvrir (dès le 1er janvier 2010) le marché des jeux de hasard et d'argent "à la concurrence", c'est-à-dire aux casinos en ligne. Plusieurs gros bonnets et notamment la ministre de l'Intérieur, de l'Outre-Mer et des Collectivités territoriales (une sorte de ministère du colonialisme ?) et le ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique (le poste qui veut qu'on lui ramène des trésors). Le mot d'ouverture du rapporteur, chargé de répandre la bonne nouvelle sur la réforme, est plutôt enthousiaste :
"La réforme des jeux qui s'annonce promet de révolutionner plus d'un siècle de pratiques françaises en la matière. La nécessité d'ouvrir le marché à la concurrence permettra de se conformer à la demande de la Commission européenne, mais aussi d'adapter notre cadre législatif aux nouveaux jeux et aux nouveaux usages en vigueur. [...] Dès 2010, le poker et les paris sportifs devraient être autorisés en France, répondant à une sorte de demande des joueurs et permettant d'encadrer un secteur qui est de toute façon devenu une réalité. [...] L'enjeu du projet de loi sur lequel le Parlement devra travailler avant l'été est donc de trouver un juste équilibre en termes de régulation du secteur, de fiscalité, de lutte contre les sites illégaux, le blanchiment d'argent et de prévention des addictions. C'est aussi d'assurer l'ordre public et social, tout en s'adaptant à un nouveau marché."

En fait, ce ne fut pas un débat de fond sur la proposition de réforme. Celle-ci a été accueillie au Parlement avec une écrasante majorité (de l'ordre de 500 contre 30... je ne me rappelle plus). Au contraire, le débat concernait la manière de réglementer par exemple l'octroi de licences et d'intégrer ces nouveaux concurrents. Vivement le bris du monopole étatique... Mais à quel point faut-il contrôler les casinos ?
J'avais envie de m'arracher les cheveux et traiter tous ces bonnets de cannibales ! (Ou "Bandes de chacals ! Vous allez crever comme des chacals !" comme me le suggère Mélissa) En fait, j'avais exactement la même indignation qu'avec les crânes maoris, sauf que là, je n'ai pas attribué cette différence dans la manière de considérer les ethos du jeu en ligne comme un écart culturel. Là, je les trouvais misérables, peu informés et d'une naïveté regrettable. J'ai eu l'impression de voir la France s'effondrer devant moi, se détruire comme elle a détruit les peuples de ses (anciennes) colonies. J'ai eu une minute de silence dans ma tête, comme par respect pour ma mère-patrie, mourante et délirante. Dans ce silence complet, j'ai entendu le rire vengeur des millions d'âmes qu'elle a tuées dans sa longue vie et j'ai pensé à ce que serait Paris, dans quelques années, au crépuscule de sa gloire.

En fait, personne autour de la table ne semblait contre les casinos en ligne... Pas même la pauvre sotte qu'ils ont invitée pour présenter (dans le désordre, avec la voix tremblante et l'érudition absente) quelques chiffres sur le jeu excessif, question 'en parler. L'essentiel de son propos, et je ne caricature pas, disait ceci : "le joueur compulsif" (car ils ne font pas encore la distinction entre compulsif et excessif) "a un lourd fardeau fiscal". Son discours en était un de sensibilisation ! J'étais outré par le manque flagrant de contenu, comme si on se foutait éperdument de ces joueurs. Pour ajouter au sundae, elle montra la progression des problèmes de jeu à cause des casinos en ligne (les joueurs compulsifs, et notamment ceux qui habitent loin de casinos, peuvent désormais rester à la maison) et, dans une parfaite incohérence, elle conclut que c'est pour cette raison qu'il est essentiel d'accorder des licences aux casinos en ligne...

Cette législation est selon eux une arme efficace pour le "jeu responsable"... En fait, j'ai compris que pour eux, la responsabilité appartient essentiellement au joueur et la responsabilité du casino en ligne est de lui rappeler (lui dire combien de temps et d'argent il a joués, qu'il peut arrêter, qu'il existe des psychologues, qu'il peut s'auto-exclure du site, etc.) Le Président de la Commission supérieure des jeux a même balancé qu'une institution consultative chargée de mettre en place et de faire respecter ce souci de responsabilité serait seulement temporaire étant donné que le marché s'autorégulerait... Ouch !
Le plus sain selon moi fut le responsable de la police des jeux qui insistait sur les casinos illégaux et les mesures de répression... La communication la plus applaudie fut celle, en anglais, d'un opérateur scandinave de casino en ligne, trop bien habillé, trop enthousiaste. La première image fut révélatrice : un homme trop heureux de voir ses deux cartes, qu'il ne montre évidemment pas.

La période de questions fut horrible. Les opérateurs de casino, et ils étaient plusieurs dans la salle, se lançaient le micro pour savoir pourquoi le gouvernement français voulait imposer tant de contrôle. Je croyais rêver. Les Goldens Boys n'en avaient pas assez, ils demandaient pourquoi la réforme ne concernait que le poker et les courses de chevaux, ils accusaient la réglementation de chercher à les rendre moins compétitifs contre les casinos qui n'auraient pas la licence (et donc libres), ils voulaient que la France s'engage à imposer l'ouverture de l'UE aux casinos en ligne. Et les membres du gouvernement étaient là à se vautrer, à licher les opérateurs et à les rassurer. J'étais triste pour la France. J'ai l'impression que la France a vendu une part de sa souveraineté à ces Golden Boys, considérés comme des criminels il y a quelques mois. Et une femme s'est levée et s'est mise à accuser le gouvernement français, et l'image était parfaite, d'avoir répondu positivement à un SPAM. Elle a poursuivi en parlant de l'escroquerie pour le gouvernement de toute cette entreprise et que l'État avait échoué lamentablement à son devoir de protéger le citoyen. Au contraire, la réforme avait risqué ni plus ni moins que la vie de ceux-ci, qu'il avait vendu les plus vulnérables pour quelques millions de dollars.

Le mur qui s'est dressé devant cette pauvre femme fut d'une grave violence symbolique. On a laissé plusieurs personnes (des golden boys) intervenir avant elle, on lui demanda d'écourter son intervention, on tenta de lui couper la parole, on lui rappela qu'elle n'était pas dans une consultation publique, on répondit qu'il fallait être prêt à faire le pari, on parla de l'hypocrisie fondamentale de "l'interdiction de jouer", mais que c'est vrai, il fallait reconnaître que le libre-marché a parfois des effets pervers. Mais le pire, ça été le regard complice des politiciens avec l'opérateur de casino qui rappela, en toute noblesse, qu'en tant qu'entreprise, les casinos en ligne n'avaient pas intérêt à surexploiter les consommateurs (à entendre : consommateurs comme ressources !!!!) Sentiment de satisfaction général dans la salle. Ne manquait plus que la photo du ministre serrer la main de l'opérateur.

À vrai dire, c'est là que j'aurais dû me lever et les traiter de chacals... Mais j'aurais manqué une finale brillante. Car ces Golden Boys sont forts pour ridiculiser le politique ! Franchement, c'est le type d'intelligence qui me donne envie de basculer de leur côté et de militer pour le bris du monopole étatique. Un avocat (sûrement grassement payé par ces opérateurs, mais ce n'est qu'un préjugé) se lève pour demander : "Et pourquoi on ne peut parier que sur le sport ou les jeux, et pourquoi pas dans d'autres disciplines, la politique par exemple." Moi, et mon nouvel homme politique en moi, nous sommes tombés sur le cul... Et pour en tartiner plusieurs autres couches, les politiciens et notamment le député des Yvelines s'en sont amusés... Il a même dit qu'il était de taille Jockey... Il ne pouvait pas mieux dire : un nabot qui veut franchir la ligne d'arrivée plus rapidement que ses adversaires... L'efficacité symbolique est totale ! Le politique ne sert plus à rien, alors jouons-nous-en ! De toute façon, le politique n'est devenu qu'un jeu, qu'une mise en scène. L'État n'a plus de pouvoirs, on laisse les spéculations mener le monde. Le libéralisme a triomphé. Et je vous parie que bientôt, les élections françaises ressembleront à une sorte de loterie.

Cortès a pillé le Mexique et a été accueilli en dieu par les Mexicains et par les Espagnols. C'est un fier conquistador qui a très bien compris les règles du jeu. Les autres hommes en or d'aujourd'hui ont aussi très bien joué le leur. Bon, plusieurs citoyens, des milliers voir plus, vont se faire saigner à blanc par des particuliers qui redonneront à la France à peine de quoi payer pour les services sociaux pour traiter les dégâts collatéraux tout en leur volant des clients éventuels dans ses propres casinos d'État. Mais saigner à blanc, quand ce n'est plus dans le marché noir, c'est plus joli. Et la réduction en esclavage, quand c'est sur une base volontaire, bien c'est encore de la liberté (de marché)... Alors, tout est indiqué pour répandre dans toute la France cette bonne nouvelle ! La France a libéré ses Enfants d'une misère, d'un statut de moindre Être. Au nom de la liberté, rien ne vous arrête.

En fait, c'est extraordinaire ce néo-colonialisme, car tout le monde dans la salle était satisfait... (Peut-être pas la femme, mais passons). Les politiciens étaient fiers de dire que (contrairement à l'Amérique) eux ne manqueraient pas le bateau... Alors, cette image du conquistador et de sa flotte qui part coloniser est ici frappante... On voit la France qui se cherche encore en grande puissance coloniale, qui part conquérir le Nouveau-Monde : Internet. Elle est fière d'être chef de file, car elle veut gagner la course... Mais elle n'a pas reconnu que ces conquistadors tout d'or vêtus, qui amènent certes avec eux, pour leur voyage, quelques denrées (de plus en plus rares), mais qui en ont bien besoin, ne font que la piller. Mais elle s'en fout, elle croit qu'elle a encore atteint les Indes...

À cette France glorieuse, ses colonies compatissantes...

2009-05-02

la Génie casanier et l'homme politique

Mon nouveau personnage dans ma tête est finalement cool. Enfin, pour l'instant... Je pense qu'il veut rester. Ça doit être confortable ma tête... c'est plutôt calme, spacieux, car vide... Il y a l'essentiel, quelques coussins et une collection de tableaux magnifiques... Il doit y avoir plein de gens, qui cohabitent pacifiquement... Et ça discute... En son centre, il y a une statue d'un grand nain de jardin en or qu'il faut saluer, car la petitesse est la clé de notre salut. Ça doit ressembler à la lampe de Beding Bedang dans le village de Nathalie... Je viens d'avancer subtilement l'idée que je suis un génie... je ne suis pas gêné... Mais contrairement au Génie, je ne suis pas capable de me sortir de moi... même en me frottant bien fort (ouf, je viens de faire sans m'en rendre compte une mauvaise allusion, et de mauvais goût... c'est pourquoi je la laisse.) Alors je reste là, casanier et heureux, d'être dans ma tête, avec mes yeux magiques qui me regardent... Et qui voient encore cet inconnu, mais un inconnu que je ne crains plus, que j'intègre (pour ne pas dire ingère) tranquillement.

Il dit que la guerre civile, elle ne cessera jamais. Il me parle de politique. Je ne me rappelle plus ce qu'il me dit. En fait, je ne suis même pas sûr qu'il me parle de politique. Ou qu'il me parle. Je ne sais pas si j'entends, si j'ai les yeux qui entendent bien... L'oreille interne, c'est quoi en fait ? Est-ce moins exotique que les yeux ? Il m'a dit qu'il avait quelque chose d'important à me dire. Je pense que c'est une stratégie de manipulation pour rester dans ma tête. Mais je sais pas, je pense qu'on ne doit pas systématiquement résister à toutes formes de manipulation...

Le prof de magie a dit aujourd'hui qu'accepter d'être manipulé en acceptant de lever notre conscience réflexive, c'était d'être touché par la grâce et donc de sortir de l'épais brouillard narcissique... On dirait que le prof veut monter une secte... ha ha ! (rire de nervosité... c'est peut-être finalement lui qui est entré dans ma tête) Peut-être que la psychanalyse est une secte... Mais je n'adhère pas tout à fait à la lecture. Je vais rester les deux pieds dans ma vanité (le défaut, ou le lavabo, c'est selon) en osant me penser si précieux, que quelqu'un qui se risque à me manipuler ne vise qu'à augmenter ma et mes valeurs...

Où elle est, cette ligne qui marque l'altération ? Quand est-ce que la marionnette doit-elle se révolter de ses liens ? Pourquoi la présence du politique s'accompagne de la guerre civile ?

Bah, ce que je sais, c'est que j'ai enfin hâte d'aller dormir... Je sens mes yeux magiques, ce regard intérieur, déjà bien ouverts... Et les vôtres ?