2008-09-30

les crânes maoris

Premier choc culturel (Ai-je déjà dépassé mon stade touriste ?) : les crânes maoris. J'écoute attentivement une conférence sur l'émotion patrimoniale portant sur le toyboko (désolé pour l'orthographe) faite par une représentante du Musée du quai Branly (qui se trouve à avoir dirigé la thèse d'Anne-Gaël). Les toyboko, ce sont des crânes de guerriers maoris que certaines communautés ont conservées à des fins sacrées. Or, les explorateurs qui ont touchés la Nouvelle-Zélande ont été forts intrigués par ces reliques et ont finis par les troqués pour conserver un souvenir exotique de leur expédition. Les maoris, trouvant que c'était une monnaie d'échange assez importante, ce sont mis à produire des crânes à l'aide d'esclaves... Comme quoi, toute forme de tourisme finit par altérer l'authentique... Mais bon... Toujours est-il que ces crânes finissent par atterrir dans, entre autres, les collections des musées français. Aujourd'hui, plusieurs sociétés maoris réclament le rapatriement des sépultures de leurs ancêtres.

Jusque là, tout va bien. Beau problème éthique, belle problématique autour des enjeux de la conservation et des enjeux identitaires, beau dialogue entre cultures. Mais là, arrive le problème... La conférencière expose le cas de Rouen qui a voulu envoyer le crâne de leur collection et de la bombe que cela a jeté dans le ministère de la culture... Je me dis, ok, c'est une question administrative et de guerre de pouvoir... Mais non, c'est une question que ces crânes font partie de la collection nationale. Je me dis : ishhh... Le ministère est dont bien By the book... Alors la conférencière explique que bref, ça se poursuit en justice, et qu'il y a plein de personne en faveur du rapatriement, qui prône la dimension éthique, qu'un corps humain ne peut être légalement une possession. La conférencière s'applique à montrer la complexité du débat. Je trouve ça weird comme débat, parce que dans ma tête, je suis très arrêté. C'est un corps humain, il y a obligation de respecter sa dignité et d'avoir une sépulture. Et bon, la conférence se termine sur une espèce d'impasse législative, muséale, culturelle, scientifique... Je suis insatisfait. Je ne comprends plus le problème. 

Mais là, la discussion me fait pâlir. Certains grognent contre les Anglo-Saxons qui dilapident leur collection de corps, Pierre Centlivres en personne rappelle que c'était presque un devoir d'anthropologue de ramener de ses terrains des restes humains, d'autres comparent ces pièces de collection aux collections d'animaux naturalisés, un rappelle-même qu'à cause des tatous, les têtes ont aussi une fonction esthétique qui est étrangement exclue du débat (!), que ces trésors nationaux reflètent aussi l'histoire des contacts entre les Blancs et ces sociétés, que ces têtes incarnaient (par conséquent) une partie de l'histoire universelle que la France se devait de conserver, qu'il y avait là une tentative juridique d'aliéner le rôle des musées, que la science ne devait pas céder à des revendications identitaires, etc, etc. J'avais le goût de me lever, de crier "Bande de cannibales ! De pilleurs de tombe ! D'impérialistes ! Vous ne voyez donc pas que vos musées de l'homme sont inhumains !", pis de partir en claquant la porte aussi fort que je suis indigné. Mais bon, je suis resté stupéfait par l'écart culturel.

J'ai comme été atteint dans une pudeur que je ne savais pas que j'avais et que je ne savais pas que les Français n'avait pas. Je suis choqué, mais amusé de constater cette différence dans ce rapport au corps et à la dignité humaine. Dans le fond, il y a une différence fondamentale dans nos manières respectives de penser l'humanité, ou plutôt, sa frontière. La question qui se pose alors, c'est "Quand cesse-t-on d'être humain ?" Peut-être les Français répondent-ils : à la mort, et les Anglo-Saxons : jamais. Nos ossements continuent à être humains et on doit respect à cette humanité, ou ce qu'il en reste. Peut-être aussi que le traitement muséal, l'exposition, peut difficilement se comprendre, en France, comme un irrespect pour cette part d'humanité. Au contraire, ce serait un prestige, voire une éloge funèbre que d'être ainsi conservé. Entre le "Ci-gît", qui implique un devoir de mémoire et de commémoration et le "R.I.P.", annonçant plutôt un dernier souhait au défunt, il y a un océan.   
    
  
 

2008-09-29

les menthos

Je n'ai pas encore manger ma frite ! Enfin, c'est parce que c'est un peu compliqué l'horaire des repas ici. En fait, non. On petit-déjeune en se levant, mais avant, on se prend une menthos pour couper le goût du vin qu'on a pris en trop grande quantité la veille... En passant, j'ai éclairci deux mystères du vin hier : j'ai compris qu'un vin doux n'est pas nécessairement un vin fade, et j'ai enfin goûté à du vin vraiment bouchonné (Julie 2 nous a fait la tournée éducative de son vin bouchonné... En échange, on lui faisait goûter notre vin... Moi aussi je veux une bouteille bouchonnée bon !) On déjeune vers un peu plus tard que 13h (en attendant, on se gave de menthos). Et on dîne à 20h, et plus tard si c'est un dîner important... Mais entre les deux, il y a une collation, mais je ne suis pas certain de comprendre les règles : à quelle heure, ce que l'on doit manger, où, dans quelle position... Je sollicite donc un appel du public. 
Moi, j'ai juste pris des menthos et encore des menthos. Quand je me suis tanné parce que j'avais trop faim, j'ai essayé l'expérience d'un macaron. J'ai été déçu. Je voulais en manger depuis le milieu des années 1990, aux suites d'un sketch de RBO hebdo qui singeait J.E. et qui s'en prenait à un vendeur de "macarons" qui faisait de la fausse publicité, car ses "macarons" n'étaient en fait que des épinglettes. Je me suis donc mis à marcher seul sur le "boulevard of broken dreams." Et une fois de temps en temps, pour me réconforter, je me prenais une menthos. 
Ma flânerie m'a menée au trop magnifique Institut du monde arabe. J'avais déjà vu une photo, mais en vrai, c'est à couper le souffle. 
Sinon, j'ai croisé sur la rue, j'en suis sûr, Marco Calliari. Il donnait un show ce week-end à Paris. Mais d'un autre côté, il devait être en Suisse hier et aujourd'hui... Donc, ce n'était sans doute pas lui... (mais un imitateur qui porte sa coupe de cheveux, sa giga boucle d'oreille et son impériale mi-blond, mi-rousse).  À moins qu'il couche à Paris et se rend en Suisse le soir... J'aurais dû lui demandé... "Marco ? C'est-tu toi Marco ? Hou hou ! Marco ! C'est toi ! Ha, bien... Salut ! Chu Québécois ! Hey hey ! Le monde est p'tit ! Veux-tu une menthos ?" Mais bof, j'avais oublié mon sac banane, ma casquette d'explorateur et mon appareil-photo. 
Oui oui, j'ai oublié mon appareil-photo. Le drame. Et j'ai vu plein de belles choses... Comme... comme... Je sais pas, plein de choses dans le quatrième et le cinquième.
J'ai décrété que Notre-Dame-de-Paris, c'est vulgaire, comme l'Oratoire Saint-Joseph. Il y a plein de bebelles à vendre à l'intérieur. (Vous vous imaginez, ils vendaient même des grosses cennes à l'effigie de Notre-Dame, j'avais l'argent et j'en ai même pas acheté ! Pour ceux qui le savent pas, moi je capote sur ce type de souvenir là...) C'est un lieu de culte, pas un lieu de consommation. Ok pour les lampions, je comprends l'idée, mais là : spécial : 3 lampions pour 5 euros ! C'est vulgaire... Il y a incohérence entre la fonction sacrée du lieu et la pratique qui se joue à l'intérieur. Je refuse. C'est censé être un temple. Il y a profanation. Et c'est pas parce que je suis croyant. C'est seulement par respect pour ceux qui le sont. Et j'ai failli pitché une menthos sur l'autel hideux en plein milieu de la place. Mais j'aurais gaspillé une menthos, et il y aurait eu des chances pour que le gardien de sécurité du Champion se trouve comme par malchance là et me sorte de Notre-Dame avec un coup de pied au cul.     
Sinon, ce ne sont pas les marronniers qui puent ainsi sur la Cité. Ce sont des espèces de petits buissons avec des fruits orangés... Enfin, les menthos m'aident à passer ça. 
My God que c'est bon des menthos... Pis ça pogne dans les dents. Du coup, t'as une sensation de fraîcheur pour très longtemps !
   

2008-09-28

le patrimoine vidéoludique

Bonjour,
Aujourd'hui, j'ai participé au Festival des jeux. Il y avait foule ! J'ai adoré. Je n'ai pas jouer, mais pour ma thèse, c'est un moment fort. Au coeur de ce festival, un oasis de pertinence : mo5.com, une OSBL oeuvrant dans la promotion du patrimoine vidéoludique. J'ai longuement parlé avec un membre. Je me dois de trouver des personnes au Québec qui se consacre à la problématique. En fait, c'est fou. Pour le cinéma, on déploie des efforts considérables pour sauvegarder ce qu'il nous reste de films. Mais pour les jeux, qui n'a pas sa place dans le temple de l'art, rien. L'organisme veut créer un musée national, sinon européen. Mais pour ce faire, ils doivent acquérir de la crédibilité scientifique. J'espère leur venir en aide sur cet aspect. Heureusement, ils comptent sur l'appui de la BNF (bibliothèque nationale française). J'aimerais tellement les aider dans leur mission. J'ai assisté à une conférence, et j'ai été frappé par l'intérêt d'un tel sujet dans l'axe des études sur le patrimoine d'aujourd'hui, de demain, l'ethnologie de la mémoire, et bien sûr, des jeux. Que fais-ton de la mémoire de l'informatique ? Celle où le temps semble assez si vite ? Où le vétuste ne peut qu'espérer avoir une carrière de déchet ? Quel rôle prend alors le recyclage des objets ? de la mémoire ? Une mémoire à court terme que l'on conserve sur le bout de nos pouces ?
Sinon, j'ai pris le tramway pour la première fois. J'ai adoré. C'est à la fois tellement lent et tellement pratique ! Et j'ai été confronté à mon propre rapport à l'honnêteté... J'ai vraiment hésité avant de mettre mon ticket dans la machine. Personne n'était là pour vérifier et un seul Parisien sur deux se préoccupe de payer dans les tramway... La tentation était forte. Je me pinçais la lèvre intérieure en me disant que ce n'était pas si grave de ne pas payer... Mais d'un autre côté, j'étais scandalisé par ma propre attitude de mauvais citoyen... J'ai enfin payé, en me disant que je ne me le pardonnerais peut-être jamais... (c'est lourd, et plutôt dispendieux, d'avoir une conscience...)
Sinon, il y a eu un deuxième barbecue. J'adore vivre à la MEC. Il y a plein de personnes formidables. Bon, je leur ai cassé les oreilles avec mon histoire de patrimoine vidéoludique, mais j'espère qu'ainsi, nos vieilles consoles de jeux qui attendent dans notre grenier de se faire jeter à la rue subiront ainsi un meilleur sort. C'est pour que vive la mémoire de notre enfance toute en pixels et en boutons.  

2008-09-27

le pain d'épice

Salut, 
Aujourd'hui, à part d'être d'une humeur massacrante (ça doit être l'odeur de menstruations que dégage un des arbres ici, je soupçonne les marronniers, c'est l'enfer comment ça pue sur la Cité), je continue à adorer Paris. Il y a cependant des gens qui m'énervent royalement à la MEC... 
J'ai encore failli me battre avec le gardien de sécurité du Champion (je ne prendrai plus jamais la caisse self-service, je ne suis pas assez bien intégré.) Mais ça valait le coup, car j'ai découvert le pain d'épices au Miel (la marque c'est Brossard, je trouve ça comique). Comme aurait dit ma mère : "Mais c'est cette saveur que je recherchais !" J'en ai je crois déjà mangé, enfant. Mais là, ça vient de complètement bouleverser mes certitudes : je croyais que ça devait être gras pour être bon... Je suis fourré, même si le gâteau ne l'est pas. (Quelle mauvaise blague ! Ha Non ! Je développe un humour français !) 
Sinon, j'ai rêvé que mon amie Mélissa s'ouvrait à Paris un stand à patates frites qu'elle avait appelé "Frankensfritz". (À noter qu'on peut y lire : "Frank en frites") Je rêve de manger des frites. Demain, ça sera ma mission possible.    

2008-09-26

l'arc de triomphe

Ça y est, je suis inscrit à l'EHESS. Ce n'était pas compliqué. En fait, l'administration française, il faut juste savoir où l'on va. Alors au lieu d'attendre en file d'attente comme au Canada, bien on erre dans l'ignorance, jusqu'à ce qu'on dispose des bonnes infos. Dans le fond, le système français, c'est l'inverse du système anglais (donc canadien). Au Canada, tu es innocent jusqu'à la preuve du contraire. Ici, t'es un innocent jusqu'à la preuve du contraire. J'adore la France... 
Je suis aller pour me présenter à l'Observatoire des jeux, mais je suis tombé sur un bureau d'avocats. Le nom m'était familier, je crois avoir déjà lu un texte de cette boîte, sur les jeux justement. 
Alors je me dirigeai vers l'Arc de triomphe pour célébrer ma réelle intégration à Paris. Il ne me restait plus que deux minutes de marche quand la ville a décidé que je n'étais pas encore assez intégré à son goût. Il me restait le rite de passage. J'avais hâte et honnêtement, je ne suis pas déçu ! J'ai rencontré un arnaqueur ! Un truand en complet Armani... Génial ! C'est un des plus beaux spectacles que j'ai vu (oui, c'était un bel italien, mais je parlais davantage de la beauté de son savoir-faire). Il a réussi à établir un climat de confiance génial avec une histoire à dormir debout (il travaille pour une filière de Valentino... dit-il habillé en Armani) et à me vendre un item que je ne cherchais pas (mais que je cherchais en fait). 
En fait, je ne me suis pas vraiment fait arnaquer, parce que j'ai vu la passe. Heureusement, il ne me restait que 80 Euros dans mon porte-monnaie (je trouve ça 20 euros trop cher, mais je trouve tout trop cher). Donc, il m'a laissé filer avec deux manteaux "de cuir" (c'est certainement du TAC, mais je m'en fiche, pour le même prix à Paris, j'aurais eu un manteau fluo et usagé). Là, ça au moins l'illusion de la classe des grands couturiers italiens. Il me fera bien cet hiver si je ne grossis pas. L'autre, j'ai une très bonne idée quoi faire avec... Dans le fond, c'est comme les revendeurs de New York, mais avec tout un scénario. Je m'imaginais dans une comédie musicale. Vive Paris !   
Bref, je suis un arnaqué heureux. Bon ok, je suis too much dans ma phase euphorique de la migration, mais on s'en fout ! Vous auriez dû me voir à l'Arc de triomphe (au fait, j'ai pas réussi à aller en dessous, comment on fait ?) Je suis content d'être ici. Malgré la femme de ménage et les bons soupers seuls. Il y a foule à la terrasse, je vais peut-être aller faire mon tour...
Bonne journée
 
 

le jour du ménage

J'ai réglé mon problème de déchets. En fait, c'est la première chose que j'ai réglé en me levant. En fait, le vendredi, à la MEC, c'est jour de ménage. 
La femme de ménage commence son quart par l'allée qui n'a pas à laver ses draps. Cette semaine, je fais partie des chanceux. Alors, elle arrive à 9h, frappe de toutes ses forces dans la première chambre pour réveiller tous les lèves-tard (donc presque tout le corridor). Le principal concerné, le chambreur, n'a pas semblé avoir apprécié son réveil. Il le fait savoir à la femme de ménage. Celle-ci, qui semble nourrir une haine profonde contre les Canadiens (elle a peut-être juste intégré l'air naturel parisien), se met à gueuler seule. Moi qui voulait faire la grasse matinée, c'est raté. Je m'assois de peine et de misère dans mon lit, un peu claustrophobe à cause de ma corde à linge qui envahit mon territoire de sommeil. Et là, j'ai une seule réflexion qui devient clair : "ca va être comme ça à toutes les deux semaines". Je prends mon temps, sachant que je suis au bout du corridor, je réunis mes trucs pour me faire un petit-déjeûner. Je quitte et, ô malheur, la femme de ménage n'a réussi à faire que deux chambres. 
Je déjeune en compagnie de ma voisine de droite, une fille du BC qui parle un français douteux pour être en littérature française (mais bon, elle est en licence), mais qui, contrairement à moi, a l'air sereine et pleine d'espoirs pour la journée. Je lui explique comment se procurer son bulletin de vote pour les élections fédérales. Toute la matinée, je distribuerai à l'aveuglette des formulaires (pour voter) et constaterai sur mon blog que mon propos sur le lavage n'a emballé personne... (Alors je me suis roulé en boule dans la salle de travail en disant, entre deux sanglots, "ça va" aux personnes qui s'inquiétaient de mon état.)
Ma chambre a été faite à 11h. J'aurais dû rester coucher. Le ménage consiste à pousser tout ce qui a à terre dans les coins, noyer ma salle de bain (genre, partir la douche téléphone et asperger toute la cabine, même le miroir), et noyer le plancher (sauf les coins). On vide aussi les poubelles (je me suis donc acheter des sacs pour rien !).
Bref, en France ou au Québec, la journée du ménage, c'est un jour de merde.
Je ne peux pas aller à l'Observatoire des jeux poqué comme je suis !

2008-09-25

la sécheuse


Pour votre information (Mathieu), je ne sais pas combien coûte la sécheuse. Je n'en ai aurai peut-être jamais besoin. Je me suis trouvé au bazar pour deux euros une magnifique corde à linge (c'est une corde en imitation corde, c'est d'un kitsch sans faille) qui va, j'en suis sûr, être rentable après une seule utilisation. En fait, j'étais censé l'utiliser uniquement pour mes jeans et mes chemises, mais comme le temps du lavage est ici un enjeu, dans le temps présent, plus important que l'environnement, je me suis dit : "Osons !" En effet, j'ai été habitué en appartement à un lavage plutôt anarchique, un lavage sauvage ou plutôt de subsistance. Le "notre lavage maison" se déroulait en quelques étapes : pister sa proie (la laveuse), attendre qu'elle paresse doucement, lui enfourner notre linge, notre savon et notre petit change puis, surveiller qu'elle ne se fasse pas brutalement attaquer (par un autre chasseur ou un senteur de bobettes, hein Mathieu). Il fallait répéter les mêmes étapes pour la sécheuse, plus rare (car elle prend plus de temps pour accomplir sa tâche, parce que les chasseurs en utilisent parfois deux plutôt qu'une seule, parce que les gens ne viennent pas chercher leur linge et on est toujours un peu mal à l'aise de toucher à du linge qui ne nous appartient pas). La vie d'appartement ne faisait que nous faire envier davantage les propriétaires (ou locataires avec les bonnes "prises") qui peuvent se payer le luxe d'avoir une laveuse et une sécheuse domestiques et domestiqués.
Ici, le "notre lavage maison" se veut plus civilisé. Il faut réserver les laveuses. Mais ces dernières n'en restent pas moins sauvages ! Pas sauvages dans le sens où il y a des cons qui sautent sur les machines sans avoir réservé. C'est qu'au moment de la réservation, tous les étudiants font la même erreur. On se dit : Ha ! Il y a une place disponible à 17h00. Parfait. Je vais la prendre. Laveuse 1 et sécheuse 1. (Il n'y a que deux laveuses et deux sécheuses pour toutes les résidences...) Mais non ! Il faut réserver la laveuse 1 à 17h et la sécheuse, plus tard. Là, c'est aussi anarchique qui si personne n'avait réservé, c'est sinon pire, car tous ont l'impression d'avoir raison. L'un avait réservé à 16h, mais n'a pas pu mettre son linge, parce que celui de 15 h avait pris les deux sécheuses à 16h30, l'autre ne venait pas chercher son linge, alors l'autre a pris la 2 plutôt que la 1. Celui de 17h est frustré parce qu'il a pas pu mettre son linge dans la laveuse avant presque 18h et il est "pressé". Bref, je n'ai pas tout compris, mais il y avait guerre de moues (mais à la canadienne, donc guerre de sacres). Moi, je suis parti avec mes trucs en remerciant le dieu du lavage (c'est qui hein ?) de ne pas avoir été "brassé" (et c'est le terme qu'ils utilisent à la Cité) dans la maison de la Suisse... 
Alors voilà, au-dessus de mon lit (d'ailleurs, ça va me causer un problème si mon linge n'est pas sec avant d'aller dormir... Oh well) flotte mon linge et une agréable odeur de savon Le Chat. Cela règle temporaire mon problème d'odeur de fromage. 
Bon, bientôt je devrai m'asseoir et étudier le problème des déchets ; ça avait l'air un peu compliqué avec leur système de couleurs, si bien que j'avais foutu mon sac dans la pile des déchets de l'Argentine, ça me paraissait plus simple.  

2008-09-24

Le fromage qui pue

Aujourd'hui, je travaille. Je me suis fait la liste des cours, j'ai terminé l'appel de textes pour Ethnologies, j'ai fait des recherches en ligne, bref, ça va rondement. Or, j'ai échoué à ma seule mission parisienne : faire mon lavage. Et je ne peux faire une moue qu'à moi-même. J'étais inscrit, j'avais mon linge, mon savon, j'avais repéré les machines, mais je n'avais pas les trois putains d'euros et cinquante centimes. Je suis frustré ! 
En plus, ça pue dans ma chambre ! Mais non, ce n'est pas mon linge. Enfin, je l'espère. Ce sont mes fromages. C'est hyper bon les fromages français... mais ouff. Dans une pièce petite comme la mienne, ça dégage une odeur ! Pourtant, ils sont enfermés dans mon réfrigérateur (vous vous imaginez si je les laissais respirer ?). J'ai hâte à l'été pour ouvrir mes fenêtres. 
Mais où vais-je trouver trois euros cinquante ?  

2008-09-23

Parfaitement moue

À Paris, tout est parfait. Le décor est surréel, les habitants sont élégants, jeunes et en santé, le réseau de transport est efficace, les restaurants sont bons, le bruit et l'odeurs sont fins et plaisants (sauf peut-être à Place de la Concorde...). Bon, il y a quelques crottes de chiens pour miner le tableau, mais sinon, c'est un 10 sur 10. Du coup (yeah ! J'intègre le vocabulaire français), les gens se doivent de viser cette perfection. Si c'est raté, c'est que t'es nul, sinon un nul. Chaque interaction est donc menacée de se transformer en mise en accusation de nullité. Encore plus, mieux vaut accuser l'autre avant d'être accusé soi-même. Le Parisien n'est donc pas un fendant ; il craint sa propre nullité, n'ayant jamais appris de sourire de ses propres déconvenues. Car être nul, c'est n'arriver à rien dans la société française (rappelons que tous l'appareil étatique fonctionne par sélection naturelle), c'est être condamné au statut de crotte de chien. 

Pour s'en protéger, la moue devient le masque de convenance idéal. La moue est un sourire inversée, inversant le sourire d'autrui. C'est un sourire par en bas visant à rabaisser. Et tombent les sourires. Faire une moue, c'est dire à son interlocuteur : "Moi, je suis parfait, c'est toi qui est nul". C'est cette même moue parfaite qu'on voit dans les magazines de mode. Pas étonnant que Paris soit la capitale de la mode, on y apprend à faire la moue dès la tendre enfance. Comme les Parisiens sont des professionnels de la moue (spécifiquement ceux qui travaillent derrière un comptoir), je vous conseille, avant d'aller à Paris, de vous  pratiquer devant le miroir pour atteindre la moue parfaite.

Si parfois, il y a des dialogues de moues sourdes, la plupart du temps, c'est le premier qui décroche la moue qui est déclaré vainqueur (donc le parfait). C'est un peu comme les duels dans le Far west... Attention, impossible d'entrer avec une moue, sinon, vous perdez... Il faut le faire au bon moment. En connaissant cette règle de base, les interactions (avec l'administration française) s'en trouvent facilitées. Aujourd'hui fut mon jour de moues. Je crois que je m'en viens bon.
 
Première moue : Je me rends à la station de RER. Il y a grève. Je fais une moue non-dirigée, sans m'esclaffer (une moue surdimensionnée est une moue imparfaite). J'ai eu la moue juste, j'ai donc eu l'air parisien et distingué. J'étais fier de moi. J'ai donc marché vers Porte d'Orléans le sourire aux lèvres.

Deuxième moue : J'arrive au 54 Raspail (c'est marqué 52, mais je me fais reprendre par tout le monde, alors disons 54.) Je demande l'heure à la réceptionniste. Elle me pointe banalement l'horloge que je n'avais pas vu. Je lui fais une moue molle, elle me répond par une moue franche. Foudroyé, je lui présente mes excuses d'exister et va attendre quelques heures en pénitence l'arrivée de l'ascenseur.  On n'apprend pas à une réceptionniste comment faire la moue !

Troisième moue : J'arrive au sixième (au septième), et entre dans le fameux local, lequel on m'avait interdit l'accès la veille. C'est un lieu suspendu dans l'absurdité. Il y a à chaque bureaux (au nombre de quatre) des étudiants et des employés qui gueulent ou introduisent leur gueule, un petit monsieur enfoui sous une tonne de formulaires, des papiers partout (un peu comme à la bourse de New York), des bruits de téléphones, personne n'est assis (sauf le pauvre monsieur qui cherche et cherche encore) et dans toute cette pagaille personne n'a pensé ouvrir les lumières. Je suis en plein milieu et je trouve ça délirant (comme les annonces de Déli-Cinq). Un bureau se libère, mais comme l'employée semble affairée, j'attends qu'elle me dise d'approcher. Pendant ce temps, l'étudiante à côté de moi, qui est arrivé quelques secondes après moi, s'impatiente (prête à me faire une power moue) et s'agitent. Je me retourne et je lui fais une moue autoritaire. "Écrase minable et attend ton tour." Elle se ressaisit. Pendant ce temps, le bureau voisin se libère et l'étudiante, juste à côté me fait signe d'y aller. C'était parfait.

Troisième moue : J'explique à l'employé la raison de ma présence et contrairement à ce que je croyais, je ne reçois aucune moue. Il y a anguille sous roche... Elle va chercher le dossier des étudiants de mon directeur, mais revient les mains libres. Là, je suis déboussolé : dois-je faire la moue ? Elle demeure sympathique et m'explique que mon directeur n'a pas fait son listing d'étudiants et tant qu'il ne l'aura pas fait, je ne pourrai pas m'inscrire. Bref, elle est en train de faire une immense moue métaphorique (et bureaucratique) à mon directeur. Tout en demeurant sympa, elle me dit de le contacter pour l'avertir. C'est horrible, elle me fait livrer une moue à un homme à qui je ne veux surtout pas recevoir de moue. Sur ce, je lui laisse une copie de mon diplôme, qui lui manquait, (copie que j'ai eu gratuitement, parce que je n'ai justement pas fait la moue à un employé dans un centre de photocopies dans laquelle on ne pouvait pas faire juste une copie... comme quoi, il n'y a pas que la moue qui paye !) et mes coordonnées parisiennes. 

Quatrième moue : La quatrième ne compte pas, car ce n'est pas moi qui l'a eu. C'est la pauvre secrétaire du labo dans lequel je suis affilié, super sympa, qui a pris sur elle tous les dangers de mon pauvre colis lié par une grande moue. Elle téléphona aux employés de la troisième moue et chacun d'eux la sermonna et l'engueula. C'était comme s'il y avait une nulle de service au bout de la ligne. Mais dans le fond, elle n'écoutait que d'une oreille, mais prenait toujours au téléphone un air résigné. "han han" Après l'imbroglio de moues, ils parlèrent de solutions. 

Cinquième moue : J'en passe, car j'ai faim et je dois aller dîner, mais j'ai réussis, après une journée de moues, une double moue piquée. Au marché, je sonnais à la protection à l'entrée et le gardien m'avait laissé passer quand même. À la sortie, je resonnai à nouveau, mais ce n'était pas le même gardien. Il s'avança vers moi avec une moue filée. Je lui dis que j'avais sonné à l'entrée et que le gardien, ne trouvant pas la source, m'avait laissé entrer. Il maintint néanmoins sa moue suspicieuse et perdant le sourire, je lui envoyai un "mais il faut parler avec votre collègue !" et il recula. Pendant ce temps, la caissière, d'une infatigable moue ou une moue permanente, c'est selon, cherchait l'étiquette des artichauts (j'avais eu un problème, car la balance ne voulait pas me donner de prix, car c'était paraît-il un prix unique). Ne la voyant pas, elle me tomba dessus en me disant qu'il fallait peser. Je lui répondis sèchement que je savais bien, mais que la balance ne donnait pas les artichauts au kilo. Elle s'emballa en disant qu'elle ne savait pas plus. Et je lui adressai ma seconde moue en autant de minutes : "Bien laissez tomber." et lui laissai le sac. J'aurais aimé qu'on soit une dizaine à vouloir acheter des artichauts. 

C'est agréable ce sentiment de s'intégrer tranquillement. C'est un peu ça la liberté. Moi, ça me donne le sourire et l'envie de kicker les pigeons. Un jour, j'essayerai peut-être. Pauvres pigeons.
 

2008-09-22

l'ascenseur

L'ascenseur à Paris, c'est sans doute ce qu'il y a de moins efficace. Désormais, ceux du DKN me paraissent comme des petits bolides à côté. Il faut dire qu'ici les édifices sont particulièrement bas, et que le Parisien moyen, généralement svelte et en forme, ne redoute pas de gravir six ou sept étages (c'est selon). Bon, c'est totalement de la généralisation hâtive, car je n'en ai essayé que deux (ceux de mon université). Mais je m'en fous. Deux, ça suffit quand il est question d'administration française, et qu'il faut partir, revenir, retourner et repartir. Dans le fond, je n'avais pas saisi ce qu'est une inscription. Demain (parce que je n'ai pas du tout terminé), je mettrai des espadrilles, un survêtement, je ferai des étirements et de m'hydraterai après chaque montée. Au placard les petits souliers vernis ! 

L'inscription, en France, c'est un véritable sport, voire un sport de contacts ! Si je comprends bien les règles du jeu, les étudiants doivent se dépêcher à entrer dans l'institution, se tailler une place et y rester, pendant que l'équipe de l'EHESS les plaque au mur, tente de les décourager avec des renvois, des transferts, des formulaires et des demandes de documents supplémentaires. 

Dans le fond, j'admire cette forme de bureaucratie : ça encourage la persévérance, l'échange (à ne pas confondre avec dialogue), le courage. Il y a toujours ici qqc de noble à obtenir un papier. J'admire d'autant plus les grands intellectuels français. Il y a aussi une question de justice. Au Canada, ça va généralement rondement et (trop) facilement pour tout un chacun, mais dès que tu sors du rang, pouf, ça ne marche plus, tu n'existes plus, tu te vois montrer la porte, tu attends des années avant de recevoir une réponse et il te reste généralement seulement la cour pour te faire entendre. Ici, le traitement est pareil pour tous : tout un chacun est un cas et doit faire un cas. C'est un processus de sélection naturelle et à quelque part, c'est juste.

J'aime ça dans le fond courir les formulaires. Mais la tabarnak qui m'a fermé la porte dans la face (il est 16h on ferme) et qui n'a même pas daigner répondre à ma question ("revenez demain !"), elle, peut-être moins. Ouf, ça me gratte sur la tempe droite quand j'y pense.

Sinon, je suis déçu. J'ai dit "chouquette" (chouquette maison en plus) et Dorothée Holmes n'a pas réagi... :(  

  

le dimanche

Le septième jour, c’est toujours un peu plus difficile de trouver des gens qui travaillent vraiment. À Paris, c’est plus simple : ils ferment boutique. C’est jour de congé et de fête. Les gens déambulent dans les rues, promènent toutou, pousse-pousse ou amante, s’écrasent dans l’herbe, écoutent de la musique. L’ambiance générale est relax, même les voitures se font plus courtoises. Le dimanche, à Paris, c’est toujours un jour bien mérité. Ici, on sait se reposer. Les commerçants, et même les boulangers, qui restent ouverts pour le bien du dîner, s’amusent même à lancer quelques blagues, heureux de voir leurs tablettes aussi vides.

Moi, ayant dormi toute la journée, je me trouvai fort dépourvu une fois le barbecue venu. (Car le dimanche est synonyme de fête à la MEC.) J’ai quémandé à une gentille ontarienne (Julie) une boulette et un bout de fromage et je me suis lancé à la boulangerie m’acheter des pains pour elle et moi. En bonus, je me suis pris un desser. Je comptais attirer des mouettes ou des amis. Mais tous les marchés fermés, je me retrouvai sans boire. Contre toute attente (mais surtout contre une poignée d’euros), j’ai réussi à me troquer du vin à une traiteuse chinoise qui parlait le même français que nos Chinoises à nous. N'est-ce pas merveilleux ?

Le dessert (une vulgaire tarte aux pommes que j’ai arraché à une vieille râleuse) m’a servi de monnaie d’échange pour pouvoir goûter aux fantastiques chouquettes, faites maison par une des deux Françaises de la résidence (elles sont à l’école d’agriculture, mais leur résidence est en reconstruction, alors on a hérité de ces deux chambreuses. Sympa, mais elles manquent fatalement d’internationalité. Il y a Marine qui étudie en biologie marine (je trouve ça très drôle !) et Anne qui doit ici constamment répéter son prénom parce que les canadiens anglophones et francophones pensent qu'elle dit Anna.) C’est fantastique. 

La MEC jouit d’une internationalitude sans pareille. J’ai d’ailleurs appris que le Canada, dans la Cité, était réputé pour faire les meilleurs parties, notamment à cause de sa cours intérieure et de ses étudiants plutôt bavards et buveurs. Il y a un étudiant qui vient d’à-peu-près tous les pavillons (Tunisie, Inde, Espagne, Etats-Unis, Mexique, Cambodge, etc.) et les Canadiens ne sont pas tous Québécois. Le portrait de famille est génial.

Je me suis trouvé des affinités avec deux étudiants en particulier : Julie, une flutiste libre qui a déjà vécu un an à Paris et David, un antiquisant qui débute un doctorat inutile (bref, un mélange de Mélissa et de Patrick). 

Mais là, il est 2h16 (non, je ne peux pas publier mon message tout de suite, car je n’ai pas Internet dans ma chambre… Problème de connexion), j’ai bu, et je ne m’endors pas. J’ai envie de me prendre un relaxant, mais nous ne sommes déjà plus dimanche…

2008-09-21

le dernier train

Hier, j'ai pris, in extremis, le dernier métro. Comme dans toutes bonnes villes qui se respectent, tous les trains mènent à Paris. Mais non, tous les derniers trains (autobus, métro ou peu importe) sont remplis de saoulons trop cheaps pour se payer un taxi. Et comme à chaque fois, je ne suis pas saoul et je constate, un brin de dégoût, les ravages de l'alcool sur l'humain. Dans mon wagon, j'ai eu la chance de me faire envahir par une bande de "mouches fifonnes" (cf 3600 secondes d'extase), qui parlaient forts, se tripotaient, imitaient Brenda dans le coeur à ses raisons (je n'invente rien ! J'avais appris que Marc Labrèche était une icône gaie à Paris, mais je ne pensais jamais entendre hurler "Ashley" à ma première sortie). Pour m'en résorber, je me suis plongé le nez dans un livre touristique que m'a prêté Anne-Gaël portant sur le Paris inconnu. Je comprends dorénavant pourquoi Jérôme est si mordu par ce genre de livres. 
J'ai pris le dernier métro, parce que je revenais de chez Anne-Gaël et Alpha, dans le 11e. Le souper (et le vin !) était divin et m'a-t-on confirmer que ma scolarité à l'EHESS se résume à une preuve d'assiduité à des séminaires... C'est le grand bonheur ! Pour couronner le tout, Alpha m'a sorti une compilation de Julie Masse en me demandant si je connaissais... Non, mais c'est fou qu'une identité peut se jouer même sur des paroles comme "Moi je ne me défile pas quand je te dis je t'aime, j'vais pas passer ma vie à cacher ma peine..." (c'est quoi après ?) C'est plus un ! 
Pour arriver chez eux, j'ai dû me perdre environ 15 fois dans le 11e. Quartier alors tout à fait vivant. Le contraste était frappant avec les quartiers plus touristiques que j'avais visité en après-midi (le 6e et le coin de mon université, Saint-Germain des Prés, le bout près des Invalides, la tour Eiffel, le Trocadéro), quartier qui sont peut-être d'une parfaite beauté, qui donnent des complexes à tous les touristes, mais qui semblent parfaitement cruels, froids et invivables. Du Trocadéro où Paris et les parisiens sont spectacularisés (il y avait des séances de break dancing), je suis sorti du métro République en tombant nez-à-nez avec une immense statue, sans doute la plus belle de Paris, et une activité sans pareille. Il y avait des déchets, des corps morts (i.e. des bouteilles vides) et des garçons trop saouls partout, des hurluberlues étrangement attriqués, des policiers qui ne  faisaient qu'acte de présence, des employés de la ville en train de ramasser la souillure au jet d'eau, des fêtards en train de distribuer gratuitement des bouteilles (les mêmes qu'on voyait partout par terre). J'ai appris plus tard j'ai manqué (de peu) la techno parade. 
J'ai réussi à prendre cette photo : 
Je suis un proud flâneur. Le 11e est venu répondre à mon inquiétude d'imaginaire, celle où la ville m'apparaissait trop belle pour que l'on puisse y évoluer.

Dude, I'm here !

2008-09-19

les cintres

Wow, en cherchant des cintres, j’ai franchi la porte d’un haut lieu du kitsch : le bazar ! Bon, je ne sais pas s’il y a des nuances entre bazar et foutoir, mais demeure qu’on y trouve à peu près de tout (sauf des cintres), comme un Dollorama, mais en beaucoup plus cher. (Mais à Paris, tout est cher !) Et tout n’est pas fait en Chine ! Je me suis trouvé un paillasson (comme si j’en avais besoin !) où c’est marqué : « Rien que du bonheur ! » (kitsch à souhait), un miroir où on peut lire (ici, il y a plein d’objets usuels avec des phrases punchs… Il ne manque que les jingle… C’est un peu dans le courant « Humeur Design », mais en tellement plus fashion.) « Trop beau pour être vrai » et un sac d’épicerie « J’en connais un rayon » (c’est pas de la prétention, c’est de l’autopromotion).

Alors après dîner, je suis reparti à la conquête de fichus cintres. Pour me faciliter la tâche, je me suis rendu à Châtelet - Les Halles en me disant, bien candidement, que s’il y avait des magasins, je pourrai sans doute trouver des cintres. ;) Non seulement je n’ai pas trouvé un seul cintre à vendre, mais je n’ai pas non plus trouvé la sortie. Je suis resté captif des centres commerciaux pendant une heure, à ne pas comprendre que la terrasse extérieure étaient en fait creusée dans le sol de Paris. Alors je cherchais désespérément la sortie à l’étage -3…. En sortant, ce fut encore plus pénible. Pas l’ombre d’un cintre, même à place Vendôme. L’endroit est pourtant réputée pour le shopping. Découragé, je me suis effoiré de désolation dans le Jardin des Tuileries, entre la première vue que j’ai eu de la tour Eiffel, et la pyramide de verre du Louvre… 

En revenant vers Châtelet – Les Halles Maudites, je suis tombé sur un hypermarché ! :) Quelle chance ! J’y ai trouvé des barres granola Lu (et dire que je croyais, à cause de son prix, que c’était une marque de prestige…), des papiers mouchoirs, du pain de mie tranché, et des cintres ! Hou hou ! Bon, ils sont verts (dans le sens couleur et non dans le sens "nature friendly"), mais je vais apprendre à les aimer comme ils sont. 









Mais la question qui me trottait en tête était la suivante : pourquoi n’y a-t-il pas de cintres au centre de Paris ? Quatre hypothèses me viennent en tête. La première : les Parisiens se procurent leurs cintres en périphérie. L’hypothèse est fort peu probable ou du moins assez loufoque… Je m’imagine ces riches sortant des zones 1 et 2 se déguiser en pauvres, avec des bas blancs, des mocassins, des bandeaux et des jupes à pli, pour aller faire le plein de cintres… Pire encore, des revendeurs de cintres qui viennent, dans les coins sombres, alimenter les Parisiens purs et durs pour ne pas qu’ils aillent à se soumettre à la banlieue… 

Deuxième hypothèse : les cintres sont un produit rare transmis de générations en générations. On se lègue des cintres si beaux, si solides et si précieux qu’on ne voit pas l’utilité d’en acheter de nouveaux. On préfère jeter le linge que jeter ces cintres patrimoniaux. 

Troisième hypothèse : les Parisiens n’utilisent pas de cintres. Ils laissent leurs vêtements « en moton » dans le fond du garde robe, ou les plient soigneusement (ou non) pour les mettre dans des kilomètres de commodes. Mais à voir la beauté des vêtements d’ici, je me dis que cette hypothèse cache une sous-hypothèse encore plus plausible : les parisiens ne s’achètent pas de vêtements. En fait, oui, ils vont les chercher le matin au magasin, se promènent avec toute la journée, dorment avec et le lendemain, ils vont les reporter pour en choisir des nouveaux. En fait, il n’y a que les touristes américains, gras et mal-vêtus (dans mon genre quoi) qui se les achètent, car confrontés à cette masse critique de cartes de mode, ils se complexent et achètent les fringues hors de prix (et certainement usagés), qui ne lui font sûrement pas (parce qu’un Parisien gras, c’est aussi rare que les cintres, d’ailleurs les cintres sont sûrement faits pour eux). La technique est donc une méthode très économique (et c’est ce qui explique comment c’est possible de survivre financièrement au coût de la vie) de faire rouler l’économie française… Pas fou ! 

La quatrième, c’est qu’il y a en plein centre de Paris la Mecque des cintres, une cintrerie, où tout le monde va. Ca serait logique qu’un tel monopole cintrique existe dans la capitale du chiffon… Mais, j'ai un faible pour ma troisième hypothèse...

Bien sûr, il y a l’option que je n’ai pas chercher aux bons endroits. Mais mon blog n’est pas censé faire l’inventaire de mes faux-pas. Sinon, comment je pourrais prendre plaisir à l’écrire ? Enfin, passons.

Demain, je pars à la recherche de mon université, mais c’est sûr, j’aurais plus besoin d’amis.

 

Comme une odeur de mandarine...

Première journée stimulante, j’ai découvert que le papier hygiénique était ici une denrée relativement rare et coûte une jolie fortune. Et pour couronner le tout, la plupart sont colorés, à motif, ou parfumés. Non, mais une belle odeur de mandarine pour oublier celle de… N’est-ce pas génial ! Mais encore faut-il le trouver. Les pharmacies ne vendent que des trucs de santé (non, mais on perd rapidement ses repères quand on ne peut plus s’acheter un rotato à la pharmacie du coin), et l’hygiène a été exclue de cette catégorie. Pour les trouver, il faut aller dans un hypermarché (version beaucoup plus soft du wallmart, maxi et cie, etc.), mais pas dans une épicerie ou un marché… Tenez-vous le pour dit !

Mais où trouver un hypermarché ? Je ne savais pas, alors j’ai entrepris de le découvrir par moi-même. Mon errance  m’a mené à traverser le périphérique. À Paris, il n’y a pas le mur de Berlin, mais il y a le périphérique. Tu le traverses, et tu changes de ville, de décor, de classes sociales. Et les passerelles ferment à 22h ; c’est comme un couvre-feu. La nuit, les plus riches restent entre eux, pendant que les plus pauvres restent en pénitence dans leur coin de pays. Là, les commerçants regardent comme une bête curieuse la Visa des Canadiens qui possède une bande magnétique plutôt qu’une puce. Si je n’ai pas trouvé de papier hygiénique (et par extension, un hypermarché), j’ai vu de mes yeux vus une bande d’hommes (maghrébins) en action sur les PMU. C’était exactement comme décrit dans les livres. J’y retournerai.

Demain (en fait aujourd'hui, mais ma connexion Internet ne marche pas dans ma chambre, alors j'ai dû attendre aujourd'hui pour aller dans la salle de travail), j’irai chercher des cintres…   

2008-09-15

Émoi et jarretière



Qui a dit que les mariages civils étaient moins romantiques ? Quel mariage émouvant ! Le public pleurait à chaudes larmes, à plusieurs reprises. Les voeux prononcés par Mathieu étaient si sincères que Hollywood pourrait le recruter comme scripteur... À ce chapitre, il est en train d'écrire un roman. J'ai hâte de le lire... Corinne a fait pleurer jusqu'au DJ avec son mea culpa à son père à propos de son bal de finissant et du fait qu'elle se soit sauvée pour ne pas à avoir à danser avec lui... Une autre scène de Hollywood !  
En plus d'être émouvant, c'était plaisant ! J'ai bu à en tituber (sans jamais ne crier d'injures), j'ai danser à en suer (il fallait que je remplisse mon rôle de gros garçon d'honneur en sueur...), j'ai jasé et rit à me faire oublier mon départ. En revanche, ça manquait cruellement de colons, de brosseux, de mononcles cochons (quoique, Grégoire a décidé de parfois soutenir le rôle, mais n'a aucune crédibilité comme mononcle. Mais comme cochon...), de danses en ligne (quoique, il y a eu un train), de tounes mauvaises (la cie créole est exclue de la catégorie) de cadeaux moches, de tenues risibles et de chicanes de matantes... Il n'y avait même pas de bouquetière ! Tous les enfants ont été exemplaires, les décos étaient chics et de bon goûts. Les fleurs étaient peu nombreuses, mais troublantes de beautés. Vous voyez bien que ce n'est pas un mariage normal ! Il n'y avait rien à croquer... Sinon des feluettes sans souliers (salut !) et des chochotes qui ont soit trop chaud, soit trop froid, soit les deux à la fois. 
C'était un mariage sans guirlandes, sans dentelles (bon ok, la jarretière), sans ballons. Un mariage sans cerceau, sans dragée, sans pluie, sans jalousie. Bref, un mariage sans âme kétaine. Si le mariage est en processus de dékétainisation, c'est de la faute à des gens comme eux ! (Shame !) C'était un mariage de gens cools et heureux, un mariage d'amis et de familles sélectionnés. D'ailleurs, chapeau à l'initiative du couple d'avoir trier les invités, comme le bon grain de l'ivraie (ou de l'ivresse...). Car tenter de ne pas décevoir personne, c'est un principe qui ne s'applique pas dans un mariage ! Si ce jour est pensé pour être le plus beau, qui croit sincèrement qu'y ajouter de la merde va l'améliorer ?   
Je suis heureux que mes meilleurs amis ont eu le mariage de leur rêve (car ça en était un). Merci de nous donner le goût de nous marier... 


2008-09-13

C'est demain le grand jour

Comme je suis émotif depuis mercredi dernier. Ce sont les noces de mes meilleurs amis et j'ai envie de pleurer comme un bébé. Pleurer parce que je trouve ça merveilleux - pour moi, Mathieu, c'est mon frère et Corinne, elle ne peut pas être ma soeur (sinon il y aurait inceste), mais c'est Corinne ! - pleurer parce que le mariage, il n'y a pas plus noble rituel - ça devrait être les funérailles, mais les gens ne respectent plus le sens du deuil. Heureusement, on ne semble pas manquer de respect pour l'amour - pleurer aussi parce que je ne connaîtrai sans doute jamais le rituel (car je n'ai pas envie de tordre un bras à mon chum pour qu'il prenne ma main, et que je pars à Paris (...), et parce qu'à mon retour, Stephen Harper va nous avoir retiré le droit), pleurer parce que c'est juste ça que je fais depuis mercredi. Ça ne va pas.
Demain, c'est le grand jour, les cadeaux sont tous cordés sur mon fauteuil. (je ne pouvais pas les laisser par terre, mon royal poodle niaiseuse jappe après le papier de soie blanc...) Non, mais ça donne envie de se marier tous ces cadeaux... Corinne et Mathieu sont si chanceux. Chanceux d'être en amour, heureux de l'être, heureux de l'être autant. Chanceux de s'être rencontré et d'avoir le droit de le vivre. Chanceux d'avoir été appuyés et soutenus dans leur relation. Et je crois que je vais me remettre à pleurer, pleurer de ne pas comprendre pourquoi mon amour échoue-t-il à vouloir se faire applaudir.
Putain, c'est Josée Verner qui se présente dans mon compté. J'ai envie de me mettre la corde au cou.

2008-09-12

Ça y est

Bonjour,
J'ai commencé à faire de la pub pour mon blog. Je me cherche un lectorat. Je souhaite ainsi arrêter de discourir dans le vide... N'hésitez pas à partager le lien avec vos connaissances qui me connaissent. :) Et surtout, écrivez-moi des commentaires... 
 

2008-09-10

Enterrés.

C'était l'enterrement de vie de célibataires à mes amis. Ils l'ont fêté ensemble... Paradoxal ? En effet. Je ne voulais pas me tuer à chercher à les en empêcher, question que l'on ne souligne pas aussi mon propre enterrement... Mathieu et Corinne, ici à gauche,  dans les bras de mon chum (elle était capable de se tenir, mais pourquoi se retenir à côté d'un homme comme lui ?) se sont je crois bien amusés. Il y avait peu de gens (une douzaine), mais peu importait. C'est de toute façon un couple qui préfère les petits groupes (d'intellos), les discussions (d'intellos) et les rires gras (heu...). Dommage, ils se souviennent de leur soirée (malgré ce que laisse croire la photo...) J'aimerais pouvoir raconter qu'un a vomit dans la bouche de l'autre, ou que Corinne s'est dévêtue en criant des insultes à de purs étrangers. Mais bon, on va leur laisser une chance, ils doivent déjà vivre avec l'humiliation d'habiter en Outaouais... 
Bon, le célibat n'a pas été enterrés à souhait ; le rituel ressemblait davantage à une infopub pour le mariage et la cohabitation juvénile. Ils ont reçus des cossins contre quelques pitreries... 
Nous portions tous (sauf Jérôme, il déteste les déguisements) un magnifique T-shirt fabriqué par la soeur et le beau-frère de la future mariée. Nous devions faire la tournée des bars, mais, cherchant à respecter le rythme des futurs époux, nous n'avons fait que deux arrêts. Ça promet pour le grand jour ! Et pourquoi faudrait-il se dépêcher quand on peut avoir du plaisir sans bouger ? C'est la philosophie du futur époux. Et il l'applique admirablement ! C'est samedi en fait le mariage... J'ai très hâte. Ça sera certainement un mariage sans défaut, à l'image de la mariée. Quant au marié, heu... je n'ai pas l'habitude de lui trouver des qualités, mais honnêtement, je lui souhaite un grand bonheur. Mes amis sont enterrés, vive les mariés. 

2008-09-04

J'imprime

Bonjour,
Je suis en pleine impression. J'espère en faire une bonne.
J'ai relu mon manuscrit... j'ai presque honte d'avoir osé envoyer la première version... L'Harmattan n'a pas dû me lire pour m'accepter...  Je n'ose même pas réouvrir mon mémoire de maîtrise (qui se trouve en fait à être une version antérieure...) Je me dis que je devrais le relire encore, et encore, avant de l'envoyer, mais à quoi bon. C'est comme une maison, si les acheteurs potentiels n'ont pas eu le coup de coeur, ils ne trouveront que les petits défauts. Mieux vaut qu'il en aille... De toute façon, j'ai renoncé à l'excellence. J'en suis incapable. 
Je prévois envoyer mon texte à de "moins grandes" maisons d'éditions... des éditions à hauteur de nain de jardin... J'adore Allia, son arrogance... J'espère qu'ils m'enverront une lettre ! 
Je collectionne les lettres de refus... J'adore leur style à la fois navré et indifférent. J'adore l'aspect qu'une lettre aussi personnelle soit aussi, impersonnelle. "Au suivant" chanterait Brel... Je suis, pour Gallimard, pour Flammarion, un des suivants du monde. Mais seulement le fait que mon nom soit indiqué sur du papier provenant d'une maison d'édition, ça me fait un velours. Comme si j'étais unique, comme si j'existais pour le monde littéraire. 
Je suis sans doute un écrivain raté en devenir, mais j'imprime quand même. Je souille des pages blanches. Au pire, au mieux, j'accepterai fièrement l'offre de l'Harmattan. Mais dans l'immédiat, je n'ai pas assez de refus pour m'en satisfaire.  
Hé merde, il me manque d'encre... 

2008-09-02

C'est mon premier message

C'est mon premier message sur mon premier blog. C'est le début d'un monde numérique. Du moins, le mien. Quoique, je tiens à envoyer la main à mes amis Facebook... Mais pourquoi un blog et un profil Facebook ? C'est peut-être la peur de disparaître... Disparaître aux yeux du monde, aux yeux de ses proches, à ses propres yeux. J'aimerai sans aucun doute "toujours" le terrain (virtuel) de jeu, de jeu social, tel que le propose Facebook. Mais, j'avais envie d'un espace plus introspectif, sans emmerder tous mes "amis" (dont certains m'intimident franchement tellement je ne les connais pas ou plus) avec mes réflexions et mes états d'âme. De toute façon, résumer une fois par trois jour mon état d'être en un seul vers (un vers solitaire ?) m'indisposait. Je rêvais d'encadrés blancs et d'espaces de liberté. Ces rêves coïncident, alors magnifiquement, avec mon déménagement pour Paris. C'est le prétexte en fait : donner des nouvelles à mes proches. Sinon pourquoi un journal non-intime ? Pourquoi ouvrir une fenêtre sur son monde si ce n'était pas pour espérer s'y sentir moins seul ? Pourtant, je n'ai pas l'impression de me sentir seul. Je crois que je n'ai jamais eu aussi envie de solitude. Ce blog est sans doute un acte désespéré de solitude... Je m'oblige, par ce blog, à me parler, à m'écrire. Le prétexte de donner des nouvelles de la ville lumineuse tombait donc très bien. Je m'assure qu'ainsi, confronté à moi-même, je ne me heurte pas à un tissu de banalités. À Paris, il se passera certainement "quelque chose".  
Mais pourquoi attendre ce "quelque chose" comme s'il ne pouvait qu'arriver qu'ailleurs qu'ici ?