2008-10-30

le catwalk

C'est fou Paris comment le monde ont de la classe et du chic. C'est un catwalk perpétuel. À chaque fois qu'il faut que tu marches en ligne droite, c'est comme, il faut que tu "shakes [ton] little touche on the catwalk". Ça te boost une confiance en soi, une confiance en l'avenir. Si t'as le malheur d'avoir un iPod, oublie ça. Le monde t'appartient. Tu te trouves moche ? Va faire un petit tour sur le méga tapis roulant de la station Chatelet Les Halles en écoutant Dj Champion ou genre Ramasutra. (Bon. Florent Pagny interprète la station vraiment différemment... OMG l'horreur !http://fr.youtube.com/watch?v=Xp30mbTQhPQ Désolé, les filles m'ont fait regarder trop de Youtube aujourd'hui...) 

J'avais RV avec la personne la plus près de mes intérêts de recherche aujourd'hui à la gare de Lyon. (non, mais je ne suis pas venu à Paris juste le vin, les menthos et les spectacles hips) Je ne vais pas marquer son nom au cas où il se google, mais seulement pour vous dire, il y a trois traits d'unions... C'est un chercheur lyonnais. Vraiment cool comme rencontre. J'étais un peu désorienté dans mon projet de carrière, mais je l'ai rencontré et suddenly, c'est devenu possible. C'est surtout devenu cool. Je sais pas, il me racontait les voyages, les rencontres, les défis, la recherche de financement, la quête de la compréhension, le plaisir de faire ce que l'on aime, simplement. Belle rencontre. 

Avec le temps, on oublie pourquoi on a choisi de vouloir exercer une carrière. On finit par se croire un peu absurde, sinon cinglé. J'étais un peu absorbé par une course à la performance (cette idée aussi de se tenir avec des étudiants qui ont des A+...) et à la re(con)naissance (men, je n'écrirai plus jamais reconnaissance tout court), par une quête quasi masturbatoire du mot juste, du concept miracle, de l'érudition. Je ne serai jamais un petit célatien, parfait dans ce qu'il fait, un top-modèle du catwalk scientifique. Je ne sais pas si un tel régime de vie me convient. Anyway, je sais que j'en ai pas le potentiel. J'étais seulement prétentieux d'y aspirer. 

Non, si je veux vraiment arrêter d'avoir le spectre de l'imposteur derrière moi, je dois assumer davantage le fait que je suis un beauf de l'ethno, colon, mais pas méchant, qui n'aura peut-être jamais sa place parmi les grands, mais qui on invitera volontiers autour de la table parce qu'il est bien funny... Non, belle rencontre qui m'a permis de me projeter dans un chercheur plus près de mes capacités, de mes aspirations, de mes intérêts. Ça m'intéresse moi, vivre. Vous savez, la vraie vie Reitmans off-runway ? 

Bon, je dis ça, mais je continue d'admirer mon directeur full fashion (et ses lunettes Versace) qui finance tous les défilés... Ça se fait un modèle entre les deux ? Y a-t-il un catwalk pour les exclus de la perfection ? Un dogwalk ?

Bon, je dois me coucher, car mes femelles alphas auront besoin demain de mes qualités de designer... Je vous tiens au courant.

2008-10-29

N'importe quoi

"Éric Lapointe". Tu vois Noémi, j'ai plogué Éric Lapointe sur mon post. Bon, c'est n'importe quoi, mais c'est au moins "quelque chose" (au sens où Eco l'emploie). Mais ce n'est pas totalement dénué de sens, car il chante "N'importe quoi". 

À part être sans nouvelle de MoNo partis (oui, il y a un s...) à Baltimore (tu me parles d'une destination ! En tout cas ce sont des originaux...), j'ai été invité à partagé un resto avec Noémi et Julie P. Pour être franc, Julie P. m'a appris qu'elle allait au resto avec Noémi, c'est plutôt moi qui s'est imposé comme une brute épaisse. J'aurais été prêt à faire "n'importe quoi" pour les suivre... 

Enfin, n'importe quoi dans le sens "sautiller sur un pied en essayant, entre chaque saut, de me rappeler le nom de chacun des élèves de ma classe de troisième année sans support mnémotechnique" (je suis sûr que Noémi est capable de faire ça, elle a tellement une mémoire phénoménale, mais elle, elle ferait des arabesques) pas dans le sens "cracher sur mes convictions les plus sincères pour adhérer à un groupe pour un brin de re(con)naissance"

Mais nul besoin de sautiller, elles m'ont accepté comme un des leurs. Nous sommes allés au Glandine. Je ne sais pas s'il y a un s ou non... Je vais vérifier. Ça prend un s ! Reprise.

Mais nul besoin de sautiller, elles m'ont accepté comme un des leurs. Nous sommes allés au Glandines. Dans ce cas, "au" va peut-être prendre un x... aller aux Glandines ? Hey merde... Ha ! Je l'ai. Rereprise.

Mais nul besoin de sautiller, elles m'ont accepté comme un des leurs. Nous sommes allés Chez Glandines. (Yeah !) C'est un restaurant bien apprécié par les "locals" (le genre à Rachel Ray dans 40$ a day... Sauf qu'il faudrait que ça s'appelle 40 euros a day... à moins qu'elle fasse la conversion, mais messemble que 25,5 euros a day ça sonne mal...) Restaurant de bonne bouffe basque, pas cher pas cher, portions qui satisfont un obèse, quoique ce n'est pas vraiment un environnement agréable pour un obèse... 

Il n'y a aucune place dans ce resto, c'est ridicule. C'est comme un boat people, mais de personnes qui attendent pour manger. Ils réussissent à placer 4 personnes autour d'une table deux places et ils mettent huit personnes autour en leur disant que ça sera leur tour prochainement... C'est n'importe quoi. Mais ça demeure hyper divertissant. 


Ça c'est une photo de moi devant deux lapins (pas en chocolat) orange fluo devant le théâtre des Champs-Élysées (j'étais chic !). Il y a une madame dans le cadre, c'est voulu. 

Il n'y a tellement pas de places qu'on a hérité (hériter n'est pas le bon verbe, car on peut refuser un héritage... Le mot "pogner", que Jocelyn Létourneau aime chercher à théoriser, serait adéquat) de deux places et demi à une table de 8 qui comprenait trois groupes différents. J'y reviendrai, je voulais juste vous présenter Julie P. (Celle qui rit quand je dis nains de jardin) et Noémi (celle avec qui m'accompagne, ou me traîne, c'est selon, dans les spectacles les plus hips de Paris). 
Petit topo sur Julie P. (à gauche) : doctorante en philo-littérature-politique, Julie P. a des montures de rêve et une gueule de star. Elle affectionne plus que tout le magasin Chez TATI, les petits pots au chocolat et viens de découvrir les chouquettes. 
Petit topo sur Noémi (à droite) : doctorante en littérature-musicologie, Noémi incarne cette divine beauté dont parle les plus grands romantiques (d'ailleurs, je réalise à l'instant que les deux plus belles femmes que j'ai rencontré, en chaire et en os, dans ma vie s'appellent Noémi(e)). Elle ne rit pas quand on parle de nains de jardin, et se plaît à nous mettre "Animauville" de Nathalie Simard dans la tête.   
 
Dans le plat en stainless, c'est la salade 5 diamants que nous avons pris tous les trois (enfin, chacun une). Cette salade, c'est vraiment "du" n'importe quoi : il y a du chèvre chaud, un crouton, du gésier, du foie de poulet, du fromage, de la tomate, des patates, un oeuf au plat... On dirait une fricassée de vieux restants que tu mixes avec ta laitue que t'as peur de perdre. C'est hot. Une belle expérience gustative.

J'insiste sur l'adjectif, car comme expérience, c'était plutôt moyen. À vrai dire, c'était très chiant. On a attendu plus d'une heure avant d'avoir une place (dans le froid), on a eu la pire place au monde (à côté de la porte) et on nous a placé avec le pire jerk que j'ai rencontré so far (et ça ne concerne peut-être pas juste Paris).

Il a commencé par être désagréable avec Noémi pour une question de tabouret. Puis, il nous a garoché le pain de notre côté, un peu comme si on était des pigeons. Il s'est mis à "jaser" avec le pauvre petit groupe de quatre pauvres Français laids (d'anciens enfants laids en fait) à l'autre extrémité de la table... Peut-être que nos airs de cul y étaient pour quelque chose... Puis, seconde d'après, il mangeait dans l'assiette de sa voisine... C'était vraiment n'importe quoi. 

Il s'est ensuite mis à insulter le chum de la pauvre fille parce qu'il était fonctionnaire, il lui parlait de mauvaises putes, et il parlait de "tirer un coup" (je crois que ça veut dire baiser) à Dubaï, il reniflait, avalait rapidement et bruyamment. Ça outrepassait les limites du ridicule. (Imaginez : il y a l'irritant, le désagréable, l'inacceptable, le ridicule et ... lui) On a seulement fermer la fenêtre de notre bulle. Click. 

On la réouvert une fois pour accepter qu'il nous prenne en photo (il nous l'a proposé... Why not  peanut ?) et il en a profité pour traiter Noémi de blonde. À l'intérieur de notre bulle, on s'est plu à chanter "Crève mon sale". Ce qui est bien avec ce type de Parisien, c'est qu'eux nous comprennes nullement. On peut alors dire n'importe quoi. C'est ce que l'on a fait.

À la fin du repas, il nous a traité de touristes. Julie P., d'un ton morne et humiliant lui a fait remarquer que son propos contenait une erreur de sens aux relents ethnocentriques. L'acidité n'a pas montée dans le ton et nous sommes partis sèchement. C'est dommage qu'il ait existé. C'est sans doute ce qui sera marqué sur sa tombe. 

En Amérique, nous n'avons pas beaucoup de règles de politesses à table, sinon des manières à l'Anglaise. On peut presque dire que l'on peut faire n'importe quoi. C'est quand même ironique de constater, dans la capitale de la classe, que nous aussi, on a des règles minimales. Ces règles concernent en fait l'interactivité : permettre à au moins deux partis de construire une relation. Manquer à cette règle, c'est faire un suicide social, peu importe où l'on se trouve dans la hiérarchie. La relation est détruite. 

Quel jerk. Mais bon... La devise de notre ère, c'est "Il faut faire n'importe quoi pour devenir n'importe qui !"

2008-10-28

le Japonais

La France, et qui plus est la MEC, ce n'est peut-être pas l'environnement le plus facile pour un mathématicien unilingue Japonais qui parle un peu anglais. Pauvre Utaka. 

Là, si Julie P. lit mon message, elle est en train de rire  parce que d'une part elle voit la photographie que j'ai prise dans le métro lors de la nuit blanche, d'autre part parce que j'ai dit "Utaka" et ça la fait bien rire (elle rit aussi quand je dis "nain de jardin"), et d'autre d'autre part parce que je suis en train de faire un post sur Utaka. En passant, si Julie P. trouve la photographie drôle, c'est que Utaka, c'est le Japonais en arrière à gauche qui essaie d'entrer dans la photographie que je prends d'Élie et de Jordan. Enfin, c'est fou comment ça le présente bien. 
Donc le pauvre Utaka essaie depuis le début de son entrée à la MEC de comprendre comment on peut exister en France. C'est un malheureux brassé, qui aurait pu tomber sur pire (on se rappelle la philosophe pleurant son sort à la maison du Mexique...), mais qui aurait eu un séjour drôlement plus efficace à la Maison du Japon... Pauvre Utaka. 

Il erre dans la cuisine du troisième (c'est un asocial par défaut, il est donc pardonné) et réunis constamment son petit change pour oser nous poser des questions qui nous semblent d'une évidence stérile : "where can I buy food ?" "how can you call outside France ?" "where can we print documents ?" "where can I buy hangers ?" Et on lui répond, mais il nous sort constamment un "ha ok" qui démontre qu'il n'a visiblement rien compris. (Bon ok, j'avoue, il n'est vraiment pas si pire en anglais, mais pour l'exercice de style, on va dire qu'il n'a rien compris.) Pauvre Utaka. 

Aujourd'hui, on contenait notre hilarité, car le pauvre Utaka, qui est postdoctorant en maths mais qui ne sait visiblement pas cuisiner, a voulu se faire des pâtes. J'imagine qu'il a observé tout un chacun (car ici, on mange des pâtes trois jours sur quatre). Alors il a ouvert son sac de spaghettis, fait un dégât d'enfer, mis un chaudron d'eau sur l'élément, mis les spaghettis dans l'eau et il est parti 10 minutes.  

Quand il est revenu, ses pâtes n'étaient évidemment pas prêtes, alors il est reparti 10 minutes. Une fille l'a un peu pris en pitié, alors elle a poussé les spaghettis pour qu'ils plongent entièrement dans l'eau qui commençait à peine à bouillir... mais les bouts submergés ont eu le temps de coller entre eux. Alors les spaghettis ont continué à cuire, mais comme il ne venait pas les brasser (et que la pousseuse de spaghettis voulait quand même pas lui préparer son dîner), ça collé bien raide. 

Quand Utaka est revenu, il était content d'avoir des spaghettis prêts alors il les a mis avec beaucoup de difficultés dans une passoire (pour savoir ce que c'est une passoire, consultez le vidéo explicatif sur le blog de Van Troi Tran (outposts) qui s'appelle cours de logique du professeur Shadoko). Après, il a mis le pain (c'était un pain oui) dans une assiette. Je ne l'ai pas vu avec un pot de sauce... Je suis parti... Non pas que je ne voulais pas voir ça, mais je n'avais plus rien à faire. Pauvre Utaka.

Dans le fond, on le laisse dans sa merde. Il ne comprend pas. Ha... En fait, on trouve ça drôle ! Mais que pouvions-nous faire ? Lui expliquer ? Comment ? En faisant son assiette à sa place ? Bel apprentissage : il met des spaghettis sur le feu et hop ! Magie, un bon spag... C'est important qu'il se submerge (comme ses spaghettis)...   

Dans le fond, Utaka, c'est un peu notre immigrant en nous... Désorienté, il doit réapprendre à trouver des repères, se familiariser avec la langue, l'accent... Il doit constamment oublier ce qu'il sait pour tout revoir en neuf. Il doit renaître, non pas pour se re(con)naitre, mais seulement pour sortir de l'ombre. C'est une part en nous super vulnérable qui découverte quand notre quotidien est ébranlé.  

Nous, on le laisse à l'ombre, à l'arrière-plan (comme la photo). On dirait qu'on ne veut pas le voir, ou du moins l'assumer. Du moins, pour l'instant. Nous, on cherche à s'intégrer (en fait, pas du tout, car on est à la MEC, pas à Paris... Mais on essaye quand même de s'intégrer à la MEC) et on ne veut pas voir cette part sombre qui veut un peu de lumière, qui veut intégré le quotidien. Nous, on le voit davantage comme une part de ridicule en nous. On préfère en rire, entre Canadiens. On pense qu'il est la preuve qu'on s'intègre bien, mais dans le fond, il est la preuve que nos quotidiens possèdent encore beaucoup de zones d'ombre. 

Mais si nous (un nous qui implicite que les Canadiens sont ses hôtes) ne l'aidons pas, comment est-ce possible qu'il s'intègre ? Parce que l'enjeu, c'est que notre immigrant en nous ne s'intègre jamais, et qu'on ressemble à un espèce de Texan à côté de ses pompes (cf la re(con)naissance). 
Et le plus fantastique, c'est que Utaka garde toujours le sourire.    

Il y a un Japonais chez chacun de nous. Il prend des photos, c'est sympathique, mais s'il n'a pas de guide, il finit par manger de la merde. Et si je vais au Japon, ça pourrait bien être mon guide. Il y a peut-être aussi un petit Canadien chez chaque Japonais...

2008-10-27

les strapontins

Bonne fête Québec ! Je reviens de fêter ma propre ville en plein (ohhhh) Champs-Élysées (pada pada da) au concert Gala du 400e de Québec. C'était un spectacle avec l'orchestre nationale de France dirigé par Jean-Philippe Tremblay (tu me parles d'un nom exotique) et Fabien Gabel. Les têtes d'affiche étaient Alain Lefèbvre et Marie-Nicole Lemieux. J'y suis allé avec Noémi qui a décidé de foxer une conférence pour aller voir ça.

J'ai rarement été aussi nerveux pour obtenir mes billets. J'avais réservé deux places en troisième catégorie à moitié prix dans un site vraiment étrange où on ne payait finalement pas les billets... On ne faisait que les "réserver" et il fallait imprimer un truc pour le donner au vendeur de tickets. Mais pour avoir le truc, il fallait appeler à une place à 1,5 euros la minutes... En tout cas, ça puait l'arnaque. Mais non, tout était en règle... Étrange.

Finalement, nous avons décidé de ne pas prendre les deux billets en troisième catégorie, car on aurait été assis séparément. Le vendeur de tickets nous a plutôt invité à prendre deux places à huit euros chacun en quatrième catégorie, mais dans la section de la deuxième catégorie. C'était "les strapontins". (Yeah ! Je l'ai encore plogué) Nous, on pensait aux strapontins dans le métro et nous nous sommes dits : bien, on serait fou de refuser ! L'arnaque, elle était là. 

Les strapontins, au Théâtre des Champs-Élysées (En passant, c'est vraiment un grand "Théââââtre" comme dirait Marc Labrèche... Les gens étaient d'un chic (et nous l'étions aussi)... Magnifique, il y avait tellement de gratins inconnus mais tu le sais qu'ils sont gratinés... et pas toi...), c'est comme la honte... Tu arrives dans les deuxième catégorie et c'est comme : "bonjour, je suis un cheap ou un roturier... décide" Nous, on a joué la carte du petit étudiant. Si au Québec on paye tout moins cher quand on a une carte étudiante, ici, on nous excuse de bien des trucs... On provoque toujours un vent de nostalgie, comme si nous chantions "la bohème" au creux des oreilles des vieux criss. On doit leur rappeler leur jeunesse...  

J'en étais aux strapontins... Ça ressemble à un bras de siège, mais ça se déplie difficilement (il faut le tourner, puis descendre le siège...) en faisant un grincement terrible, et il ne faut pas que tu le lâches, sinon le siège se referme d'un coup, avec fracas. En effet, c'est inconfortable. Inconfortable physiquement, mais socialement aussi... Parce que ce n'est pas déjà suffisamment honteux de déplier un strapontin en deuxième classe, il faut aussi être assis beaucoup plus haut que les autres. De fait, on peut identifier en un coup d'oeil qui sont les cheaps et les roturiers. Au moins, en troisième classe, on aurait été à l'ombre... Non, mais les vendeurs de tickets ici, ils veulent pas vraiment ton bien...

Mais pour en ajouter, une vieille criss de deuxième classe décide de vouloir faire la conversation à Noémi et décide de se scandaliser qu'elle n'aie jamais vu Alain Lefèvre en concert et qu'elle aie attendu à Paris pour le faire. Sale salope ! Enfin, en attendant un peu, on découvre que le côté positif à la quatrième catégorie, c'est qu'il y a toujours des sièges libres et tous les strapotinés se les partagent. C'est certain que la politesse aurait voulu que l'on reste à nos sièges, mais anyway, on était déjà taxé de colons... Donc j'ai pu voir le spectacle comme les gens de la haute.   
 
C'est injuste ? Pas du tout. 8 euros, c'était déjà assez cher payé pour ce spectacle. L'ouverture de Berlioz passe complètement inaperçu. Je prends un plaisir fou à regarder le chef d'orchestre qui est survolté. C'est le seul plaisir que j'en retire. Puis, on fait entrer un piano à queue, et le rock star québécois Alain Lefèvre (qui aurait besoin d'un tour d'oreille... j'aurais une adresse pour lui). Évidemment, il joue du André Mathieu, sa quatrième... Hou hou... Sortez tambours et trompettes ! Ça dure 45 minutes. Parfois, c'est beau. 

Il fait en rappel "La canadienne"... Étrange, mais bon choix. C'est un moment fort du spectacle...

Entracte, à l'extérieur, ça ne parait pas qu'on est des strapotinés. Alors on en profite pour commenter silencieusement la tenue des autres et on se paye un verre au bar. Je fais mon frais, je laisse un euro de pourboire... (Quelqu'un a lu La Duchesse et le Roturier de Michel Tremblay ? Bien c'est ça.) 

On revient... La vieille criss a levé les pattes, on hérite de ses sièges... J'ai le coeur qui palpite, je vais me faire dépuceler (dans le sens figuré du terme) par Marie-Nicole Lemieux en personne, une vraie, une bonne professionnelle, qui en a vu d'autres... Je suis à la fois nerveux et excité. Elle chantera entre autres des poèmes de Baudelaire, je suis convaincu que ça va être orgasmique... Mon premier concert de chant lyrique. Bon, j'avais déjà vu Cendrillon en opéra à l'Université Laval, et des bonnes chanteuses à des célébrations de mariage, mais avant le premier concert, c'est difficile de parler de dépucelage. On parle de touche-ouïe-ouïe, de hard-listening, mais pas de pénétration dans le vrai sens du terme, quand ça touche là où il faut pour te faire vibrer. 

Elle entre, elle a une robe trop rouge, mais moi je m'en fous, c'est ce qui a en-dessous qui m'importe. La musique démarre, c'est du Duparc. Je ne connais pas, mais suis aveuglé par ce qui va se passer devant moi... Elle se met à chanter... C'est beau, mais j'ai hâte que ça décolle... Et ça se termine... 5 coïts interrompus comme ça... 5 pseudos-chansons qui ne donnent que des orgasmes ennuyeux, voire pénibles. Je suis suspendu entre la joie de me faire dépuceler et la déception de la platitude de l'exécution. C'est une première fois comme on aimerait l'oublier. Pourtant, l'organe est bien là et impeccable, je suis là, ouvert, attentif, prêt à recevoir, la situation est idéale... Mais parfois, ça ne lève juste pas.      

Marie-Nicole (je me permets de l'appeler par son petit nom, maintenant que nous sommes intimes) entame sa sixième pièce. Il y a changement de compositeur (Saint-Saëns). Je tends l'oreille en me disant que ça sera au moins une finale comme dans les films, avec des cris et de grandes (ré)jouissances. Je tombe amoureux de Marie-Nicole quand je l'entends murmurer "Berce-moi l'ivresse"... J'aurais envie de tomber alcoolique pour réentendre encore et encore cette phrase... Puis, elle cri enfin. C'est le grand moment. Ça ne durera que 20 secondes... 20 secondes de condensé de plaisir. 

Ça valait la peine ? C'est ça un concert de chant lyrique ? Qu'est-ce qu'ils ont les mélomanes à s'obséder pour si peu ? Je me dis que j'ai tombé sur des pièces plutôt moyennes... Une mauvaise première fois, comme on en vit tous une... 
(Ha oui, le concert n'était pas fini... L'orchestre a joué, après Marie-Nicole, deux pièces de Dukas lesquelles on se serait bien passées...)   
Non, pas mauvaise, mais pas idyllique... c'était loin d'être parfait. 
En plus, j'ai appris que c'était "Verse-moi l'ivresse", image que je trouve tellement moins hot...

Le public est resté plutôt froid en applaudissements, mais je ne sais pas si c'est seulement parce qu'il était parisien... Dans le fond, il était peut-être déchaîné... Qui sait... Mais plusieurs ont quittés avant la fin des applaudissements. Quant à nous, on a regagné les strapontins du métro, ceux qui ne discriminent pas, en nous disant qu'il fait bon revenir chez soi...  

Bonne fête Québec quand même !

2008-10-26

la cuisine

La cuisine, c'est un excellent moyen d'échanger et de partager avec l'Autre. C'est d'apparence anodine, c'est immédiat, on s'y adapte rapidement, on découvre ce que l'on aime, ce que l'on aime pas. Dans une identité, c'est la première chose que l'on ouvre, mais c'est la dernière chose que l'on abandonne. Par exemple, je découvre à quel point je ne saurai vivre heureux sans hot dogs. Mais ce n'est pas de cette cuisine que je voulais parler.

En fait, je voulais vous parler de la cuisine du troisième. (J'habite au premier, mais pour pleins de raison, je mange au troisième.) C'est vraiment cool d'un côté, parce qu'on découvre des gens, des manières de penser le repas... Il y en a qui arrive avec trop de stock, qui monopolise la table, l'attention. D'autres en prennent le moins possible, se contentent de faire chauffer un truc (c'est le bon terme) au micro-onde avant de s'évanouir dans leur chambre à l'abri des regards indiscrets (par exemple moi qui a le nez fourré partout dans l'assiette des autres, mais qui déteste me le faire faire). D'autres (pourquoi j'utilise le pluriel ?) arrivent "innocemment" avec une bouteille d'eau et une assiette vide et attendent qu'on leur remplisse. C'est la belle vie de résidence. (Au moins, il n'y a pas d'enfants laids.)

Mais l'échange ne se fait (heureusement et non) pas juste au gré des rencontres et des contacts directs... Les contacts indirects sont à la cuisine du troisième une source intarissable de sujets hurlants. En sa qualité de lieu commun, il y a une négociation de l'espace public qui exacerbe l'individualité. Au 3e, on apprend vite à qui on a à faire... Montre-moi comment tu gères ta cuisine et je te dirai qui tu es... Très tôt, on apprend à détester des gens. 

Il y a "les asociaux" qui entrent dans la cuisine sans dire bonjour, repartent sans dire au revoir, partent s'ils rencontrent des gens, mangent à des heures douteuses ou préfèrent manger dans leur chambre. Habituellement, ils nous rendent indifférents, mais leur asocialité cache souvent un vecteur de détestabilité... (C'est tellement de la mauvaise foi, mais on s'en fiche)  

Il y a "les égocentriques" qui prennent d'assaut la cuisine comme s'il s'agissait de la leur. Ils s'installent dans un siège et ne le libèrent même pas s'il y a trop de monde, ils se prennent des casiers qui ne leur appartienne pas (moi, j'y ai été forcé, j'ai échangé mon casier avec du monde qui voulait manger à la cuisine du premier, mais ils n'ont jamais payé leur 20 euros pour me libérer leur casier... je me suis vraiment fait fourrer...), ils partent avec des objets utiles à tous (il n'y avait plus aucune passoire aujourd'hui... Habituellement, il y en 6... Qu'est-ce qu'on peut faire avec 6 passoires ?), ils n'ont jamais acheté de liquide vaisselle ni d'éponges, se contentant de voler ceux qui en amène...

Il y a "les dangeureux". Eux sont vraiment à surveiller : ils oublient de fermer les éléments, le four et autres appareils. 

Et la catégorie la plus répandu : "les cochons" pour qui la salubrité est une question de femmes de ménage ou de femmes tout court. (Oui. Tout à fait. Ce n'est pas le derrière de mon oreille qui me picote.) Ils laissent leur responsabilité face à la salubrité des lieux à d'autres. Ils ne font pas leur vaisselle, ils laissent les éléments, les lieux, la table, etc. dans un état lamentable. On les déteste et les surveille sans jamais ne les attraper. 

Un gars a cependant réussi à avoir la plus belle technique au monde pour les "surveiller et punir" : le tableau blanc. Le tableau blanc est un outil fort peu efficace de communication entre les utilisateurs du lieu commun. (Par exemple, qqn avait organisé un repas partage aujourd'hui, mais personne ne s'est manifesté... Good job) Habituellement, il y a une niaiserie d'écrite et un commentaire du genre : "Ramassez-vous gang de cochons !" Mais le gars en question a eu une idée de génie (non, ce n'est pas moi, j'aurais aimé avoir cette intelligence). Il a simplement marqué : "Je sais qui merde la cuisine"... 

Derrière ses allures de "I know what you did last summer", c'est un procédé fort efficace. Depuis ce temps, la cuisine est propre (et déserte). Les cochons se sentent épiés et dès lors, ils se décochonnisent de peur de se faire démasquer, et de payer pour tous les autres. D'autres ont sans doute quitté le navire, sentant la soupe chaude... Nous ne saurons sans doute jamais qui sont les cochons... Mais si on apprend, c'est clair qu'on se fait un méchoui.

Les rapports indirects dans la cuisine n'ont rien de fraternels. C'est un territoire qui n'a rien de neutre. Les identités s'affrontent, croisent le fer. Elle se sent constamment attaquée, comme si le lieu commun n'avait de commun que le sentiment d'être le propriétaire. Cela cache chez nous les Canadiens une profonde difficulté à vivre ensemble. Plutôt, cela prouve l'échec de l'idéal du bien commun. C'est triste. C'est pour ça que je suis de mauvaise foi envers les asociaux : c'est là la base du problème.

À la MEC, il n'y a qu'un seul réel lieu commun : la cour intérieure. Malheureusement, il fait désormais trop froid pour s'y retrouver... Jusqu'au retour du printemps, nous sommes condamnés à nous surveiller sur fond de tableau blanc. Je vais finir par jeter la serviette, quoiqu'un égocentrique va se dépêcher de venir la ramasser pour la piquer. Suis-je en train de devenir complètement asocial ? Par dépit ? Par abandon ? Dans ce cas, je vais sans doute devenir de mauvaise foi envers moi-même. 

2008-10-25

les Ricains

Petite soirée thématique "Ricains", Julie H., Noémi et moi avons été mangés dans un grill house du 5e. Mauvaise stratégie pour notre porte-feuille, mais notre carnivore en nous protestait depuis quelques épiceries... Il fallait l'écouter, sinon on aurait fini par sacrifier un chevreau ou une pucelle par manque de sang et de chaire tendre. Or, je crois qu'en France, de tels sacrifices seraient plutôt mal vus. Nous avons à la place sacrifier une vingtaine d'euros. 

À l'Hippopotame, le Ricain était à l'honneur : il y avait plein de photos pour illustrer le menu, le prix était marqué en plus gros comme si c'était en spécial, tu pouvais faire ton propre mix dans ton assiette, il y avait 8 types de tables d'hôte avec plein de combinaisons possibles (bref, bien compliqué pour plaire à tous), le pain était sec et infecte, il y avait juste une fourchette, la salle était trop éclairée, les bancs étaient confortables et on avait de la place, les portions étaient énormes et toutes isolées dans des petits plats individuels, et on est sorti bien plein en se tapant sur la bedaine, pis en retenant un rot "parce que ça se fait pas en public" mais on s'est pas trop pourquoi... 

En même temps, c'était typiquement Français : l'eau était infecte et donnée au compte-goutte, la serveuse était bête et plutôt pas rapide, la viande était plutôt fade et comptée en grammes, les patates étaient "dauphinoises" plutôt que pilées, on était assis dans un espèce de recoin absurde à deux cm (un pouce) de la vitrine, les passants se collaient le nez dans la vitre et reluquaient nos assiettes, on nous amenait constamment de nouvelles fourchettes, les WC étaient introuvables (c'est fou, ils les cachent ici...), il y avait des enfants laids pas trop loin de notre table (c'est désormais un classique !) mais eux étaient bruyants en plus, je me sentais obligé de surveiller ma posture à table...

Bref, bien plaisant... "repaysant" pour employer l'expression (à la fois poétique et pertinente) de Julie H.

Pour se repayser davantage, nous sommes allés faire quelque chose que je n'avais jamais encore pu faire : écouter un spectacle de jazz... (C'est Ricain dans le sens : New Orleans) Un contrebassiste, un pianiste et un tromboniste... C'était plaisant, mais je n'y connais rien. Paraît-il que c'était des musiciens hors-pairs. Le tromboniste enseigne au conservatoire. Le bistro s'appellait "Chez papa" et je riais dans ma barbe en me disant que c'était tellement la version parisienne de "Chez son père", donc plus chic, plus grande, plus hot, avec des meilleures performances, des alcools de qualité, des gens élégants, des couples qui se frottent les cuisses, un décor charmant... Tout le contraire de Chez son père... 

Sauf que Chez son père, on ne regarde pas l'heure. Je ne me suis pas ennuyé, mais il n'y a rien comme d'une veillée à la Ricaine où tu peux, sans te sentir déplacé, crier à tue-tête "Cooooooooooooolonisé" debout sur une chaise avec deux bières à 1$ dans les mains, une face de raie, un gilet de la mairesse Boucher, un collier de fleur autour du cou, une gomme en dessous du bras, deux filles qui te pognent le cul, en compagnie d'un ami qui te prend constamment en photo, d'une fan fini qui ne cesse de crier "Petit Rocher !" au gratteux de guitare et de ta soeur qui est en train de créer la plus longue file d'attente au monde parce qu'elle vomit dans les toilettes. (Ouf, je viens de mélanger plein d'histoires...)  

Dans le métro, il y avait une exposition d'une très mauvaise artiste (Claire Cohen) qui coulait des fruits dans le plâtre de Paris pour faire des trous... J'aurais dû payer un des 14 itinérants du métro deux euros pour qu'il aille pisser sur les présentoirs au lieu de le faire à terre au milieu de l'allée... (Disons que le contraste entre le métro Saint-Germain-des-Prés et quartier et à couper le souffle) Sinon, on a semé le party dans le métro avec notre accent de Ricain... Ça commence à être fatiguant d'être une bête curieuse... Je pense que je vais finir par devenir juste bête...

Et pour clôturer la thématique "Ricain", je suis allé dire bonjour aux fans du Canadiens de Montréal qui écoutaient la joute dans le salon.

My God, une chance qu'on recule l'heure, sinon il serait bien 4h du matin... Bien oui, on ne recule pas en même temps que vous. Pendant une semaine, nos continents vont être plus près l'un de l'autre. 



2008-10-24

la Cigale

La Cigale est une salle de spectacle à côté du métro Pigalle, un coin charmant qui fait rougir un peu, rempli d'hommes galants qui invitent à la danse... (En fait, c'est le coin "peep show" avec plein de néons rouges, des pénis en plastique, des sex shops, des clubs de danseuses, des shows de filles avec des plumes dans le...) C'est là où se trouve le fameux Moulin Rouge (ne vous déplacez pas jusqu'au 18e pour cette salle... C'est laid et minuscule, une de mes seules déceptions de Paris.)

La Cigale est une salle pour la relève musicale, où ne jouent que des groupes trop cools. Ils affichent souvent complet avant même qu'on aille le temps de cligner des yeux. Noémi a réussi à avoir deux billets dans la "guest list", car elle connaissait deux personnes dans l'équipe technique. Le premier ploguait et déploguait des trucs. Il plutôt moche et froid et prenait un malin plaisir à s'exhiber la crack devant un public indifférent. (Ici, la crack ne semble indisposer personne.) Le second, celui qui nous a eu les billets, s'occupait du son et devait le mettre toujours plus fort plus fort malgré lui et nous. (À Paris, le son est toujours trop fort). Lui ne s'est pas exhibé la crack... Dans son cas, c'est dommage. 

Noémi m'en a fait profité du deuxième billet, même si je lui avais dit que le PPB, je trouvais que c'était du réchauffé d'Alanis Morrisset en tellement moins bon. Je me sens atrocement coupable d'avoir volé la place à un vrai fan. Mais j'ai adoré ma soirée. Nous avions des places exceptionnelles au balcon, sur des strapontins (yeah ! J'ai plogué le terme !) non-rembourrés aussi confortables que les tabourets du Pho 14. Dans la salle, il y avait Daniel Lavoie. Quel bel homme !

En première partie, il y a avait un bon band dont j'oublie le nom. Le chanteur avait la même voix que Sinclair (enfin, tous les chanteurs rocks français qui ne sont pas Johnny Halliday ont sensiblement cette même voix). Du talent, mais aucun sex appeal... Ce qui n'est pas très bon quand on veut devenir Rock Star... Il avait plus l'air de puer (quand même moins que les cowboys fringants... la honte !) que de puer le sexe...

Quant au Pascal Picard Band, wow. Plein d'énergie. La fille est belle, un magnifique style et a une voix intéressante pour sa musique. Ils font des reprises extraordinaires, comme "These boots are made for walking"... Tu sais qu'un band a du talent quand ils réussissent à bien faire sonner "Let me see that thong..." J'ai trouvé leurs compos soit super hots ou correctes. Disons que c'est la relève, ils manquent un peu de maturité... Surtout quand Pascale Picard ouvre la bouche pour s'adresser au public... Mon Dieu, la honte... Mais leur show est vraiment bon. J'étais un public difficile et j'ai hâte que mon chum m'amène mon CD que je n'avais pas amené. (Pour le CD, mais pour le voir aussi. Et avec Garde sans Jérôme Rousseau qui se meurt de 8 maladies aux noms compliqués.)  

Mais le public parisien... Qu'est-ce que c'est que ça ? Je vous invite à aller voir la petite vidéo que j'ai prise pour vous, mon public. La capture a été faite vers la fin du spectacle, dans les moments où "ça rockait" le plus et que le public était "déchaîné". Je répète, le public était déchaîné. (une journaliste me le confirme, le public était déchaîné.) Parce que, tout le long, on aurait pu se tromper et croire qu'il attendait l'autobus... 


Cela conforte mon idée selon laquelle "celui qui reçoit", en France, est toujours en position de passivité, de soumission. Le corps est contrôlé, soigneusement placé, maintenu. Les dissidents rendent les voisins mal à l'aise. On pouvait identifier les Canadiens à leur attitude, leur ouverture à l'interactivité. En France, ça ne colle pas. Tu donnes ou tu reçois. L'entre-lieu est un espace de confusion.

J'illustrerai cette interprétation avec une des gaffes de Pascale Picard. Elle finit une chanson et annonce la suivante. Elle dit aux Français que c'est une chanson très triste et leur demande de rester silencieux, car elle refuse qu'ils aillent du fun sur une chanson aussi triste. (no comment) Dès l'instant qu'elle a fait la commande : silence de mort dans la salle. J'étais stupéfait. Le Français paraissant si insoumis est finalement doux comme un agneau lorsqu'il consent à la passivité. C'est peut-être pour ça qu'il gueule et qu'il fait une guerre de moues : il doit réussir à maximiser son temps de domination... 

la fourmi

Il y a quelqu'un qui sait ce qui est arrivé à la petite fourmi cheap une fois la bise bien installée ? Parce qu'on s'inquiète de la cigale, la pauvre, elle n'a rien à manger pour l'hiver... Il faut une suite : Du type "La fourmi, ayant travaillé tout l'été se trouva fort dépourvue quand la bise fut venu" Ha merde ! Je réalise que je fais du plagiat, je viens de trouver ce poème :  www.poemesachristian.fr/la%20cigale%20et%20la%20fourmi.htm. Pas moyen d'être original avec Internet !

Toujours est-il que la fourmi, une fois qu'elle a claqué la porte dans la face à la cigale, la laissant à son triste sort, réalisa à quel point elle n'avait rien à faire pour passer l'hiver (ça rime ou pas faire et hiver ?) Elle tenta de se désennuyer, en dirigeant une revue, en tentant de faire des petits trucs, mais rien à faire... Elle a alla crier "J'm'emmerde" chez Noémi sa voisine (enfin, pas vraiment voisine, mais c'est pour le look). Noémi, ne se faisant pas prier, se dépêcha de prendre le premier tramway, pour conduire la fourmi vers la bonne soupe tonkinoise (j'ai juste des mots poches comme Ardoise, Françoise, Narquoise, Siamoise qui me vienne en tête pour faire une petite rime, alors j'ai laissé tomber...) Mais la soupe n'est qu'un plaisir passager où viennent se baigner arômes, douceurs et casque de hockey (c'était ma partie "expérimentale"...)

J'ai vraiment pas rapport dans le récit, mais quand on est revenu, j'ai rarement autant retenu un fou rire... Il y avait la liste des noms de notre nouveau comité de résidents et c'était marqué "Tresorerier". Là, Noémi s'exclame "Tresorerier !" Et là, la réceptionniste s'approche un peu gênée, et ajoute un accent... 

Alors la fourmi, pleine de soupe, était fort rassasiée et prête à recommencer à travailler. Dans une envolée, elle se fit interrompre par Noémi, la belle, bien prêteuse et c'est là sa moindre qualité, qui avait deux places enviables pour aller voire chanter, la cigale (le Pascal Picard Band) qui finalement s'était trouvée un travaille pour subsister jusqu'à la saison nouvelle. 

Je sais pas si c'est une belle morale, parce que dans le fond, la fourmi méritait vraiment pas d'aller à la Cigale (c'est le nom de la salle)... Gratuitement en plus ! Mais bon, bien heureux...

2008-10-22

les fleurs

Ma journée a commencé trois fois plutôt qu'une. À 8h30, mon très discret téléphone me chochota quelque chose comme : "Lève-toi bâtard ! Lève toi je te dis". Je n'ai pas tout de suite reconnu la voix. C'était un mélange de "fille que je connais, mais laquelle dans le lot" et de "bien voyons, elle est dont bien chaude elle". C'était Mélissa. Je ne m'étais pas trompé, elle était bien chaude (pas chaude dans le sens : "comme Mélissa est chaude...", juste chaude). Elle faisait le party, seule avec Catherine, et ont décidé de m'appeler, comme ça. En fait, je soupçonne qu'elles n'étaient pas vraiment sur le party ; elles ont simplement craqué sous la pression de l'examen doctoral... Pauvres filles, je les comprend tellement. Preuves que ça n'était vraisemblablement pas un party : Mélissa n'a renversé aucune goutte d'alcool chez Catherine et il n'y avait aucune carte d'identité dans le gâteau. C'était seulement une beuverie entre filles trop occupées à rire pour penser (à leur examen doctoral respectif). C'est dans ce contexte que je reçu l'appel. 

En fait, non. Mon contexte, c'était plus : charmant petit matin d'automne parisien, un silence parfait, un lit trop confortable, rien de prévu à l'horaire, il fait si bon rêver. Mais bon, j'ai bien apprécié le geste (quoique, je ne devrais pas dire ça. Je ne voudrais pas que ça devienne un rituel : on réveille Jocelyn quand on est bien chaud à 3h...) Et je me suis fait dire "En tout cas, je t'aime" plus souvent que quand je parle à mon propre chum. Ça m'a fait une fleur. 

Mon lit m'en a fait une autre en m'accueillant si bien. J'ai retombé endormi comme un bébé. 11h30 : on frappe à ma porte. J'avais envie de crier, de me mettre à genou au milieu de ma chambre (enfin, dans le 1m carré qui me reste d'espace) et de demander : "Pourquoi ?" "Pourquoi ?" Même à l'autre bout de la planète, seul et rien à faire, on ne laisse pas les lèves-tard dormir. J'aurais aimé que ça soit la femme de ménage qui déteste les Canadiens. Mais non ! C'était le sourire de mon amie Julie, un peu surprise de me réveiller à une heure si tardive. Elle m'invitait à aller déjeuner. Je lui ai quêté une heure (30 minutes de sommeil, 30 minutes de préparation... ou 45-15... ou 55-5...). J'ai retombé dans mon lit, en me disant que rien ni personne n'arriverait à m'en faire sortir avant midi.

11h45, mon cadran sonne. J'étais vraiment confus, car je rêvais à "quelque chose" de fucké à propos des raisins verts, rouges et bleus avec et sans pépins (sans doute aucun lien avec la quantité de vin que mon corps s'amuse à digérer depuis mon arrivée), leur différence ontologique, leur potentiel d'interchangeabilité et leur pacte avec le politique. J'avais pas poussé assez loin la maudite petite criss d'aiguille... Ma journée s'annonçait aigre, mais mes amies m'avaient déjà jetés un peu de sucre dessus.   

Avec Julie, j'ai "déjeuné" au Bistro 32, le premier endroit où j'ai vraiment mangé à Paris. Un calzone (et un jus de litchis...) avec mozz, jambon et un oeuf au miroir à l'intérieur... (moment de silence pour savourer toute l'intensité de la description) J'amènerai désormais mes visiteurs LÀ. (Mais il faut se lever tard...) Après, en s'inspirant de Garde Perron et de tous ses amis d'hôpital, on s'est trouvé LE costume d'Halloween pour le party de la MEC qui n'est pas encore organisé : les quatre saisons. Moi, je fais l'hiver (dah), Julie P. l'automne, Noémi l'été et Julie H., le printemps. J'ai hâte d'avoir des photos. Je me suis acheté une moppe pour me faire une barbe... Sinon Julie s'est achetée une grosse fleur.

Mais la plus grosse fleur, je l'ai reçu aujourd'hui de la part de Mathilde. Elle a monté un groupe sur Facebook "Accro du blog à Jo" ! Wow ! Un fanclub ! Merci Mathilde ! Et merci aux gens qui le rejoignent ! Et aux autres qui le rejoignent pas mais qui ont votés ou vont votés dans mon petit sondage. Mais Mathilde, ton blog aussi est fantastique. Je vous conseille aussi d'aller le consulter : il est dans ma liste : tout le monde est occupé... En fait, la signataire est Ophélie, mais celle-ci n'est pas encore né. J'adore le genre. 

2008-10-21

mes gros cheveux

J'avais de gros cheveux, alors je suis allé chez la coiffeuse. Je dois avouer que la vraie raison, c'est que mon amie Garde Perron vient me visiter bientôt, et je ne voulais pas me faire appeler "gros cheveux" pendant une semaine. "Gros cheveux !" "Gros cheveux !" Ha non, je n'aurais pas supporté. Et de toute façon, je ne supportais plus mes gros cheveux. Ils étaient chauds, anarchiques, jaunis (je m'ennuie terriblement de mon shampooing bleu) et so out for Paris.

À la MEC, il y a deux clans : ceux qui se-laissent-pousser-les-cheveux-parce-qu'il-paraît-que-c'est-SUPER-cher-le-coiffeur-genre-30-euros-pour-une-coupe-au-clipper-fait-que-Oh-My-God-J'vas-tellement-attendre-à-Noël (la plupart sont pas pris avec des problèmes de gros cheveux), et ceux qui disent-voyons-donc-qu'est-ce-tu-dis-là-il-y-a-un-salon-de-coiffure-à-Porte-d'Orléans-qui-coûte-10-euros-la-coupe-simple. Vous l'avez deviné, j'ai adhéré au deuxième clan. Je suis donc parti cet aprème à l'aventure.

Dans mon très-conscient individuel, une coiffeuse (attention cliché droit devant) c'est une sorte de Marie-Mai blonde platine avec une anneau dans le nez qui "chic" de la gomme, qui soupire quand tu lui dis que tu veux pas qu'elle te fasse l'arrière au clipper et qui t'adresse la parole, 11 minutes après le début de la coupe parce qu'elle parlait de son chum avec sa collègue coiffeuse, avec un "Quel âge qu'tas, toé, pour avoère des ch'veux blancs d'même, hein ?". (Fin du cliché) Alors, je n'y allais pas d'un pas enjoué. En plus, mon iPod crachait de la musique inquiétante. Je suis entré dans ledit salon, mon air de Canadien piteux au visage. Je ne peux pas émettre de généralisation (comme les ascenceurs), mais j'ai tout de même été frappé par le contraste.

Au salon, il n'y avait pas de musique. Il y avait une petite coiffeuse chinoise qui se faisait engueuler par un Français mal engueulé et une moyenne coiffeuse franco-arabe (libanaise ?) qui se faisait engueuler par un hispano-francisé mal engueulé. Ha oui, il y avait aussi une fille avec du papier d'aluminium plein la tête qui lisait une revue de fille. Je ne sais pas ce qu'elle fait, elle, pour gagner sa vie, mais mon dieu qu'elle est tout le temps là, dans tous les salons de la Terre où je vais. J'étais un peu outré. Depuis quand on gueule après les coiffeuses ? Pauvres coiffeuses. 

Au début, j'hésitais : elles sont peut-être incompétentes (ce qui explique le bas prix) ou les clients sont peut-être bien chialeux... Ils étaient là à leur expliquer comment ils voulaient ça. Un a même arraché la brosse des mains de la coiffeuse... Quel spectacle ! Puis j'ai repensé à la chanson de Lynda Lemay chez le coiffeur, où elle subit le talent de la tantouze, et je me suis dit : ça se peut qu'ici (dans ce salon, voire à Paris) les coiffeuses soient simplement soumises... Celui qui donne (la préposée, le prof, le client, le spectacle, le serveur, etc.) a tous les droits sur celui qui reçoit. Celui qui reçoit les ordres doit obéir. C'est vraiment une joute constante de domination... 

Enfin, je n'ai jamais vu une coiffeuse aussi soumise. Elle ne me regardait pas dans les yeux, me demandait plusieurs fois par minute si la longueur me convenait, m'époussetait constamment pour ne pas que j'ai des cheveux sur moi, s'excusait sans cesse si elle faisait tomber un objet ou son portable sonnait. Mais le coup de grâce : elle m'a coupé à l'oreille avec le rasoir. Je n'ai rien senti, mais je saignais comme un con. J'ai cru qu'elle allait tomber sans connaissance, non par peur du sang, mais par peur de ma réaction. Je revoyais la scène de "Stupeur et tremblements", comme si j'étais au Japon. 

Je lui ai, je crois, donné le choc culturel de sa vie en lui répondant : "Non, mais il n'y a pas de soucis". Je la sentais fondre... Et les clients derrière moi qui attendaient se scandalisaient et protestaient. Elle voulait me laisser partir sans payer, mais juste pour la réaction des connards qui attendaient, j'ai non seulement payer mon dû, mais laissé un pourboire. J'ai semé la confusion. Heureusement.

La coiffure, c'est un métier à risque. On touche la chevelure de gens fiers... Pourtant, c'est un service, les coiffeuses devraient avoir le pouvoir de dominer. Au Canada, elles ont le droit de nous couper les oreilles en disant "oups", une gomme dans la bouche. C'est à se demander si ce n'est pas seulement parce que ce sont des femmes... Il y a un côté féministe qui me pousse ici, derrière l'oreille... 

2008-10-19

la soupe tonkinoise

J'ai mangé la meilleure soupe tonkinoise de ma vie. En réalité, je ne pourrais pas dire si j'avais vraiment déjà mangé une soupe tonkinoise avant, car c'est le type d'informations que la mémoire à long terme ne retient pas. Mais elle, était mémorable. C'est une initiative de Noémi, qui avait lu ça dans un guide. La chanceuse en était à son quatrième bol. Je promets de tenter de la dépasser. Mais je ne sais même pas si je pourrais y retourner... Ça s'appelle le Pho 14 si je me rappelle bien. J'y suis allé avec Noémi et Kristine.

C'est dans le quartier chinois de Paris (splendide !). En fait, c'est un restaurant qui craint gravement, où tu es assis sur des tabourets ridiculement petit et inconfortable, ou coincé dans une banquette en compagnie des enfants laids de la table voisine, séparée par une crack symbolique. Ils t'amènent des fèves germées, des oignons, du basilic chinois, un citron poqué, des piments que l'on sait trop fort et de la sauce hoisin. Les épais pensent que c'est l'entrée. (Je suis un peu épais, mais j'ai eu l'intelligence de regarder les autres pour constater que ce sont les trucs qu'il faut mettre à notre discrétion dans la soupe.) Au début, tu te dis : ça craint trop, je veux m'en aller. La serveuse se promène pour changer la sauce piquante de table, les murs sont crottés, il n'y a pas assez de places, il y a trop de monde, on entend les bruits de bouches de toute notre section, il y a des verres d'une couleur louche qui se promènent un peu partout, au secours. 

Mais, contrairement à la Joconde, tu reçois ta soupe, et c'est le bonheur ! Tu comprends pourquoi il y a une queue qui se forme à l'entrée. (Il "pho" y aller très tôt, sinon, c'est le bouillon.) Le citron est brun, on s'en fout ! Tu veux la sauce piquante ? Je peux aller le porter à la table si tu veux. Qu'est-ce que vous faites dans la vie à part avoir des enfants laids et manger vos légumes comme si c'était une entrée ? Je peux goûter à la mixture verte et blanche qu'il y a dans votre verre ? 

La mienne était au poulet, mais j'ai trop ajouté de menthe... Ça finit par avoir un arrière-goût de mojito au poulet... Mais la prochaine fois : boeuf saignant. C'est la formule gagnante je crois... 

Et ce qui est le plus génial, c'est que j'ai pu dire, sans me tromper, que j'ai soupé...  

2008-10-18

la Joconde

Noémi (sans e) et moi avons décidé d'aller au Louvre semi-spontanément. Nous avions eu vent que les 26 ans et moins entraient gratuitement au musée le vendredi soir. Nous pensions qu'il aurait eu foule, mais non, au contraire. À l'entrée du musée, nous avons été foudroyés par deux présences. La première : la pyramide de verre. Avec la lumière horizontale sur le Louvre, la pyramide assumait son rôle de prisme catalyseur. Nous étions aspirés vers l'intérieur. De cet intérieur, je me suis senti flotter dans un aura d'intelligence. Mais ce n'était qu'une impression. Mon Dieu qu'on est pas plus intelligent dans un musée, même le Louvre... 

La deuxième présence était la position du moins à côté du 26 ans... Contrairement aux Canadiens, il avait pris un tournant à gauche. Nous avions été floués ; nous étions exclus de la gratuité de la culture. Coup de vieux : le Louvre juge que la culture n'est plus un service essentiel dès l'âge de 26 ans. Si on en a pas assez emmagasiné avant, just to bad. Vote ADQ, speak white, écoute Kaïn, watch ta pelouse qu'elle reste bien verte, bois ta Molson en Marcel sur ton perron, pis sneak les femelles, les voitures et les allées et venues des voisins (voire, actionne-les). Pour lutter contre ce destin, il fallait payer 6 Euros. Mon Dieu que ce n'est pas cher pour éviter le pire ! 

Mais 6 Euros, c'est déjà beaucoup pour réaliser que t'as aucune culture. Paris me le rappelle constamment... C'est pas grave, je me promenais le sourire satisfait aux lèvres en regardant des géants de la peinture française. Puis, je l'ai perdu en entrant dans la peinture italienne... Le contraste était alarmant. Quoique je n'aurais jamais assez d'une vie pour espérer avoir talent semblable, je trouvais ces toiles plutôt moches. Mais je me dirigeais confiant, d'un pas décidé, vers la Mona-Lisa. Au fond de mon regard germait le désir de ressentir ce sentiment patrimonial et esthétique, ce moment d'extase. Une sorte d'achèvement. De quoi ? Je ne savais pas.

J'entre dans la salle, aménagée pour une télévision nipponne. Je vois un amas de gens et une centaine de flash minute. J'avais envie de crier : mais écartez-vous ! Laissez-la tranquille bande de vautours (ou de chacals...). Je me taillai une place et je l'ai vu, la Mona-Lisa :  
Et je n'ai rien senti du tout. C'était un tableau, dans un cadre, derrière une vitre avec trop de reflets, derrière un périmètre de sécurité ridiculement grand gardé par des personnes inattentives. Il y avait ce quelque chose de surexploité, d'obscène, de profane : le vedettariat. Ce cadre doré et cette vitre protectrice constitue la plus haute marche qu'une toile peut espérer finir ces jours. N'est-ce pas un bien bas sommet ? N'est-ce pas le même qu'un concours de beauté ? Et dire qu'on me trouve futile d'écouter America's Next Top Model... Derrière la vitre d'un musée, c'est toujours mieux vu que derrière celle d'un téléviseur. 

Je déchantai. La toile est belle, "ouin pis". C'est esthétiquement parfait, mais ça reste vide de sens ! Le sourire des nains de jardin me parait dorénavant plus énigmatique que celui de la Joconde : Criss, elle se fait prendre en portrait et elle prend une pose. Revenez-en !  

Alors on est revenu. On fait le reste de l'exposition de toiles italiennes (les dernières plus intéressantes que les premières) en colons, en riant de la sale gueule des uns et en se posant des questions existentielles sur M. Lirette dans Virginie. La culture, c'est aussi, il faut se le dire, un sourire un peu faux. 

Je vais peut-être aller m'acheter une Marcel... Mais avant, je dois aller au Centre Pompidou... Je pense que là, je vais trouver davantage ma place. Non, ma place n'est pas entre une vitre et des flash de caméra. Je préfère l'art qui pense et qui fait penser à celui qui s'accepte comme beau. Devant cet art, je conserverai le sourire, le sourire de la Joconde. 

2008-10-16

les feux

Aujourd'hui, j'ai obtenu 5 feux verts : 2 pour l'appel à contributions que je devrai envoyer demain à Ethnologies, deux moitiés d'un pour Conserveries Mémorielles que je devrai envoyer demain à tout le monde, un (de la directrice) pour le colloque que j'organise avec mes amies de la MEC (la Grande rencontre des jeunes chercheurs de la MEC) et un autre pour me dire que j'aurai les billets pour revenir deux semaines au Québec durant le temps des Fêtes (22 au 6). Je ne prends pas de réservations. 

Ce qui est bien avec les feux verts, c'est qu'ils permettent d'avancer. En fait, on peut aussi avancer aux feux rouges (ou tourner à droite, ça le Canada anglais sait faire ça), mais il y a un danger. La présence de ce danger n'est en revanche pas seule responsable de notre bonne écoute. En fait, j'ai plutôt l'impression qu'on préfère ne pas avancer pour ne pas se faire dire "Je te l'avais dit" si on perd notre pari contre le danger. L'humiliation d'avoir eu tort est-elle pire que de s'être planté ? C'est la question du jour. Songez-y, à un feu rouge. 

Si le coeur vous en dit, devenez poète en le transgressant. À Paris, les piétons sont des poètes. Ils n'attendent pas le petit bonhomme vert. Parfois, ils traversent bien avant, d'autres fois, ils laissent passer quelques voitures. Ils ne sont pas conditionnés par un jeu de lumière de couleurs, comme s'ils dansaient péniblement sur un vieux disco. Ils se lancent, comme sur une piste de danse. Moi, je suis. À défaut de comprendre, je suis. 

En fait, je ne crois que je ne comprends pas, à cause que j'ai ce mauvais tic de nord-américain à regarder de l'autre côté de la rue. Les feux de circulation se retrouvent près de la ligne d'arrêt plutôt que de l'autre côté du boulevard. Dans le fond, ces feux rouges marquent un bon principe. Et les Français ont bien compris : Pourquoi regarder au loin quand on est arrêté ? Ça, c'est une question pour un autre jour. 

2008-10-15

minoritaire

Je ne ferai pas de post, car le Canada est bleu foncé. Ça me donne vraiment envie d'être ici. Je n'ai même pas bu hier soir ! Deux verres seulement ! C'est tout dire !
Sinon, hier je suis allé voir à la Cité de la musique François-Frédérick Guy en concert de piano. Il a joué quatre sonates de Beethoven. J'ai bien aimé. J'ai surtout aimé la soirée... 
Non, je n'ai pas le goût d'écrire en ce moment... Je continuerai plus tard

2008-10-13

les Acariens

Le concept de queue (à lire : file d'attente) n'est pas universel. Du moins, à la Cité universitaire, c'est plus près de l'anarchie. J'ai détesté mon expérience d'entrée à la préfecture ce matin. Il y avait quelque chose de bestial, d'asocial, comme si le monde ne pourrait jamais s'entendre. L'impatience me semble dorénavant un sentiment universalisable. Et franchement, j'ai commencé à le devenir. Je suis déçu de notre humanité. 

Mais je peux quand même dire "deuxième étape réussie" : j'ai mon récépissé de carte de séjour. Plusieurs agréables heures d'attente à la préfecture (j'ai discuté avec une autre canadienne), et mon tour n'a pris que quelques minutes seulement. D'autres n'ont pas eu cette chance. Un homme au guichet à côté de moi a quitté la salle, froissé que la préposée ait fouillé dans ses papiers. En fait, elle voulait l'aider parce qu'il ne comprenait rien à ses requêtes. Je crois qu'il va devenir un clandestin par dépit, par manque non pas de recon, mais de connaissances (du français).  

Le système administratif français fonctionne très bien. Il est seulement cruellement inflexible. Mais quand on décide de s'y soumettre, c'est un système génial où le citoyen apprend à se responsabiliser. 

Il me reste à passer un test pour la tuberculose, et c'est dans la poche. Mais c'est fou, j'ai jamais eu peur de ma vie de la tuberculose, et là, je me dis que cette maladie réussirait non seulement à ronger ma vie, mais toute ma carrière professionnelle. Et comme pour ajouter au suspense, je suis bourré de sécrétions. Je crois que ce sont les acariens... Mais ce n'est pas pour ça que le titre de mon message s'appelle comme ça.

En fait, c'est à cause d'un Tunisien ici très drôle qui était fier de nous dire, sérieusement, qu'il savait qu'il y avait des francophones hors Québec, dont les franco-ontariens (comme Julie) et les Acariens.

Cette nuit, nous avons été boire quelques bouteilles sur la "plouze" (encore un copyright du Tunisien), entourés par une bonne dizaine de chauves-souris. Ça commence à être un peu navrant la Cité... Il y a un couvre-feu pour chaque activité. On dirait que l'administration a peur qu'on se transforme en campus américain. Je commence sérieusement à me sentir sous surveillance. On se fait déposséder de notre espace au nom du collectif, mais d'aucunes façons nous pouvons essayer de nous l'approprier. Je sens ma rébellion adolescente se réveiller en moi... 

Mais bon, c'est peut-être davantage mes beuveries successives qui me rappellent mes jeunes années.

2008-10-12

Françoise Hardy

Le dimanche, je l'ai déjà évoqué, c'est jour de repos. Mais en jour férié, le repos ressemble davantage à une léthargie... Aujourd'hui, chacun de mes mouvements étaient pénibles... Je n'ai pas su résister, je me suis laissé bercer par la paresse. L'activité saine du jour a été d'écouter en boucle (sur YouTube) les Shadok que Van Troi Tran m'a fait connaître via son blog. Et je riais bêtement, la bouche ouverte comme un adéquiste... C'est tout de même génial ce que métaphorisent ces petits êtres débiles. C'est plaisant à regarder aux deux niveaux. 

Sinon, je me suis inscrit à docpostdoc-ethno et j'ai l'impression que ça va changer ma vie, mais demain. Là, je préfère me vautrer dans mon abondance de temps libre. J'aimerais peut-être en avoir moins... Là, ma seule préoccupation, c'est de me télécharger "Je ne suis là pour personne" de Françoise Hardy (qui encadre magnifiquement mon état d'âme), mais je n'y arrive pas. C'est un grand échec dans ma vie.

C'est con, on passe notre temps de travail à tenter de (se) prouver son utilité, et quand on en a du temps libre, on s'applique à la futilité. J'aimerais au moins vivre le drame de Françoise Hardy. C'est déprimant, constater que la trame sonore de notre vie est la même que celle d'un ascenseur. Quoique j'imagine très bien Françoise Hardy y chanter sa vie déprimante. Mais je dois avouer que je n'ai jamais entendu de musique dans un ascenseur... 

2008-10-11

le sept de trèfles

Au tirage de cartes que je connais, le 7 de trèfles est la carte de l'intimité, de la pensée, de l'art et la création. C'est la carte du moi interne, sensible. Combiné au coeur, c'est la joie, la fête. Combiné au pique, c'est l'angoisse, la tristesse. Combiné au carreau, c'est le déséquilibre, l'évasion. Combiné au trèfle, c'est l'investissement, le dévoilement.

Je parle de ça parce que j'ai tiré aux cartes une fille dans notre "pyjama party". La soirée était génial. Nous étions trois, paressant sur des fauteuils, comme si on "ownait" l'endroit. Il y avait une ambiance de cocooning et de chochotement. Nous soupirions avec le sourire, heureux de se payer le luxe d'être à Paris, en pyjama, et la vie devant soi. On se gavait de bretzels peu salés et de fritelles infectes au bacon. Notre 8 de trèfles nous disait merci. :) Nous commençons même à planifier une rencontre de jeunes chercheurs à la MEC. Génial ! On va se présenter nos 9 de trèfles respectifs...

Aujourd'hui, le 7 de trèfles s'est présenté sous forme d'un concert intime d'un violoniste soliste à la MEC. Des personnes s'étaient déplacés du Japon pour venir le voir, mais seulement 4 résidents de la MEC y étaient... Ils ont manqué quelque chose de troublant. J'ai apprécié les oeuvres de Bach. Ils invitent à l'introspection, dans notre 7 de trèfles profond. Le son m'a fait vibrer une corde sensible. Et si une conne n'avait pas irruption dans la salle en plein milieu du concert, en faisant grincer avec véhémence la porte et le violon du pauvre artiste, ne sachant pas s'il devait s'insulter d'avoir mal joué ou d'avoir été dérangé, j'aurais sans doute laissé tomber une larme ou deux. Sa dernière chanson, dédiée à un prénommé Claude, a fait pleurer la moitié de la salle. Je ne sais pas qui est ce Claude, mais j'ai eu envie de pleurer pour lui, tout en pleurant pour moi aussi. 

À la MEC, l'air est au blues ; une sorte de tango entre les 7 de piques et de trèfles, à moins que ça ne soit les 8... voire tous les piques avec tous les trèfles... L'as de coeur a foutu le camp et notre pauvre salon qui le remplaçait un peu était pris d'assaut par les lovers de sports. Au programme, du foot et de hockey. Parler était impossible, alors j'ai erré avec une Italienne philosophe égarée. (À Paris, il y a des philosophes qui traînent un peu partout et qui ont besoin d'aide, sinon d'une oreille.) Nous avons terminé notre douloureuse errance, torturé par les grincements de mon mauvais anglais et de l'hypothétique structuralisme foucaldien (?!...), dans la chambre de Julie... On a osé briser le spleen par une petite partie de 500 ou 5 sans, ou plutôt 5 without parce qu'on a joué à l'anglaise... Devant cette rupture, je vais faire un sous-message...

Le 500

(Les personnes qui savent jouer s'inquiètent sans doute de l'absence du quatrième joueur, mais pour simplement ne pas partir de rumeurs sur la présence de Jean-François dans la chambre dans laquelle nous avons demandé l'hospitalité, je resterai flou...)

L'enseignement du 500 devrait être un cours à option dans toutes bonnes universités qui se respectent. Mais encore, on a découvert aujourd'hui qu'il faudrait créer un préalable : l'ABC du jeu de cartes. On a dû en effet montrer à l'Italienne qu'est-ce qu'un "spade", un "heart", un "diamond" et un "trefle..." non, "flower ?", "clover !" pentoute, c'est "club" Ha !!! L'Italienne n'avait en effet jamais jouer aux cartes. C'est un événement une telle rencontre ! Je pense dorénavant comprendre le regard mi-fasciné, mi-inquiet des anthropologues inscrits dans le paradigme des derniers rencontrant des sociétés isolées. 

Je crois vraiment qu'à Paris, il y a matière à mettre sur pied un organisme "Parrainer un philosophe perdu" (un PPP) aidant par exemple les PP à faire un brin de tourisme dans le réel, à trouver des repères et un semblant de quotidien. L'organisme pourrait aussi offrir des cours aux plus avancés pour l'orientation dans la gestion du quotidien, le coaching dans les missions possibles, voire des stratégies concertées en conciliation réel/idéel. (Oui Patrick, en tant qu'épistémologue, tu peux rentrer dans cette catégorie et donc te faire parrainer. Mais faudrait que tu viennes à Paris.)   

Sur ce, on a réussi à jouer un semblant de joute. Enfin... Ce n'est pas le vrai 500 que Julie a montré. Le Joker blanc était sur la table (retourné dans la mise), l'assignement se faisait en cognant sur la table, et on ne donnait pas nos plus grosses à notre coéquipier... N'importe quoi ! Je lui ai dit que je lui montrerai à jouer vraiment, avec de vrais joueurs, lorsqu'elle viendra à Québec. Je lui ai touché quelques mots sur les prouesses de Catherine Lavoie. 

Mon 7 de trèfles se portent à nouveau à merveille. Mais j'ai encore bu du vin... 



2008-10-10

la re(con)naissance

Aujourd'hui, je milite en faveur du développement du concept de re(con)naissance, sinon de (re(con))naissance, voire ((re)(con))naissance, mais ça commence à être intense. Ce concept réunit ceux de naissance, renaissance (pas la période historique, mais l'acte de renaître, comme dans le printemps, l'été, le printemps, l'été), reconnaissance, et à quelque part, celui de connaissance. Je pourrais faire mon derridien et l'écrire "re(con)nessence", simplement pour complexifier le tout, et le rendre intraduisible. Et bon, ça ajouterait une dimension phénoménologique (donc, rien à voir avec Derrida, quoique ça serait juste logique que ses concepts "s'auto-idéophagise", i.e. s'autodétruit), au fait de chercher l'essence de cette re(con)naissance... (Désolé, je m'amuse...) 

C'est que, je reviens de l'ambassade du Canada avec un bout de papier extraordinaire : une attestation tenant lieu d'acte de naissance. Comme je n'avais pas un certificat de naissance acceptable selon la France, que mon certificat de baptême n'est pas plus acceptable en France (j'oserai dire, il est encore plus inacceptable, car il vient du religieux et la religion, ici, c'est mal), que personne au Québec n'arrivait à retrouver un de mes deux certificats acceptables, et que je n'avais pas le temps de m'en faire livrer un autre avant mon rendez-vous de lundi, le Canada a décidé de reconnaître officiellement que j'étais bien né ! J'ai trouvé cela exceptionnel ! En plus, ce miracle de cette renaissance a failli différer (dans la différance... ha ha ha), car on ne pouvait me recevoir que le 23 octobre... Contrairement à la France où j'aurais dû exhiber la moue juste, j'ai parlé en Canadien (à une Canadienne) avec un air de chien piteux. (À défaut d'exceller en moue, ma mine de nécessiteux est à point.) La préposée a craquée. Ça m'a coûté un beau sourire et 33 euros.

C'est rassurant ce sentiment de se faire reconnaître pas un État. Ça berce un sentiment de sécurité ontologique, comme si le Canada, même si je l'ai quitté, continue à me reconnaître comme un des siens, continue à (m')assurer mon identité. Par conséquent, Mo, j'ai maintenant la preuve que je suis bien né. Tu peux arrêter de t'inquiéter. Et mes parents, j'ai maintenant la preuve que vous êtes bien mes parents... Une chance pour vous. En fait, c'est le point qui clochait. La France reconnaissait ma naissance, mais pas ma filiation. J'étais sur papier exempt d'arbre généalogique et ça agaçait l'administration. Qu'est-ce qu'il ferait Rémi (sans famille) en France ? Et Jésus ? 
 
Trêve de plaisanteries, je m'imagine le drame des sans papiers. Disparaître administrativement, ça doit être terrible ! Seulement vouloir naître (administrativement) dans (ou plutôt pour) un nouveau pays est tâche ardue... Ça me fait penser au film French Kiss (avec Meg Ryan), qui n'a plus de nationalités... C'est à quelque part cette mort administrative qui l'oblige à chercher à renaître en renouvelant les connaissances sur elle-même. C'est un phénomène à étudier. Moi, je me découvre un gros côté "I am Canadian". 

À ce chapitre, j'ai passé mon heure (au pluriel) de lunch avec une philosophe torontoise en larmes, pleurant sa déportation à la Maison du Mexique où elle dort parmi les cafards, s'intoxique avec la moisissure de la chambre de bain et est ignorée par les locataires parce qu'elle ne parle pas espagnol...  

Sinon, ironie la plus totale, le jerk de la MEC est un Texan... Il ressemble étrangement à Fabien, le beauf de Mathieu et Corinne... Au party hier, on a dû aller chercher le gardien de sécurité Mamadou (je ferai un post sur lui un jour) pour éjecter l'être abjecte de la pièce où on était. Saoul, il insultait, dans un anglais très texan, tous les Québécois et francophones dans la salle (nous avons un accent de merde en anglais et on mérite la mort), ainsi que les hispanophones (parce que ce sont, selon lui, des gens laids avec un accent de merde), criant à qui ne voulaient pas l'entendre qu'il savait parler plusieurs langues, mais que c'était inutile, car seul l'Américain permettait l'avancement social. Ils poussaient les gens de leur chaise pour s'asseoir et tripotait au passage les filles en les invitant dans sa chambre. Première fois qu'on le voyait et on a l'honneur de rester avec lui un an. 

On peut appeler ça un suicide social. C'est évident que l'on a assisté à une sorte de crise identitaire aiguë, provoquée par une difficulté chronique (ça doit faire cependant une ou deux semaines qu'il est arrivé) à se faire comprendre. Poussé par une sorte de claustrophobie identitaire, il a paniqué et a décidé de repousser tout ce qui n'était pas étasunien. Tout sauf TRÈS paradoxalement l'arabe du groupe envers qui il a été correct... Cette altérité radicale était sans doute plus acceptable, étant donné qu'elle n'a aucune prétention à pénétrer dans cette bulle culturelle qu'il cherchait à défendre. La "différence" en revanche était plus difficile d'acceptation : il a développé une sorte d'allergie soudaine, exacerbée par l'alcool. Il a eu peur de (devoir) devenir autre et de perdre son identité. On pouvait sentir l'urgence de la menace identitaire. C'est un effet secondaire de l'internationalitude... 

En espérant que cette mort sociale déclenche chez lui un désir de re(con)naissance. Re(con)naissance oui de son identité texane, mais une identité renouvelée, ouverte non pas juste aux autres, mais à lui-même. Dès lors, il pourra naître en France et ainsi accepter la différence, et notamment, la sienne. C'est très difficile de s'accepter comme différent. Et pour réussir, il faut vouloir (se) connaître et renaître. Mais pour vouloir renaître, et c'est sans doute ce qui est le plus difficile, il faut faire mourir un soi. Après ce deuil, commence la quête de la reconnaissance.  

Oui, je suis en train de souhaiter du bien à un parfait jerk, car je peux comprendre ce qu'il vit. Moi, ce que je ne comprends pas, c'est qu'il soit venu en France. Il y a quelque chose qu'on doit faire mourir avant de partir. Sinon, pourquoi partir ? Et dans son cas, pourquoi reste-t-il ? Au prochain incident, le Comité de résident (pas encore formé) le fait éjecter de la Cité universitaire. Je ne sais pas si je lui souhaite. Et je ne sais pas si je souhaite que ça arrive ou que ça n'arrive pas. Là tout ce que je souhaite, c'est la re(con)naissance et non la renaissance d'un con.

2008-10-09

le glamour

J'ai essayé pour la première fois le Resto-U, mais comme l'indique le titre, ça ne sera pas l'objet de ce message. 

J'ai été à l'ambassade canadienne, sur l'avenue Montaigne. Là, tout est chic. Dior, Barbara Bui, Vuitton, Fendi, Valentino, et bien d'autres ont pignon sur rue. C'est intense l'aura de prestige et de glamour que dégage un client, qui sort de ces boutiques, avec un sac (ou plus), ses lunettes, son dos droit et ses habits trop parfaits. Bon, peut-être un peu moins quand c'est une jolie jeune fille qui sort avec un homme dans la quarantaine (clairement pas papa) qui parle au téléphone cellulaire. Je dois avouer que l'image seule nous rappelle que le luxe flirte parfois avec le vice. 

Donc l'ambassade canadienne se trouve dans cet environnement. En fait, elle coupe un peu l'ambiance, car il y a une longue queue de pauvres qui veulent demander un visa. Heureusement, nous, Canadiens et Canadiennes, on passe à côté, et on entre par la plus belle et la plus grande porte. Si le coeur nous en dit, on peut même faire une moue dédaigneuse en direction des misérables avant de pénétrer dans la belle place. Je n'aurais jamais pensé qu'être Canadien, ça pouvait être glamour... Je ne sais pas combien ça coûte à notre État, mais ça vaut le coup de simplement entrer, et sortir. Mais j'avais oublié mes lunettes fumées, j'ai donc raté tout le drame froid impliquant ce moment d'extase du privilège. Ce n'est pas grave ; je dois y retourner demain, entre 9 et midi. En fait, je pense que je vais amener tous les touristes canadiens de passage à Paris.

Pour poursuivre sur cette note de Glamour, je suis entré dans le Petit Palais où il y avait, au travers l'exposition permanente, une exposition de photographies de Patrick Demarchelier. C'est un grand portraitiste (mode, vedette). C'est troublant de beauté. En plus, l'intégration Grand art et Grandes photos est réussie à souhait. Peut-être un peu Europocentrique, mais d'un autre côté, c'est un peu lui qui créé l'univers de la photographie de mode européenne. En passant, Garde, il y a une photo exceptionnelle de Roger Fédérer sur un tremplin. Quand tu viendras, on entrera, ira voir la photo, et sortira. C'est gratuit. 

En sortant, j'étais si full of glamor que je suis arrêté faire du lèche-vitrine sur Rivoli. (Si je ne craignais pas que Jérôme annule son voyage, je dirais que je passerais mes journées sur Rivoli !) Après, j'ai flâné dans le parc des Tuileries et j'ai réussi à prendre cette photo :
I'm a proud flâneur.
Ce soir, c'est la fête à la MEC. On doit s'habiller chic... Le glamour me va si bien aujourd'hui,

2008-10-08

les conservateurs

Aujourd'hui, j'ai été manifesté seul contre les coupures en culture. J'ai fait ma job de bon petit ressortissant, et je suis allé encourager l'art québécois hors Québec. Non, mais si tous les bons petits ressortissants faisaient comme moi, et votais aussi hors Québec (merde, je suis vraiment un modèle pour le Québécois moyen), bien les conservateurs seraient peut-être moins tentés de toucher à ce qu'on a de plus fragile et de plus beau. C'est dommage, il y avait une manifestation plus collective de prévue, mais le groupe ne s'est finalement pas monté à la MEC. J'ai pris seul le RER. En passant, c'était une projection de courts métrages québécois dans le cadre d'un festival de films francophones. 

J'ai réussi à trouver la sortie dans Châtelet-Les Halles, la bonne en plus. C'est la joie. J'ai trouvé l'endroit facilement : le Centre Wallonie-Bruxelles. Oui, ce ne sont pas les Parisiens qui s'intéressent aux cousins, mais des Belges. Dans la salle, les Parisiens se comptaient sur le doigt d'une seule main. En fait, il y avait plus de Sénégalais que de Parisiens dans la salle. À Paris, la conservation de la langue française et la promotion de la francophonie, c'est pas leur truc. Mais il faut dire que le Québec n'a pas su vendre leur salle. Ils auraient pu faire monter quelques secondes une de nos bonnes vieilles chanteuses qui crient (Julie Masse tiens !) et promettre au public de cracher quatre ou cinq bonnes expressions grasses. Mais non, ils ont fait monté toute une délégation de parfaits inconnus, et Ian England-Girard (je voulais vous mettre une photo, mais je suis tombé sur un site un peu freak qui en cumulait peut-être trop. Je me suis dit que j'allais le laisser tranquille.)

Donc cinq court métrage québécois : deux en français, deux en anglais (vive la promotion de la langue française...), et un en français mais avec un titre anglais, mais une chance que c'était sous-titré en anglais, parce que l'on ne comprenait pas grand chose, mais de toute façon, le personnage ne parlait pas beaucoup, en fait, il n'avait rien à dire. Vous voyez le genre ? J'ai eu le malheur d'être assis à côté de l'une des rares Parisiennes représentant très mal la ville. Dommage qu'elle eût été humaine, car j'aurais pu juré que c'était la chienne à Jacques. Toujours est-il que cette femme riait seule. Particulièrement avant la projection. Elle s'esclaffait comme si elle écoutait un CD de François Pérusse, mais sans CD... Et quand elle finissait de rire, elle me regardait. Puis repartait à rire. Je l'ai diagnostiqué bipolaire sans traitement. J'ai conservé mon sang froid. Je pense qu'elle avait le goût de me provoquer, par désir que "quelque chose" (ceux qui ont lu mon projet de thèse comprenne ici) se passe. Mais il ne s'est rien passé. Derrière-moi, une vieille belge portant des pantalons trop rouges avait tellement de sécrétions que j'ai cru que je n'allais jamais pouvoir me concentrer sur les films. Je fixais l'écran noir et j'entendais : snif - rires - snif - snif - rires - snif - rires - rires - snif - snif - snif - rires - snif. Ma voisine de gauche m'a lancé un regard mi-moqueur, mi-compréhensifs qui m'a permis de patienter jusqu'aux discours. 

Le premier court métrage m'a déplu. Les Grands, un film sur la cours d'école et le bulling. J'avais l'impression de regarder une capsule du club des 100 watts, mais mal filmée, mal actée et mal écrite. Je permets aux conservateurs de couper ça... 

Le deuxième film (le titre en anglais, le film en français) m'a déplu aussi. Ça portait sur la vie quotidienne d'un chômeur dans la Baie-des-Ha-Ha. C'était censé être troublant. J'ai trouvé ça lent, insipide, peu réfléchi, tentative échouée de style. Je vais vous compter le punch : le gars, il pleure en mangeant sa soupe à la fin de la journée. Les conservateurs peuvent couper ça aussi. Bien en fait, c'était moins mauvais que le premier.

Troisième, film anglais (qu'est-ce ça fait ici). The colony. Ça peint un portrait tellement pas flatteur des premières nations au Québec. C'est comme... Ishh. Mais il y a une critique tellement puissante. En même temps, au deuxième niveau, ils reprennent l'histoire des autochtones au Québec. C'est bien mené. Super structuré, cohérent. Belles scènes, horribles, mais profondes, comme les réflexions. J'adopte. L'autochtone a encore un rôle passif, mais le réalisateur veut clairement dénoncer cette attitude. Non, c'est très critique sale. Où tous ont des rôles laids. Mais les conservateurs auraient pas compris ça comme ça. Mais ce sont des conservateurs.

Quatrième film, réalisé par Ian England-Girard... Moi. C'est le titre du film. Ça commence, tu te dis : ha merde ! Pas un foutu film réflexif ! Je m'en criss de la question de virer la caméra de bord... Pis, il y a un élément qui commence à te faire poser des questions et tout d'un coup, tu adores le film. Je conserve le punch parce que ça mérite d'être vu. C'est une vieille technique, mais c'est très bien fait. C'est joué par Émile Mailhiot (le frère dans le monde de Charlotte) super convainquant, mais qui je dois dire, touche à sa limite d'acteur à la fin du film... Aussi par Bianca Gervais, qui joue sa soeur (comme elle jouait sa soeur dans le monde de Charlotte), qui ne fait selon moi aucun défaut d'interprétation. Chapeau à tout le travail. Mais j'aurais aimé le voir commencer la projection. Parce qu'il n'avait pas la même profondeur que The Colony, ce qui lui fait injustement de l'ombre.  

Cinquième et dernier film, Zackary Samuel : illusionnist. Film super poétique, drôle, mais troublant, qui met en scène un homme qui s'habille avec des noeuds papillon et qui veut à tout prix disparaître (dans sa tête) pour mieux se rapprocher du cosmos. Ça m'a fait drôlement penser à quelqu'un que je connais. Il devient alors illusionniste. Je raconterai pas qu'une fille, Ia (le plus beau nom que je n'ai jamais entendu), lui courait après pis que l'illusionniste était nerveux, mais toujours il nourrira plus d'admiration pour le ciel étoilé... En fait, ça m'a troublé qu'un personnage sorti d'un poème quelque peu magrittien est une pâle copie de l'un de mes amis. J'étais là, la bouche ouverte, ne pas savoir quoi faire de ce que j'ai vu. Je vais conserver en tête très longtemps ce film. 

En sortant, je me suis tapé une crêpe aux amandes. Le crêpier (c'est une profession ?) m'a dit que c'était le stand de Lucien Bouchard. C'était un conservateur lui avant, non ?

2008-10-07

les appels

Journée de travail à la MEC. J'ai le menton irrité, mais le moral va bien. Je sors tranquillement de mon hibernation vacancière et me mets à avoir des envies (folles) de faire des devoirs. Peu importe lesquels, les devoirs m'appellent. D'ailleurs, ils m'ont appelé ce matin (c'était ma soeur pour une relecture de texte). Réveil brutal (mon téléphone fait vraiment un boucan d'enfer), mais nécessaire. J'ai appelé mon chum et mon père pour obtenir de l'aide pour prouver que je suis bien né (la France ne me croit pas). Sinon, j'ai appelé Julie pour aller dîner. J'ai deux appels de texte en négociation et, ha oui, j'ai appelé (par courriel, c'est laid comme métaphore, mais c'était pour le jeu de mot) des profs pour savoir ce que j'allais faire de ma peau. Finalement, j'aurai des travaux à faire. Je commence à avoir hâte de faire autre chose qu'appeler. Mais bon, ça faisait longtemps que j'avais décroché...
Mon lit m'appelle. (Finale prévisible... Mais j'ai appelé l'inspiration, mais elle n'a pas répondu.) 

2008-10-06

Banalités

Premier chocolat ici... hummmm, il était identique à celui du Cochon Dingue. 
Sinon,  j'ai réussis ma première étape pour avoir ma carte de séjour : obtenir un RV. Mais ils n'acceptent pas mon acte de naissance. Il manque le nom de mes parents sur le petit... J'ai fait la moue de toute mes forces, mais en vain. C'est un peu absurde... Mais je ne peux pas dire que j'ai eu des problèmes. Le pauvre étudiant à côté de moi s'est fait dire qu'il était trop noir... Il a pris ses photos dans le même photomaton que moi, mais lui, il a le malheur d'avoir la peau "trop" foncée. Il devra aller chez un photographe professionnel. Je ne savais pas qu'ici, les photographes sont doués pour faire pâlir les gens.   
Sinon, je mange des Buggles à saveur de caca-ouette. Je ne peux pas dire que j'aime ça (imagineztremper une chip dans le beurre de peanut), mais mon palais est dépaysé.
Sinon, je me suis acheté des allumettes. C'est la moitié d'une rechute... 

2008-10-05

la nuit blanche


Hier, c'était la nuit blanche. Pour vous résumer le concept, c'est comme passer l'Halloween, mais au lieu de bonbons, on offre des expositions, au lieu de s'adresser aux enfants, ça s'adresse aux gens qui croient faire partie de l'élite. Comme à l'Halloween, si t'es pas un monstre (en l'occurrence, un artiste), bien tu te déguises et tu passes inaperçu. Comme à l'Halloween, il y a des maisons qui ferment beaucoup trop tôt (pourquoi s'inscrire dans la programmation d'une nuit blanche quand on ferme à minuit ?), il y a plein de personnes dans les rues qui traversent un peu n'importe quand, il y a des places hyper généreuses et d'autres qui ne te donne que des peanuts... (La peanot d'or revient aux courts métrages russes dans une ruelle sombre où on voyait des lapins roses danser et tuer des hommes pour métaphoriser la manipulation génétique...) Dans les plus hot, il y avait la tour Montparnasse (voir photo) qui projetait de la lumière sur ambiance techno et les Cahiers de Colette, où on a entendu une lecture (partielle) d'un livre typiquement français (descriptions dramatiques, personnage suffisant, peu aimable, séduction froide dans l'air, questions existentielles autour d'un cendrier, réflexions sur l'art, etc) faite par l'archétype de l'écrivain français en personne (cheveux en broussaille, barbe de quelques jours, voix posée au relent de tabac, imperméable beige trop grand et ouvert). Je me sentais à Paris. 
Mais bon, contrairement à l'Halloween, au lieu d'être marrant, c'est un peu chiant. On marche trop longtemps, on comprend trop tard qu'un petit petit groupe aurait été préférable, on réalise qu'on est à l'autre bout de la ville et qu'on aura des difficultés à rentrer... Alors j'ai réussi à me coucher dans mon lit à 6h00 AM, heureux d'avoir passé au travers et surtout d'être revenu.
Là, je me meurs d'une sinusite et le mauvais temps nous empêche de faire notre "traditionnel" barbecue du dimanche soir. Je reste donc seul et allongé dans ma chambre, en me disant qu'on est bien encore plus seul quand on est malade. Je devrais arrêté un brin d'abuser autant... 

2008-10-04

les lesbiennes

Beaudelaire voulait au départ nommer son recueil de poèmes "Les lesbiennes", mais finit par l'appeler les Fleurs du mal. Dommage, car ce titre rend bien honneur à Paris, la nuit. La nuit, Paris est une femme qui ne dort que d'un oeil. Elle demeure ouverte, aux suggestions, et se laisse porter par une imagination sensuelle sans borne. Elle attend qu'on l'embrasse avec cette même sensibilité, comme si toute brutalité pouvait la faire disparaître dans un nuage de fumée. Elle murmure sans voix dans l'oreille de ses amantes, un air d'opéra, une mélodie troublante. J'ai vécu une nuit parisienne. 
Tout a commencé à un concert de flûte à 20h30 (mais à quelle heure veulent-ils qu'on mange ?). C'était la finale d'un concours prestigieux, ce qui veut dire : tenue appropriée, posture droite, public de musiciens pointilleux et pourboire à la placeuse. (Nous ignorions ce dernier point.) Les quatre finalistes (un Polonais, une Américaine, un Français et un Japonais) devaient jouer le même concerto de Mozart. C'était vraiment pédagogique de constater les variations dans les manières de jouer la même oeuvre. Moi qui ne comprenait pas pourquoi, en musique classique, il y avait une tradition maintes fois centenaires de remake, là, j'ai été fouetté par les nuances et variations de cet art. Le Polonais était puissant et constant, l'Américaine, je n'ai pas aimé et je ne saurais dire pourquoi (trop faible, trop discret, trop...), le Français était troublant, son instrument nous racontait une histoire, le Japonais était parfait, mais il n'a pas réussi à m'ébranler. Son histoire n'était que des si et des bémols... Pourtant, c'est lui qui a remporté. Le Français, troisième. J'étais scandalisé. La musique est-elle devenue une technique que l'on inculque à grands coups de discipline ? Il y a une perte de sens. C'est dramatique. Si la flûte chante comme la femme, on lui retire le droit de gémir.  
De la grande classe, Julie et moi avons été nous lover sur la rive droite, dans le Marais dans un bar miteux que nous avons compris être pour les lesbiennes. En fait, on y est allé pour rejoindre des amis de la MEC. Bar à moitié vide, musique rock-kitsch trop forte, bons spéciaux, murs couverts de signatures de personnes saoules, lesbiennes qui dansent comme des déesses, homosexuels qui dansent comme des homosexuels, amis hétéros un peu égarés, nous avons pris, après une période d'adaptation un peu difficile, la table du fond. De ces quartiers généraux, nous avons trinqué à maintes reprise (de mon côté, Cuba libre (version française du rhum and coke), mauvais vin rouge et shooters peach schnapp Bailey's...) à petits prix. L'ivresse nous a porté au mépris, jusqu'à ce qu'un conflit ouvert éclate contre une fille présente à notre table. C'est une histoire autour (mais ce n'est que conjoncturel) de deux bouteilles de sirop d'érable ontarien qui a mis le feu au poudre... J'ai pris le bord de Julie, qui a pris le bord de la porte. Nous sommes partis, heureux de se sentir aussi libres, mais à pied. Nous avons pu avoir une bonne et longue conversation qui m'a donné plus mal au pieds qu'à la tête. 

2008-10-02

le printemps

Au printemps, p'tites feuilles... (Oui Mario, je sais qu'on est en automne... Tu peux donc arrêter de penser à l'insulte que tu vas me formuler.) Je suis allé voir à la Maison du Brésil un spectacle de danse contemporaine intitulé : "Les quatre saisons de l'année : le printemps, l'été, le printemps, l'été." Le titre est génial.  Il y a cette volonté, cette nécessité de renaître, malgré son entièreté. C'était un peu le sujet de cette danse qui constitue le partiel de doctorat de l'unique danseuse qui était sur scène. Pendant la lecture du texte (Oui Mario, elle a dansé une partie du spectacle sur un texte sans musique), on y a dit une phrase qui disait approximativement : Pour l'être entier, le futur est une promesse de projection, l'avenir lui permettra de grandir davantage. J'ai trouvé l'idée belle à penser. 
Bon, je ne suis pas sûr de comprendre le sentiment esthétique de la danse contemporaine, mais j'y ai assisté comme une véritable conférence en sémiotique appliquée. J'ai adoré ce sentiment de décryptage. (Mario, je suis en train dire que j'ai aimé le spectacle.) Ce n'est donc pas la dernière fois que j'assiste à ce type de spectacle. (C'est ce que je disais Mario) Au contraire. J'ai l'intention d'aller en voir des plus grands, quitte à y aller seul. (Mario, je sais que ça t'intéresse pas toi la danse pis tu veux juste savoir si elle avait des gros seins.)
En fait, je suis un peu déçu que la réflexion (Oui Mario, bouger son body est aussi une manière d'exprimer une idée, et pas juste des besoins (pisser, baiser, gratter, bouger, se réchauffer, etc.)) s'ait buté à la généralité de la vie. Qu'est-ce que vivre, renaître, grandir ? J'aurais aimé qu'elle se place davantage à l'intérieur d'elle, et qu'elle tienne un propos plus spécifique de ce point de vue. (Laisse-tomber Mario, va serrer ton barbecue) En fait, comme souvent, le titre était meilleur que le propos. En fait non, elle a fait plusieurs points en danse qui ne me sont pas familiers : notamment explorer les espaces restreints (Non Mario, ce n'était pas une contorsionniste !), et la torsion des pieds. Honnêtement, je m'en câlissais un peu (En fait Mario, son propos était quelque peu hermétique, et sa volonté d'esthétisation n'a flirté qu'avec le miroir devant lequel elle dansait, laissant parfois de marbre un public pourtant ouvert). 
En été, grande feuille... Je viens de me faire proposer de diriger, là, ici, et maintenant, une revue scientifique avec mon amie Catherine. Nous ne savons pas si nous acceptons, mais nous n'avons pas dit non. Nous n'avons vraiment pas dit non. La réponse : cette semaine... 

2008-10-01

BIAE 2001-2009

Désormais, je dirai à mes interlocuteurs que j'ai complété le regretté baccalauréat intégré en anthropologie et ethnologie. La Faculté des Sciences Sociales a décidé de suspendre son activité pour des raisons obscures... De qui vient l'idée ? Sur quoi se fonde-t-elle ?
Là, je suis dans ma phase du deuil d'incompréhension, de colère et d'accusations... Ça m'affecte... J'ai le regard fuyant, embrumé. C'est à toute mon identité disciplinaire que l'on vient de montrer la porte. Je reçois la nouvelle comme une injure. C'est comme si ma formation s'était soldée par un échec. J'ai investi beaucoup de temps et d'effort dans quelque chose qui s'est avéré sans issue. Et je ne comprends pas le concours de circonstances.