2008-10-11

le sept de trèfles

Au tirage de cartes que je connais, le 7 de trèfles est la carte de l'intimité, de la pensée, de l'art et la création. C'est la carte du moi interne, sensible. Combiné au coeur, c'est la joie, la fête. Combiné au pique, c'est l'angoisse, la tristesse. Combiné au carreau, c'est le déséquilibre, l'évasion. Combiné au trèfle, c'est l'investissement, le dévoilement.

Je parle de ça parce que j'ai tiré aux cartes une fille dans notre "pyjama party". La soirée était génial. Nous étions trois, paressant sur des fauteuils, comme si on "ownait" l'endroit. Il y avait une ambiance de cocooning et de chochotement. Nous soupirions avec le sourire, heureux de se payer le luxe d'être à Paris, en pyjama, et la vie devant soi. On se gavait de bretzels peu salés et de fritelles infectes au bacon. Notre 8 de trèfles nous disait merci. :) Nous commençons même à planifier une rencontre de jeunes chercheurs à la MEC. Génial ! On va se présenter nos 9 de trèfles respectifs...

Aujourd'hui, le 7 de trèfles s'est présenté sous forme d'un concert intime d'un violoniste soliste à la MEC. Des personnes s'étaient déplacés du Japon pour venir le voir, mais seulement 4 résidents de la MEC y étaient... Ils ont manqué quelque chose de troublant. J'ai apprécié les oeuvres de Bach. Ils invitent à l'introspection, dans notre 7 de trèfles profond. Le son m'a fait vibrer une corde sensible. Et si une conne n'avait pas irruption dans la salle en plein milieu du concert, en faisant grincer avec véhémence la porte et le violon du pauvre artiste, ne sachant pas s'il devait s'insulter d'avoir mal joué ou d'avoir été dérangé, j'aurais sans doute laissé tomber une larme ou deux. Sa dernière chanson, dédiée à un prénommé Claude, a fait pleurer la moitié de la salle. Je ne sais pas qui est ce Claude, mais j'ai eu envie de pleurer pour lui, tout en pleurant pour moi aussi. 

À la MEC, l'air est au blues ; une sorte de tango entre les 7 de piques et de trèfles, à moins que ça ne soit les 8... voire tous les piques avec tous les trèfles... L'as de coeur a foutu le camp et notre pauvre salon qui le remplaçait un peu était pris d'assaut par les lovers de sports. Au programme, du foot et de hockey. Parler était impossible, alors j'ai erré avec une Italienne philosophe égarée. (À Paris, il y a des philosophes qui traînent un peu partout et qui ont besoin d'aide, sinon d'une oreille.) Nous avons terminé notre douloureuse errance, torturé par les grincements de mon mauvais anglais et de l'hypothétique structuralisme foucaldien (?!...), dans la chambre de Julie... On a osé briser le spleen par une petite partie de 500 ou 5 sans, ou plutôt 5 without parce qu'on a joué à l'anglaise... Devant cette rupture, je vais faire un sous-message...

Le 500

(Les personnes qui savent jouer s'inquiètent sans doute de l'absence du quatrième joueur, mais pour simplement ne pas partir de rumeurs sur la présence de Jean-François dans la chambre dans laquelle nous avons demandé l'hospitalité, je resterai flou...)

L'enseignement du 500 devrait être un cours à option dans toutes bonnes universités qui se respectent. Mais encore, on a découvert aujourd'hui qu'il faudrait créer un préalable : l'ABC du jeu de cartes. On a dû en effet montrer à l'Italienne qu'est-ce qu'un "spade", un "heart", un "diamond" et un "trefle..." non, "flower ?", "clover !" pentoute, c'est "club" Ha !!! L'Italienne n'avait en effet jamais jouer aux cartes. C'est un événement une telle rencontre ! Je pense dorénavant comprendre le regard mi-fasciné, mi-inquiet des anthropologues inscrits dans le paradigme des derniers rencontrant des sociétés isolées. 

Je crois vraiment qu'à Paris, il y a matière à mettre sur pied un organisme "Parrainer un philosophe perdu" (un PPP) aidant par exemple les PP à faire un brin de tourisme dans le réel, à trouver des repères et un semblant de quotidien. L'organisme pourrait aussi offrir des cours aux plus avancés pour l'orientation dans la gestion du quotidien, le coaching dans les missions possibles, voire des stratégies concertées en conciliation réel/idéel. (Oui Patrick, en tant qu'épistémologue, tu peux rentrer dans cette catégorie et donc te faire parrainer. Mais faudrait que tu viennes à Paris.)   

Sur ce, on a réussi à jouer un semblant de joute. Enfin... Ce n'est pas le vrai 500 que Julie a montré. Le Joker blanc était sur la table (retourné dans la mise), l'assignement se faisait en cognant sur la table, et on ne donnait pas nos plus grosses à notre coéquipier... N'importe quoi ! Je lui ai dit que je lui montrerai à jouer vraiment, avec de vrais joueurs, lorsqu'elle viendra à Québec. Je lui ai touché quelques mots sur les prouesses de Catherine Lavoie. 

Mon 7 de trèfles se portent à nouveau à merveille. Mais j'ai encore bu du vin... 



1 commentaire:

Anonyme a dit...

PPP: ça me donne encore plus le gôut d'aller à Paris te voir cette hiver. C'est vraiment ça le problème des angoissés idéelisant: la gestion du quotidien; on a trop intériorisé le mépris kantien des habitudes...

Je ne savais pas que tu tirais aux cartes. Moi, j'adore "crazy eight countdown"!! Je joue avec la dame de pîque et les 2 sont cumulatifs!!