Bonne fête Québec ! Je reviens de fêter ma propre ville en plein (ohhhh) Champs-Élysées (pada pada da) au concert Gala du 400e de Québec. C'était un spectacle avec l'orchestre nationale de France dirigé par Jean-Philippe Tremblay (tu me parles d'un nom exotique) et Fabien Gabel. Les têtes d'affiche étaient Alain Lefèbvre et Marie-Nicole Lemieux. J'y suis allé avec Noémi qui a décidé de foxer une conférence pour aller voir ça.
J'ai rarement été aussi nerveux pour obtenir mes billets. J'avais réservé deux places en troisième catégorie à moitié prix dans un site vraiment étrange où on ne payait finalement pas les billets... On ne faisait que les "réserver" et il fallait imprimer un truc pour le donner au vendeur de tickets. Mais pour avoir le truc, il fallait appeler à une place à 1,5 euros la minutes... En tout cas, ça puait l'arnaque. Mais non, tout était en règle... Étrange.
Finalement, nous avons décidé de ne pas prendre les deux billets en troisième catégorie, car on aurait été assis séparément. Le vendeur de tickets nous a plutôt invité à prendre deux places à huit euros chacun en quatrième catégorie, mais dans la section de la deuxième catégorie. C'était "les strapontins". (Yeah ! Je l'ai encore plogué) Nous, on pensait aux strapontins dans le métro et nous nous sommes dits : bien, on serait fou de refuser ! L'arnaque, elle était là.
Les strapontins, au Théâtre des Champs-Élysées (En passant, c'est vraiment un grand "Théââââtre" comme dirait Marc Labrèche... Les gens étaient d'un chic (et nous l'étions aussi)... Magnifique, il y avait tellement de gratins inconnus mais tu le sais qu'ils sont gratinés... et pas toi...), c'est comme la honte... Tu arrives dans les deuxième catégorie et c'est comme : "bonjour, je suis un cheap ou un roturier... décide" Nous, on a joué la carte du petit étudiant. Si au Québec on paye tout moins cher quand on a une carte étudiante, ici, on nous excuse de bien des trucs... On provoque toujours un vent de nostalgie, comme si nous chantions "la bohème" au creux des oreilles des vieux criss. On doit leur rappeler leur jeunesse...
J'en étais aux strapontins... Ça ressemble à un bras de siège, mais ça se déplie difficilement (il faut le tourner, puis descendre le siège...) en faisant un grincement terrible, et il ne faut pas que tu le lâches, sinon le siège se referme d'un coup, avec fracas. En effet, c'est inconfortable. Inconfortable physiquement, mais socialement aussi... Parce que ce n'est pas déjà suffisamment honteux de déplier un strapontin en deuxième classe, il faut aussi être assis beaucoup plus haut que les autres. De fait, on peut identifier en un coup d'oeil qui sont les cheaps et les roturiers. Au moins, en troisième classe, on aurait été à l'ombre... Non, mais les vendeurs de tickets ici, ils veulent pas vraiment ton bien...
Mais pour en ajouter, une vieille criss de deuxième classe décide de vouloir faire la conversation à Noémi et décide de se scandaliser qu'elle n'aie jamais vu Alain Lefèvre en concert et qu'elle aie attendu à Paris pour le faire. Sale salope ! Enfin, en attendant un peu, on découvre que le côté positif à la quatrième catégorie, c'est qu'il y a toujours des sièges libres et tous les strapotinés se les partagent. C'est certain que la politesse aurait voulu que l'on reste à nos sièges, mais anyway, on était déjà taxé de colons... Donc j'ai pu voir le spectacle comme les gens de la haute.
C'est injuste ? Pas du tout. 8 euros, c'était déjà assez cher payé pour ce spectacle. L'ouverture de Berlioz passe complètement inaperçu. Je prends un plaisir fou à regarder le chef d'orchestre qui est survolté. C'est le seul plaisir que j'en retire. Puis, on fait entrer un piano à queue, et le rock star québécois Alain Lefèvre (qui aurait besoin d'un tour d'oreille... j'aurais une adresse pour lui). Évidemment, il joue du André Mathieu, sa quatrième... Hou hou... Sortez tambours et trompettes ! Ça dure 45 minutes. Parfois, c'est beau.
Il fait en rappel "La canadienne"... Étrange, mais bon choix. C'est un moment fort du spectacle...
Entracte, à l'extérieur, ça ne parait pas qu'on est des strapotinés. Alors on en profite pour commenter silencieusement la tenue des autres et on se paye un verre au bar. Je fais mon frais, je laisse un euro de pourboire... (Quelqu'un a lu La Duchesse et le Roturier de Michel Tremblay ? Bien c'est ça.)
On revient... La vieille criss a levé les pattes, on hérite de ses sièges... J'ai le coeur qui palpite, je vais me faire dépuceler (dans le sens figuré du terme) par Marie-Nicole Lemieux en personne, une vraie, une bonne professionnelle, qui en a vu d'autres... Je suis à la fois nerveux et excité. Elle chantera entre autres des poèmes de Baudelaire, je suis convaincu que ça va être orgasmique... Mon premier concert de chant lyrique. Bon, j'avais déjà vu Cendrillon en opéra à l'Université Laval, et des bonnes chanteuses à des célébrations de mariage, mais avant le premier concert, c'est difficile de parler de dépucelage. On parle de touche-ouïe-ouïe, de hard-listening, mais pas de pénétration dans le vrai sens du terme, quand ça touche là où il faut pour te faire vibrer.
Elle entre, elle a une robe trop rouge, mais moi je m'en fous, c'est ce qui a en-dessous qui m'importe. La musique démarre, c'est du Duparc. Je ne connais pas, mais suis aveuglé par ce qui va se passer devant moi... Elle se met à chanter... C'est beau, mais j'ai hâte que ça décolle... Et ça se termine... 5 coïts interrompus comme ça... 5 pseudos-chansons qui ne donnent que des orgasmes ennuyeux, voire pénibles. Je suis suspendu entre la joie de me faire dépuceler et la déception de la platitude de l'exécution. C'est une première fois comme on aimerait l'oublier. Pourtant, l'organe est bien là et impeccable, je suis là, ouvert, attentif, prêt à recevoir, la situation est idéale... Mais parfois, ça ne lève juste pas.
Marie-Nicole (je me permets de l'appeler par son petit nom, maintenant que nous sommes intimes) entame sa sixième pièce. Il y a changement de compositeur (Saint-Saëns). Je tends l'oreille en me disant que ça sera au moins une finale comme dans les films, avec des cris et de grandes (ré)jouissances. Je tombe amoureux de Marie-Nicole quand je l'entends murmurer "Berce-moi l'ivresse"... J'aurais envie de tomber alcoolique pour réentendre encore et encore cette phrase... Puis, elle cri enfin. C'est le grand moment. Ça ne durera que 20 secondes... 20 secondes de condensé de plaisir.
Ça valait la peine ? C'est ça un concert de chant lyrique ? Qu'est-ce qu'ils ont les mélomanes à s'obséder pour si peu ? Je me dis que j'ai tombé sur des pièces plutôt moyennes... Une mauvaise première fois, comme on en vit tous une...
(Ha oui, le concert n'était pas fini... L'orchestre a joué, après Marie-Nicole, deux pièces de Dukas lesquelles on se serait bien passées...)
Non, pas mauvaise, mais pas idyllique... c'était loin d'être parfait.
En plus, j'ai appris que c'était "Verse-moi l'ivresse", image que je trouve tellement moins hot...
Le public est resté plutôt froid en applaudissements, mais je ne sais pas si c'est seulement parce qu'il était parisien... Dans le fond, il était peut-être déchaîné... Qui sait... Mais plusieurs ont quittés avant la fin des applaudissements. Quant à nous, on a regagné les strapontins du métro, ceux qui ne discriminent pas, en nous disant qu'il fait bon revenir chez soi...
Bonne fête Québec quand même !
1 commentaire:
Hihi, on s'entend qu'un dépucelage, on a beau se faire tout plein de fantasmes, c'est rarement le nirvana. Drôle d'expérience tout ce même, j'espère que tu n'en veut pas trop aux français d'être des frigides (ou des constipés, c'est pareil mais l'image est plus drôle), de l'émotion. Mais continue de bousculer tout çà, yé ! Pis on veut un autre poste, aujourd'hui c'est dramatique je n'ai pas eu ma dose...alors j'ai relu tout tes postes depuis le début, établi un classement et élaboré( une courbe évolutive illustrant ton inspiration et les thématiques abordées (le mot vin étant un sympathique leitmotiv ;).
Profites-en bien !
Do.
xxx
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