En fait, Greg nous interprète à Berlin un segment décousu de "I kissed the girl" de Katy Perry devant le mémorial aux victimes homosexuelles du nazisme. Le mémorial prend la forme d'un bloc en béton, comme un placard trop étanche, où l'on voit dans une ouverture (ouverture vandalisée en août 2008... quelqu'un a tenté de briser la vitre avec un objet) un court film présentant deux hommes qui s'embrassent. Il ne s'agit pas d'un hommage au Bye-Bye 2008, mais d'une réelle célébration de la diversité sexuelle. Ce renversement du genre fait glisser le sens de l'homosexualité non plus à un exotisme agréable, quoique anecdotique, mais à une manière d'être. En prenant le rôle de Trickster, Greg montre que l'hétérosexualité est aussi un construit social. La participation du monument (qui sert aussi accessoirement de repaire à tantouzes) est notable, il rappelle le lourd parcours de l'acceptation à l'échelle individuelle que collective. C'est un peu comme si on réunissait dans un même plan le point A et B, et le point A comme ombre du point B. On sent néanmoins un léger malaise de l'interprète, malaise qui se veut aussi social, car le chemin pour l'acceptation est encore Somewhere over the rainbow. Et sur ce point, le monument rappelle que l'histoire peut se répéter dans l'avenir (je devrais plutôt dire se répète dans le présent, la cicatrice dans la vitre rappelant cette triste réalité), comme s'effondrer à nouveau sur lui. C'est pourquoi il y a nécessité de célébrer ce passage à la lumière, célébrer surtout devant cette ombre, célébrer la diversité sexuelle. Ces homosexuels n'ont pas été assassinés en vain, du moins, si nous prenons au sérieux notre devoir de mémoire.
Carnet de voyage #3
Il y a 15 ans
1 commentaire:
Jocelyn, on dirait que tu as un sujet pour un article pour Conserveries mémorielles... ;)
Mo
Publier un commentaire