2008-11-14

l'arc-en-ciel

Julie H. hésitait : elle ne savait pas si elle avait la force d'aller jusqu'à la station (balnéaire) Chatelet-Les Halles (rive droite...) pour assister au concert de l'orchestre de Picardie. Les billets étaient réservés depuis Belle Lurette (pas le personnage de Pellerin...), mais une drôle de maladie, de mal-être, l'empêchait de prendre le premier train. "no sudden movements" elle se disait. 
Peu sûr de moi, je ne savais pas si j'étais prêt à gravir seul les marches du Châtelet. Je ne savais rien du spectacle que je voulais aller voir. J'avais seulement envie de violons et de flûtes traversières. J'avais besoin de soleil après la pluie. J'avais besoin d'un arc-en-ciel... 
Parenthèse : Je croyais que c'était Dolly Parton qui disait : "si tu veux un arc-en-ciel, il faut que tu acceptes la pluie qui vient avant", mais finalement, c'est peut-être les stoïciens... Épi qqc qui disait ça (non Mario, c'est pas Épivarder) avec une histoire de laitues... Mais "les laitues" comme titre de post, messemble que ça fait "maudite journée frisée" Fin de la parenthèse.
Enfin, j'aurais eu vraiment hâte si seulement j'avais su quelle beauté m'avait préparé cet arc-en-ciel. Je ne savais pas que l'orchestre de Picardie, dirigé par Arie van Beek (c'est rare un chef d'orchestre qui a l'air sympathique) s'apprêtait à me faire découvrir la première symphonie de Prokofiev. Dans cette musique, j'aurais pu comprendre toute la trame narrative du compositeur, et, comme aspiré par un jet de couleurs, j'aurais pu vibrer comme aucune autre musique classique. Je ne savais pas qu'après, j'aurais attendu dans une incompréhension apaisante La Traversée de Zavaro (qui s'aurait trouvé par hasard dans la salle) le moment, vers la fin de la pièce, qui m'aurait donné un orgasme auditif. Je n'aurais pas non plus écouté les voix des The Swingle Singers, intégrées à la pièce.
 Après un entracte vraiment zen, je ne savais pas si je calerais dans mon siège en entendant "Somewhere over the rainbow" dans le medley (mis en pièce par Arlen) de tounes parlant de la pluie et du beau temps. Et j'aurais entendu un rappel des The Swingle Singers chantant a cappella une toune de "l'irlandaise" Bjork (My God ! Avoir su qu'elle était irlandaise, je m'aurais peut-être plus intéressé au travail d'Isabelle !) qui m'aurait rendu dans un état de grâce avancé. Puis, je ne savais pas que le spectacle se clôturerait avec le Tombeau de Couperin de Ravel, et surtout, je n'aurais jamais su que le rappel de l'orchestre aurait rejoué le troisième mouvement de Prokofiev (sacré Proko...)
J'aurais vraiment eu hâte si seulement j'avais su ce qu'était ce spectacle, fréquenté par les jeunes, les familles et les tantouzes, que le public aurait été chaleureux et respectueux. J'aurais vraiment eu hâte. Et j'aurais eu hâte de rire, et j'aurais rit, de me voir remettre un flyer m'invitant à aller voir en décembre prochain le London Gay Symphony Orchestra...
Mais Julie H. ne savait pas si elle allait y aller. Et je ne savais pas si j'allais y aller si elle n'y allait pas... Elle hésitait... Quel suspense... J'ai envie de vous laisser en suspens... Comme ces jours d'arc-en-ciel où on ne sait pas s'il fait beau ou gris... 

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